Vol au Louvre: ce que l'on sait, après les nouvelles arrestations
AFP
Nouveaux suspects arrêtés, absence de complices au musée, matériel utilisé : voilà ce que l'on sait sur le spectaculaire cambriolage au musée du Louvre le 19 octobre, qui mobilise une centaine d'enquêteurs.
• À lire aussi: L'enquête s'accélère: le vol du Louvre va-t-il livrer tous ses secrets?
• À lire aussi: Vol spectaculaire de bijoux au Louvre: deux hommes placés en garde à vue
• À lire aussi: Vol au Louvre: cinq nouvelles arrestations, les bijoux introuvables
Combien de suspects ?
Cinq suspects, dont un des cambrioleurs présumés, ont été interpellés mercredi soir à Paris et en région parisienne, notamment en Seine-Saint-Denis au nord de la capitale, portant à sept le nombre de personnes actuellement entre les mains de la police ou de la justice.
L'un des cinq nouveaux interpellés était «un des objectifs des enquêteurs»: «des traces ADN» le lient au vol, a indiqué Laure Beccuau, la procureure de Paris, suggérant qu'il faisait partie du commando de quatre hommes qui ont commis le casse.
Les autres personnes interpellées «peuvent éventuellement nous renseigner sur le déroulement de ces faits», a-t-elle indiqué.
Deux trentenaires, interpellés samedi soir, ont été inculpés mercredi soir pour vols en bande organisée (15 ans de réclusion criminelle encourus) et association de malfaiteurs (10 ans encourus). Ces deux hommes, qui ont reconnu de façon «minimaliste» leur implication, ont été placés en détention provisoire.
«L'enquête se poursuit pour identifier l'ensemble des protagonistes» impliqués dans le cambriolage, a déclaré la procureure, selon laquelle rien ne «permet à ce stade d'affirmer que les malfaiteurs auraient bénéficié d'une complicité au sein du musée».
Quel est le profil des inculpés?
Ces deux hommes, déjà connus des services de police, mais qui «ne font pas partie du haut spectre de la criminalité organisée», vivaient à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.
L'un a été arrêté à l'aéroport de Roissy alors qu'il s'apprêtait à se rendre en Algérie sans billet de retour. Le deuxième l'a été à proximité de son domicile.
Ils sont «soupçonnés d'être ceux qui ont pénétré dans la galerie d'Apollon pour s'emparer des bijoux», selon les éléments communiqués mercredi et jeudi par Laure Beccuau.
Le suspect, âgé de 34 ans, de nationalité algérienne, était sans activité récente, mais avait auparavant travaillé au ramassage d'ordures et comme livreur. Déjà connu pour de la délinquance routière, il a été condamné pour un fait de vol, selon la magistrate.
Il a été ciblé grâce aux traces ADN retrouvées sur un des scooters ayant servi à la fuite après le casse.
Le deuxième suspect est un chauffeur de taxi clandestin de 39 ans. Il est connu pour des vols aggravés et est «sous contrôle judiciaire dans une autre affaire de vol aggravé (voiture bélier et distributeur automatique de billets)» devant être jugée en novembre, selon la procureure.
Son ADN a été retrouvé sur une des vitrines fracturées, ainsi que sur des objets abandonnés au Louvre.
Où sont les bijoux ?
Les perquisitions ayant eu lieu dans la soirée et la nuit de mercredi à jeudi n'ont «pas permis de retrouver» les bijoux, a souligné la procureure, qui s'est dite «déterminée», tout comme la centaine d'enquêteurs mobilisés, à mettre la main sur ces joyaux.
Ils sont dorénavant «invendables»: «quiconque les achèterait se rendrait coupable à son tour de recel». «Il est encore temps de les restituer», a insisté la procureure.
L'office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) «examine tout le marché légal des œuvres d'art», tout en sachant que ce n'est «pas sur ce type de marché que surgiront les bijoux», mais aussi les «marchés parallèles», a-t-elle indiqué. «Il y a différentes hypothèses», notamment celle «que ces bijoux pourraient être une marchandise de blanchiment, voire de négociation dans le milieu de la criminalité organisée. Donc, on observe tout».
«La justice saura tenir compte de l'absence de préjudice de ce cambriolage», a précisé Mme Beccuau à l'adresse des malfaiteurs: «la coopération dans l'enquête, on en tient compte pour la peine évidemment».
La couronne de l'impératrice Eugénie que les malfaiteurs ont laissé tomber lors de leur fuite a pu être récupérée, mais la directrice du Louvre a fait savoir «combien il serait délicat» de la restaurer.
Quel matériel a servi pour le casse ?
Le camion nacelle utilisé pour entrer dans la galerie d'Apollon avait été volé le 10 octobre peu avant 9h, à Louvre dans le Val d'Oise, un département limitrophe de la capitale.
Son propriétaire a expliqué avoir été «sollicité pour un déménagement», selon la procureure, mais les malfrats se sont emparés de l'engin.
Au Louvre, il y avait «au moins quatre malfaiteurs»: deux, «vêtus de gilets jaunes afin de se faire passer pour des ouvriers, se sont hissés avec la nacelle manœuvrée par leur comparse à hauteur de la galerie d'Apollon».
Une fois le casse commis en huit minutes, les deux voleurs ont rejoint les deux autres et ont pris la fuite sur deux scooters.
Ils ont tenté d'incendier la nacelle après le vol, sans succès.