Vouvoiement à l’école: pas avant la deuxième année du primaire, réclament des directions d’école


Daphnée Dion-Viens
L’imposition du vouvoiement à l’école ne devrait pas se faire avant la deuxième année du primaire, affirment des directions d’école qui demandent à Québec de faire preuve de souplesse envers les tout-petits.
La date d’entrée en vigueur de cette mesure, prévue pour janvier, est par ailleurs un non-sens, ajoute l’Association québécoise du personnel de direction d’école (AQPDE).
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a annoncé au début mai que tous les élèves devront dorénavant vouvoyer les adultes à l’école, un mot d’ordre qui a été officialisé dans un projet de règlement présenté au début juillet.
Or l’AQPDE demande à Québec d’exempter les plus jeunes élèves de cette obligation, puisque la compréhension des pronoms n’est souvent pas acquise avant la deuxième année du primaire, peut-on lire dans un avis transmis au ministère de l’Éducation et obtenu par Le Journal.
«Les petits, ils confondent encore les pronoms, je, tu, il... Ajouter quelque chose au niveau du vous, ça devient très très lourd. Des enseignantes du préscolaire se demandent comment elles vont faire ça», affirme le président de l'AQPDE, André Bernier.
Le vouvoiement comme marque de politesse demeure «très difficile à comprendre pour les petits», qui «ont déjà beaucoup de choses à apprendre quand ils arrivent à l’école», ajoute M. Bernier.
Vouvoyer son prof... en janvier
Selon le projet de règlement, le vouvoiement doit entrer en vigueur au début janvier, pour donner le temps aux conseils d’établissement d’adopter les changements dans le code de vie de chaque école.
Or il n’y a «pas de logique» à introduire un tel changement en plein milieu de l’année scolaire, ajoute André Bernier qui réclame plus de souplesse à ce chapitre.
Il est par ailleurs peu probable que des changements se fassent dès la rentrée, puisque les codes de vie n’auront pas été modifiés, ajoute-t-il.
De leur côté, les deux autres associations de directions d’école estiment que chaque conseil d’établissement devrait pouvoir se prononcer sur l’utilisation du vouvoiement, alors que les syndicats d'enseignants affirment que ce sont les profs qui devraient avoir le dernier mot à ce chapitre.
«Pas réaliste» d’interdire le cell à la rentrée
Les directions d’école considèrent par ailleurs qu’il n’est «pas réaliste» d’instaurer l’interdiction des cellulaires dès la rentrée, comme annoncé par Québec au début mai.
Il s’agit d’une autre mesure mise en place par le ministre Drainville visant à renforcer le civisme dans les écoles.
«Il y a des écoles qui ne sont pas prêtes. [...] On est encore face à un changement mal planifié qu’il faut implanter dans l’urgence», affirme Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire.
Au cabinet du ministre de l’Éducation, on ferme toutefois la porte à tout assouplissement concernant l’imposition du vouvoiement et l’interdiction des cellulaires à l’école.
«On garde le cap. [...] Nous sommes conscients qu’une période d’adaptation sera à prévoir, mais l’objectif est toujours de renforcer le civisme et le respect dans nos écoles», indique-t-on dans une réponse écrite.