Votre thon en conserve contient aussi du mercure
Il n’y a pas que le poisson sauvage qui contient du mercure. Le poisson du commerce n'y échappe pas


Annabelle Blais
Il n’y a pas que le poisson sauvage qui contient du mercure. Le poisson du commerce, et particulièrement le thon en conserve, ne fait pas exception.
«Si vous mangez du poisson trois fois par semaine, ça ne devrait pas être trois fois du thon», dit Isabelle Huot, docteure en nutrition.
Comme le montrait le dossier de notre Bureau d’enquête ces derniers jours, le poisson sauvage de nombreux plan d’eau du Québec contient du mercure et les espèces comme le brochet qui sont des prédateurs au sommet de la chaine alimentaire en contiennent souvent davantage.
La même logique s’applique aux poissons du commerce: l’espadon, le requin, le thon rouge, le thon frais ou en conserve sont les espèces qui en contiennent le plus. Et parmi ces dernières, le plus populaire auprès de la population canadienne est le thon.
«Scandale de santé publique»
Il y a quelques mois, une enquête de Bloom, un organisme de défense des océans, sur la contamination au mercure dans les boîtes de conserve de thon en Europe a fait grand bruit.
Le groupe a fait analyser près de 150 boîtes de conserve et les a fait tester par un laboratoire indépendant.
Bloom dénonçait alors un «véritable scandale de santé publique».
Marc Amyot, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicologie et changements mondiaux à l’Université de Montréal, remet en question les conclusions de cet organisme. Avec une chercheuse française, il échantillonne plusieurs boîtes de thon en conserve tant en Europe qu’au Canada.
D’ici les résultats, il insiste sur le fait que le message de Santé Canada est qu’il y a peu de mercure dans le thon et qu’on ne devrait pas être inquiet.

C’est aussi le message de la docteure en nutrition Isabelle Huot. Il ne faut donc pas moins manger de poisson, mais mieux choisir celui qu’on mange.
«Les Québécois ne consomment pas suffisamment de poisson et celui en conserve est une bonne façon d’en intégrer dans son alimentation» , dit-elle.
M. Amyot abonde dans le même sens. «C'est dangereux, d'une certaine façon, de dire aux gens que les cannes de thon, ce n’est pas bon, parce que c'est un produit peu cher et une très bonne source de protéines », ajoute-t-il.
«C'est vraiment une protéine de choix, poursuit Mme Huot. L’important c'est la variété: si on mange des sushis avec du thon trois fois par semaine, ce n'est peut-être pas une bonne idée», dit-elle.

Elle précise que le thon blanc (ou germon) contient trois fois plus de mercure que le thon pâle et il est aussi plus cher. Les thons aromatisés et ceux qui se vendent le plus sont souvent les thons pâles.