Vote de confiance de Legault: la participation des employés caquistes fait sourciller dans l’opposition

Geneviève Lajoie | Bureau parlementaire
Le personnel politique des cabinets ministériels et des bureaux de circonscription des députés a pu participer au vote de confiance de François Legault comme chef de la CAQ la fin de semaine dernière, une pratique peu courante qui étonne ses adversaires.
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Le premier ministre a récolté 98,61% d’appuis des quelque 900 militants de la CAQ réunis en congrès à Sherbrooke. Contrairement aux autres formations politiques, il suffit d’être membre en règle du parti pour voter.
«Ce n’est pas parce que tu travailles [pour le parti ou un député ou un ministre] que tu n’es pas un militant, plaide la directrice générale du parti, Brigitte Legault. Dans les gens qui sont dans des bureaux de comtés [...], il y en a plein qui ont milité toute leur vie. Moi, je ne commence pas à faire des différences entre qui est staff, qui n’est pas staff».
Elle n’est pas en mesure de préciser quelle proportion des votants provenait du personnel politique payé par le gouvernement ou le parti. Mais Brigitte Legault croit fermement que ce n’était qu’une «minorité» des membres ayant participé au vote de confiance qui était des employés rémunérés.
Longtemps au pouvoir, les libéraux font une tout autre lecture. Le président du PLQ souligne qu’un parti formant le gouvernement peut compter sur un nombre «gigantesque» d’employés politiques.
«À la CAQ, je pense que c’est à peu près 500 membres du personnel dans les cabinets ministériels, s’ajoutent à cela 90 députés qui ont tous trois ou quatre employés des bureaux de comté», insiste Rafaël Primeau-Ferraro.
Selon lui, il aurait été très peu probable que François Legault n’obtienne pas un score élevé en raison de cette façon de faire. «Est-ce qu’on peut s’attendre, dans un parti politique, où la grande majorité des personnes qui votent sont du personnel rémunéré, [à ce qu’ils] vont véritablement exprimer une opinion comme quoi ils sont en désaccord avec le chef actuel ou une opinion à l’effet que le chef devrait quitter?»
Legault chef éternel?
Le président du PLQ signale d’ailleurs que la CAQ est le seul parti politique qui précise dans sa constitution que le chef est François Legault. Du jamais-vu. «Si ce n’est plus un jour François Legault le chef de la CAQ, car personne n’est éternel, il va falloir qu’ils amendent leur propre constitution, c’est bizarre!»
Au PLQ, les chefs ne sont jamais soumis à un vote de confiance lorsque le parti est au pouvoir, seulement dans l’opposition, c’est-à-dire lorsque le leader du parti a perdu ses élections.
Du personnel politique qui souhaite avoir le droit de vote dans un congrès doit d’abord être membre en règle dans le comté où il habite et se faire élire comme délégué. Mais le staff politique pouvant voter demeure toujours marginal puisqu’un parti dans l’opposition a peu d’employés, plaide M. Primeau-Ferraro. «La situation qui est survenue à la CAQ en fin de semaine passée, chez nous, ne peut pas survenir».
PQ et QS
Chez les péquistes, à moins d’une «circonstance exceptionnelle», «les employés du parti et les personnes occupant une fonction rémunérée» auprès d’un élu ne peuvent postuler à un poste électif de président ou de délégué d’une association locale d’une circonscription, qui donne le droit de voter au congrès, stipulent les statuts du parti.
Ainsi, à moins de siéger au conseil exécutif national, à celui des jeunes ou à celui de la commission politique, le staff ne peut participer aux votes de confiance du chef.
À Québec solidaire, le personnel des cabinets et des bureaux de circonscription est soumis au devoir de neutralité en ce qui concerne les élections internes.
Plus encore, les employés ne peuvent «être délégués dans une instance nationale du parti» ou même «être élus à une instance nationale ni à un comité national ni dans une instance locale». Ils n’ont donc pas le droit de se prononcer sur le choix des co-porte-parole solidaires.
«Les autres partis se gouvernent comme bon leur semble. À Québec solidaire, nous avons toujours été soucieux que notre démocratie interne donne toute la place à nos militantes et militants. C’est pourquoi les travailleurs et travailleuses de Québec solidaire observent un devoir de neutralité dans les courses internes», a commenté Nicolas Chatel-Launay, président par intérim.