Voici pourquoi les Jets ont raison d’avoir payé pour Aaron Rodgers
Le quart-arrière a été échangé par les Packers

Stéphane Cadorette
Depuis que l’échange qui envoie Aaron Rodgers à New York a été confirmé lundi soir, plusieurs observateurs tendent à donner l’avantage aux Packers puisqu’ils ont mis la main sur des choix avantageux au repêchage. Ils ont cependant tort de ne pas considérer que pour sortir de leur marasme, les Jets ont l’obligation morale envers leurs partisans de payer le gros prix et qu’ils ont bien fait.
Au final, ce qui était dans l’air depuis plus d’un mois s’est bel et bien réalisé. Aaron Rodgers, légende des Packers, est désormais membre des Jets.
Pour mettre la main sur le quart-arrière, ces derniers ont dû inverser leurs choix de première ronde au repêchage de cette année avec les Packers, reculant ainsi du 13e au 15e rang. Ils ont aussi cédé l’un de leurs deux choix de deuxième tour, le 42e au total. Jusqu’ici, pas si mal.
Là où plusieurs déchirent leur chemise, c’est qu’ils ont ajouté un choix conditionnel de deuxième ronde l’an prochain, qui se transformera en choix de première ronde si Rodgers participe à au moins 65% des jeux. Aussi bien dire qu’à moins d’une catastrophe, ce sera un premier choix qui sera offert en compensation.
Tout ça pour un athlète de 39 ans qui n’a pas amassé une seule fois 300 verges dans un match la saison dernière?
Tout ça pour un pivot qui a été victime de 12 interceptions, son plus haut total depuis la saison 2008, sa première comme partant?
Tout ça pour un athlète qui a vécu sa part de malentendus avec les Packers lors des deux dernières années et qui a semblé s’imposer comme plus grand que l’équipe?
Non, en réalité, c’est tout ça pour enfin pouvoir rêver.
Médiocrité permanente
Les rêves ne se matérialisent pas toujours, évidemment.
Peut-être que l’ego monstrueux de Rodgers n’aura pas assez d’espaces verts pour s’épanouir librement dans la Grosse Pomme. Peut-être que le déclin dans son jeu est véritablement amorcé et qu’il est irrémédiable. Peut-être qu’à 39 ans, il ne fera que passer.
Le risque est bel et bien présent, en officialisant une telle transaction.
Regardons toutefois les choses, un petit instant, dans les bottines des Jets. Cette organisation patauge dans une médiocrité crasse depuis une éternité, peut-être même deux. Leur unique trophée du Super Bowl est empoussiéré depuis janvier 1969 et les Jets n’ont pas pris part aux éliminatoires depuis 2010.
Depuis, les quarts-arrières qui trimbalent leur baluchon dans ce vestiaire ne sont qu’une vulgaire succession de projets ratés. Les Mark Sanchez, Geno Smith, Ryan Fitzpatrick, Josh McCown, Sam Darnold, Mike White et Zach Wilson ont tristement cafouillé avec le ballon comme s’ils jouaient avec des mitaines à four.
Depuis ce dernier match éliminatoire il y a 13 ans, 14 quarts-arrières ont disputé au moins un match comme partant. Ça suffit!
Enfin sous les projecteurs
Dans la NFL, on mesure souvent la pertinence d’une équipe au nombre de fois que les réseaux de télévision souhaitent l’intégrer dans leur programmation à heure de grande écoute.
Les matchs les plus significatifs sont généralement présentés le dimanche soir. Savez-vous combien de fois les Jets ont été en vedette au Sunday Night Football depuis 2011? Zéro! En frais d’insignifiance, il est difficile de s’empêtrer plus creux que cette franchise jadis respectée.
Cette saison, avec Rodgers aux commandes, Il est fort probable que les Jets disputent autour de six matchs à heure de grande écoute. Ce n’est clairement pas un gage de succès, soyons clairs sur ce point. Il suffit de repenser aux performances minables des Broncos l’an passé dans un scénario similaire pour s’en convaincre.
Il est difficile de savoir si un Rodgers fouetté dans son orgueil retrouvera le niveau de jeu que les Jets espèrent, mais enfin, ils ne vivent plus sur un faisceau d’espoir, mais un geyser. C’est déjà ça de pris.
Et les fameux choix?
Il est vrai que les Jets ont payé chèrement pour les services à court terme d’un quart-arrière qui n’est plus une valeur sûre, mais le simple fait de redevenir significatifs est une victoire en soi.
S’ils doivent vraiment remettre leur choix de premier tour aux Packers l’an prochain, qu’il en soit ainsi. Dans le meilleur des scénarios, les Jets feront un bond en avant, prendront part aux éliminatoires et réjouiront leurs partisans. Le cas échéant, le choix en question deviendrait plutôt éloigné au premier tour.
Dans le moins bon des scénarios, Rodgers, même s’il se révélait à moitié fini, ne peut faire pire que la brochette de quarts moribonds de l’an dernier. Une brochette qui a tout de même amené l’équipe à la porte des séries.
Il ne faut pas perdre de vue non plus que les choix au repêchage ne sont pas toujours l’eldorado promis.
Depuis l’an 2000, les Jets ont sélectionné 18 joueurs dans le top 15. Cette position enviable au repêchage année après année ne les a pas empêchés de rater les éliminatoires 17 fois en 23 ans.
Ils ont fait le plein d’excellents jeunes joueurs depuis quelques années, dont une cuvée exceptionnelle il y a un an. C’est le temps ou jamais d’appuyer sur la gâchette dans l’espoir d’un présent meilleur.
Même si l’amour-propre d’Aaron Rodgers risque parfois d’être salissant.