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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Voitures, vin, luxe: des fleurons européens touchés par les surtaxes américaines, quelques-uns épargnés

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AFP

2025-07-27T21:15:48Z
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Voitures, vin, produits de luxe... des secteurs essentiels de l’économie européenne vont être concernés par des droits de douane américains de 15%, selon l’accord annoncé dimanche par le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

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Pour l’Europe, cette difficulté supplémentaire à l’export, bien qu’inférieure aux 30% dont menaçait Donald Trump, s’ajoute à la remontée de l’euro face au dollar, qui depuis le début de l’année a déjà renchéri pour les clients américains les biens qu’elle produit.

Stratégique, le secteur aéronautique en revanche est exempté, tout comme «certains produits chimiques», «certains produits agricoles et des matières premières critiques». La taxation de l’automobile européenne redescend à 15%, au lieu de 2,5% avant l’administration Trump 2 et contre 27,5% depuis avril.

La relation commerciale É.-U.-UE représente 30% des échanges mondiaux, avec 1680 milliards d’euros de biens et services échangés en 2024, selon le Conseil européen.

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Sur les biens (867 milliards d’euros), les États-Unis, premier partenaire de l’UE (plus de 20% de ses exportations), affichaient en 2024 un déficit de 198 milliards d’euros. En revanche, sur les services, les États-Unis étaient excédentaires à 148 milliards.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Francis Gosselin, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Médicaments

Les produits pharmaceutiques sont les produits aujourd’hui les plus exportés depuis l’Europe vers les États-Unis, pour près de 120 milliards d’euros en 2024 (22,5% du total des biens exportés), selon Eurostat.

Jusqu’ici exemptés de droits de douane, ils ne bénéficieront pas de traitement particulier, a prévenu Donald Trump dimanche, sans toutefois donner davantage de précisions.

Transports

Près de 70 milliards d’euros d’équipements de transport ont été exportés par des sociétés européennes aux États-Unis en 2024. L’industrie automobile y a vendu près de 750 000 voitures pour 38,5 milliards d’euros, selon l’Association européenne des constructeurs (ACEA).

L’Allemagne en produit la majorité, notamment des berlines, des SUV et des sportives premium de chez Audi, Porsche, BMW et Mercedes.

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Pour le secteur, l’accord de dimanche est une amélioration.

Après la surtaxe de 25%, les livraisons de Volkswagen avaient reculé au premier semestre.

Aéronautique

Les droits de douane américains pesaient lourd sur ce secteur très mondialisé. Depuis mars, une surtaxe de 50% s’appliquait sur les importations d’aluminium et d’acier, matériaux phares de l’aéronautique. Et l’ensemble des équipements (dont les avions) importés d’Europe devaient s’acquitter d’une surtaxe de 10%.

L’accord annoncé dimanche prévoit de ramener à zéro les taxes sur les équipements d’aéronautique, selon Mme von der Leyen.

Au salon du Bourget, début juin, en France, le patron d’Airbus, Guillaume Faury, avait espéré leur remise à zéro, tout comme son homologue chez l’américain Boeing, Kelly Ortberg: «Nous ne sommes pas en mesure de répercuter ces coûts sur nos clients», avait déclaré M. Ortberg à Aviation Week.

Luxe et cosmétiques

Ces dernières semaines ont vu Bernard Arnault, patron du géant français LVMH, se démener pour limiter les surtaxes, auprès des dirigeants européens comme de Donald Trump.

Le luxe ne devrait a priori pas faire l’objet d’un régime d’exception, les 15% devraient donc s’appliquer.

Pour LVMH, un droit de douane de 15% «serait un bon résultat», avait estimé jeudi sa directrice financière, le groupe estimant pouvoir compenser par une hausse de prix et une «optimisation de production», notamment aux États-Unis, où il réalise un quart de ses ventes. Le numéro un mondial du luxe a annoncé l’ouverture d’un quatrième atelier Louis Vuitton, au Texas.

En mai, son concurrent François-Henri Pinault, du groupe Kering qui détient Gucci et Balenciaga, avait déclaré que «ça n’aurait pas de sens d’avoir des sacs Gucci italiens fabriqués au Texas».

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Les cosmétiques de marques françaises et italiennes sont aussi très vendus aux États-Unis: en 2024, L’Oréal y a réalisé 38% de son chiffre d’affaires. Son directeur général évoquait en avril la possibilité d’y relocaliser une part de la production.

Agroalimentaire

«Certains produits agricoles» seront exemptés de taxation à 15%, a dit Ursula von der Leyen. Mais aucune précision n’a été fournie dimanche soir.

En 2024, l’UE a exporté pour 8 milliards d’euros d’alcools, dont plus de 5 milliards de vin, aux États-Unis, son premier marché à l’exportation.

La France représente environ la moitié: 2,4 milliards d’euros de vin et 1,5 milliard de spiritueux ont été écoulés aux États-Unis (environ 25% de ses exportations). Pour l’Italie, c’est environ 2 milliards d’euros de vin exportés. La Suède écoule aux États-Unis sa vodka, l’Irlande son whisky...

Les vins de Bordeaux, par exemple, y réalisent 20% de leur chiffre d’affaires. «À 10% ou 15% [de droits de douane], on trouvera des solutions», expliquait Philippe Tapie, président de Bordeaux Négoce, avant l’annonce de dimanche. Mais «à 30%, non. C’est la fin de l’histoire», craignait-il.

D’autres produits alimentaires (fromages, conserverie, etc.) forment un poste d’exportation majeure.

Mais aussi...

Machines et équipements industriels ainsi que des équipements électriques et électroniques sont largement exportés vers les É.-U. (90 et 45 milliards d’euros annuels respectivement, selon Eurostat)

À ce stade, l’impact sur les sociétés semble inégal.

Le français Legrand (équipements électriques) estimait en mai le coût des surtaxes entre 150 et 200 millions d’euros, mais a confirmé ses objectifs. Il compte compenser par des hausses de prix ponctuels et des pays de fabrication à plus faibles tarifs, mais pas de «rapatriation massive aux États-Unis», a dit son directeur général.

En juillet, Nokia, équipementier finlandais de télécommunications qui réalise 30% de ses ventes aux États-Unis, a en revanche revu à la baisse ses perspectives pour 2025, du fait en partie de ces droits de douane.

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