Chute brutale à Wall Street après une journée noire sur les marchés boursiers
Les trois principaux indices de Wall Street chutent à l'ouverture
AFP
La Bourse de New York a conclu sur une chute brutale lundi, frôlant la panique dans le sillage de la déroute des marchés boursiers, face aux craintes de récession aux États-Unis et à l'appréciation du yen.
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L'indice Dow Jones, au cours de sa pire séance depuis 2022, a cédé 2,60%, selon des résultats provisoires. Le NASDAQ, au plus bas depuis mai, a lâché 3,43% et l'indice élargi S&P 500 3%.
Les marchés ont pris connaissance de «toute une batterie d'indicateurs extrêmement mauvais et qui ont surpris» négativement aux États-Unis, commente Aurélien Buffault, gérant obligataire chez Delubac AM, en citant notamment les données sur le marché de l'emploi américain de juillet.
Le taux de chômage en juillet a notamment augmenté à 4,3%.
Ces chiffres, moins bons qu'attendu, ont provoqué «un changement d'état d'esprit un peu brutal» sur les marchés, selon Aurélien Buffault, qui craignent désormais de voir la première économie mondiale tomber en récession.
En Europe, Paris a perdu à la clôture 1,42%, Londres 2,04%, Francfort 1,82%, Milan 2,27%. L'indice paneuropéen Stoxx 600 a chuté de 2,17%.
Plus tôt en Asie, l'indice Nikkei de Tokyo a plongé de 12,4%, la pire baisse en points de son histoire. Le resserrement monétaire de la Banque du Japon et la hausse du yen se sont ajoutés aux craintes de récession aux États-Unis et ont fait plier la Bourse de Tokyo.
Mais ce mouvement de forte baisse des actions est «amplifié par la saisonnalité», nuance Aurélien Buffault qui explique que le mois d'août est traditionnellement négatif pour les places financières, car les investisseurs évitent toute prise de risque.
Quant au marché obligataire, il se stabilisait après une dégringolade des taux d'intérêt à court et long terme.
Le taux d'intérêt des emprunts des États-Unis à deux ans s'établissait à 3,90% vers 16h05 GMT, contre 3,88% à la clôture de vendredi.
Il avait fortement reculé face à l'idée que «la Réserve fédérale pourrait avoir retardé trop longtemps les baisses de taux d'intérêt», selon Mark Haefele, directeur des investissements chez UBS Global Wealth, et soit désormais contrainte d'assouplir sa politique monétaire plus vite que prévu.
- Écoutez la discussion économique avec Pierre Graff, PDG du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec via QUB :
Ce taux à deux ans est même brièvement passé sous le niveau du taux d'intérêt des emprunts à échéance dix ans pour la première fois depuis juillet 2022, signe que les investisseurs attendent des mesures d'urgence de la part de la banque centrale américaine.
Le rendement à dix ans revenait stable à 3,79%.
Austan Goolsbee, le président de la Réserve fédérale de Chicago, a déclaré à CNBC lundi que les données sur l'emploi étaient «plus faibles qu'attendu, mais ne ressemblent pas pour le moment à une récession». Et l'activité dans les services aux États-Unis est repartie en croissance au mois de juillet, selon un indicateur publié lundi.
Le pétrole aussi était pénalisé par les craintes de récession: le prix du baril de Brent de la mer du Nord perdait 0,73% à 76,25 dollars vers 16 h 5 GMT, touchant plus tôt un plus bas depuis début janvier.
L'équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), cédait 0,88%, à 72,87 dollars, peu après avoir dégringolé jusqu'à un plus bas en six mois.
Le yen décolle
À contre-courant, le yen affiche une envolée spectaculaire, profitant de son statut de valeur refuge.
La devise nippone décollait de 1,79% face au dollar, à 143,94 yens pour un dollar, et de 1,35% face à l'euro, à 157,73 yens pour un euro.
Autres valeurs refuge, le franc suisse prenait 0,73% à 1,1727 dollar pour un franc.
À l'inverse, le bitcoin, considéré comme un actif risqué, a chuté de près de 13% depuis vendredi soir.
Le secteur technologique en rouge
Les valeurs technologiques, chèrement valorisées, flanchent face à l'environnement macroéconomique, et à des doutes sur les perspectives de croissance du secteur.
Au sein de l'indice S&P 500, le secteur des technologies de l'information est celui qui trinque le plus : -2,92%.
À New York, Nvidia chutait de 5,91%, Tesla abandonnait 3,38%, Alphabet 2,20%, Apple 4,08%, Amazon 4,07%, Meta 2,27% et Microsoft 2,39%.