Voici pourquoi l’échange de Quinn Hughes est aussi intéressant

Antoine Roussel
Les Canucks de Vancouver ont échangé vendredi un défenseur qui fait partie des trois meilleurs joueurs à sa position et qui a gagné le trophée Norris. Et ce qu’ils ont obtenu en retour de Quinn Hughes est vraiment intéressant, tout comme la raison pour laquelle ils ont pu en obtenir autant.
• À lire aussi: Les Devils ne pouvaient offrir plus que le Wild pour Quinn Hughes
• À lire aussi: Quinn Hughes «extrêmement ouvert» à signer à long terme avec le Wild
Souvent, les équipes qui échangent un pareil type de joueur y vont pour un retour en quantité plus qu’en qualité. Mais là, les Canucks ont reçu les deux de la part du Wild du Minnesota.
Ils ont notamment mis la main sur un joueur de centre en Marco Rossi et sur un jeune défenseur super talentueux en Zeev Buium.
Obtenir de la qualité et de la quantité dans une transaction impliquant un joueur comme Hughes, c’est difficile à faire. Là, les Canucks ont été capables parce que des défenseurs, il n’y en a pas beaucoup de disponibles sur le marché.
Mais plusieurs équipes qui arrivent à maturité en cherchaient un, tout comme certaines qui voient que leur fenêtre d’opportunité pour remporter la coupe Stanley va bientôt se refermer.
Ce qui a fait la différence
Il y a plus encore, toutefois. Et c’est ce qui rend cette transaction vraiment intéressante.
Quinn Hughes n’avait pas de clause de non-mouvement inscrite à son contrat.
Une clause de non-mouvement, ça empêche ton équipe de t’échanger, de te céder à la Ligue américaine et de soumettre ton nom au ballottage sans ton consentement. Ça l’oblige à te protéger dans le cas d’un repêchage d’expansion.
C’est différent d’une clause de non-échange, qui, elle, permet au joueur de soumettre une liste des équipes auxquelles il ne veut pas être échangé. Elle permet quand même à ton club de soumettre ton nom au ballottage ou de te céder aux mineures, peu importe que tu sois d’accord ou non.

Le Saint-Graal pour les joueurs
Bref, la clause de non-mouvement, pour un joueur, c’est le Saint-Graal. Et si en plus tu obtiens le gros salaire, c’est comme si tu étais dans un camion de la Garda. Tu es blindé.
C’est donc génial pour les joueurs, mais si j’étais le dirigeant d’une équipe de la LNH, c’est la dernière chose que je voudrais donner. Et c’est pour ça que très peu de joueurs sont capables d’en obtenir une: les directeurs généraux sont très avares.
À Montréal, plusieurs joueurs, dont Nick Suzuki, Cole Caufield et Lane Hutson, ont des clauses de non-échange inscrites à leur contrat pour certaines saisons.
Seulement deux joueurs ont obtenu des clauses de non-mouvement: Mike Matheson (en vigueur de 2026 à 2029) et Brendan Gallagher (toujours en vigueur cette saison et pour la prochaine).
Les Canucks n’ont pas obtenu autant qu’ils auraient pu, la saison dernière, quand ils ont échangé J.T. Miller.
Ils sont allés chercher le joueur de centre Filip Chytil, qui a un historique de commotions cérébrales et qui est blessé en ce moment, le défenseur Victor Mancini, qui joue dans la Ligue américaine, et un choix de premier tour conditionnel.
Qu’est-ce que tu préfères?
On peut penser aussi à Patrick Kane, que les Blackhawks de Chicago ont échangé contre à peu près rien aux Rangers de New York dans une transaction à trois équipes, en 2023, parce que Kane voulait jouer avec les Rangers et nulle part ailleurs.
Moi, je n’ai jamais obtenu de clause de non-mouvement, mais j’ai déjà eu une clause de non-échange.
Et les Canucks ont quand même contacté mon agente de l’époque, Émilie Castonguay, en 2021, pour leur dire qu’ils aimeraient faire une transaction et que j’en ferais partie.
Ils lui avaient demandé si je voudrais lever ma clause de non-échange. Elle m’avait emmené ça sur la table en me demandant si je préférais accepter ou jouer avec une équipe qui souhaitait m’échanger.
Ça, c’est le meilleur argument.
Bref, la clause de non-mouvement, ce n’en est vraiment pas une qui est à l’avantage des équipes. Et c’est pourquoi les directeurs généraux sont aussi avares.
Mais en tant qu’ancien représentant de l’Association des joueurs, j’aimerais si possible que cette chronique ne se rende pas auprès des dirigeants de la LNH!
– Propos recueillis par Jessica Lapinski