Voici pourquoi le Combine est si important pour les équipes de la LNH

Nicolas Cloutier
Parfois vu comme une sorte d’exercice puéril, le Combine de la Ligue nationale de hockey (LNH) constitue en fait un rendez-vous incompris du grand public et extrêmement important aux yeux des équipes du circuit. Le TVA Sports fait la lumière une fois pour toutes.
Tous s’entendront pour dire qu’il y a une pertinence derrière la phase d’entrevues, qui permet aux équipes de se familiariser avec l’être humain derrière le hockey, et l’étape des tests médicaux, qui révèlent des informations sensibles et nécessaires afin de prendre une décision éclairée. Mais les fameuses épreuves physiques, souvent prises à la légère, ne sont pas à négliger, elles non plus: il existe un fondement scientifique derrière chacune d’elles applicable dans le contexte d’un match de hockey.
C’est là que nous déconstruisons le mythe le plus important qui colle à la peau du Combine: les tests physiques ne sont pas une compétition.
«On s’en fout des pointages, lance au bout du fil le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH, Dan Marr. Les équipes, elles veulent juste les données pour pouvoir situer l’espoir dans sa courbe de croissance athlétique.»
Les tests physiques qui auront lieu du 5 au 7 juin prochain à Buffalo produiront une avalanche de données que les préparateurs physiques des équipes de la LNH pourront distiller.
«Cela leur donne une ébauche, illustre Marr. Le préparateur physique prend l’info et explique au DG et au recruteur en chef à quel point ce garçon peut gagner en vitesse avec sa composition corporelle et les informations à notre disposition.
«On peut conclure qu’il peut ajouter de 8 à 10 lb et qu’il peut devenir plus explosif. Il y a un arsenal d’informations à utiliser pour bâtir le profil athlétique du joueur.»
Avec l’aide de Marr, nous décortiquons pour vous chaque épreuve en prenant soin d’expliquer sa pertinence. Rien n’est laissé au hasard.
«On ne mène aucune expérience au Combine, précise le directeur de la Centrale. Tous les tests ont un fondement scientifique et ont fait l’objet d’une révision par les pairs.»
Nouveauté cette année: une épreuve a été retirée, celle du saut vertical en position de squat.
«Y Balance»
Un exercice dynamique mettant à l’épreuve le sens de l’équilibre des joueurs.
Le joueur se positionne avec une jambe dans les airs, qu’il doit déplacer dans trois directions différentes.
«On évalue la flexibilité, le contrôle des muscles abdominaux, la proprioception [perception consciente ou inconsciente du mouvement du corps dans l’espace] et la capacité de maintenir son équilibre.
«On essaie de voir jusqu’où tu peux t’étirer et à quel point tu peux rester stable en le faisant.»
Un appareil collectionne différentes données. On peut ainsi mesurer la symétrie et donc la fonctionnalité des mouvements du joueur et aussi les facteurs de risque pour les blessures au bas du corps.
Puissance de la poigne
L’espoir doit serrer un appareil le plus fort possible avec chaque main.
«Une mesure de force physique. En compilant les données au fil du temps, les préparateurs physiques ont réalisé que les joueurs avec la meilleure poigne figurent parmi les meilleurs tireurs et les meilleurs marqueurs.»
VO2 Max
L’espoir embarque sur un vélo stationnaire à la fine pointe de la technologie et enfile un masque respiratoire. Puis, il pédale aussi longtemps qu’il en est capable.
«Ici, on mesure la capacité aérobique, la capacité du cœur et des poumons à approvisionner en oxygène les muscles. L’équipement est hautement avancé et provient d’Allemagne. Tu ne peux pas juste acheter ça au magasin.
«Ce qu’on veut voir, c’est ce qui va lâcher en premier. Les poumons ou les jambes? Ils ont modifié un peu le test, de sorte que les joueurs ne deviennent plus malades [lire ici: ne vomissent plus]. Ils ont ajouté de la résistance au vélo pour que les jambes écopent davantage.»
Ce que l’on veut identifier ici dans le contexte du hockey, c’est l’aptitude d’un joueur à récupérer entre les présences.
«Tu veux qu’il joue à haute intensité pendant 30 secondes dans une rencontre. S’il perd en intensité après 15 secondes, il n’aura pas un bon VO2 max. Quand il revient à sa prochaine présence, tu veux qu’il soit à 100%, et non à 75%.»

Les sauts
Le premier saut, sur un axe horizontal, consiste simplement à sauter le plus loin possible devant soi. Vous vous êtes tous prêtés au jeu à l’école primaire.
Les sauts sur un axe vertical sont plus particuliers, car ils sont réalisés sur des plaques biomécaniques qui récoltent une foule de données.
«Tout est calculé en fonction de la direction, de la puissance et du timing du saut produit par le joueur.»
Ces données ont contribué à l’éclosion de Bo Horvat dans la Ligue nationale de hockey, puisqu’elles avaient aidé les Canucks de Vancouver à l’époque à bâtir un programme d’entraînement pour améliorer son coup de patin.
Il y a deux types de sauts verticaux: un avec un élan des bras et un sans élan. Il y en avait un troisième: un saut à partir d’une position de squat, mais celui-ci a été retiré.

Développé couché
Le bench press dans le jargon anglophone. Allongé sur le dos, l’espoir soulève à une cadence spécifique une barre qui représente 50% de son poids. Ici, ne croyez pas que c’est le nombre de répétitions qui intéresse les spécialistes des équipes.
«Les préparateurs physiques s’intéressent à la capacité du joueur à générer de la puissance.»
La vélocité du mouvement déployé par le joueur en soulevant la barre est calculée en watts.
«Un joueur de 175 lb peut ainsi produire plus de force qu’un autre de 200 lb.»

Test d’agilité
L’espoir doit courir et atteindre des cônes le plus rapidement possible dans différentes directions.
«On mesure la vitesse, l’agilité ainsi que la réaction et le contrôle du corps sur les côtés gauche et droit. On a souvent des ennuis avec les souliers des joueurs, qui ne sont pas toujours adaptés à l’exercice. On permet ainsi de passer leurs souliers sur du matériel adhésif avant l’exercice.»
Tractions
C’est là que Sam Bennett et Casey Mittelstadt ont lamentablement échoué. Il s’agit d’empoigner la barre et de soulever son corps de sorte que le menton dépasse celle-ci.
«Les tractions évaluent la force des avant-bras et du haut du corps en plus de mesurer l’endurance du haut du corps et la stabilisation à travers les muscles abdominaux.»
Comme c’est le cas pour le développé couché, une cadence spécifique doit être suivie et une pause doit être observée au sommet et à la descente.

Test Wingate
Le deuxième test sur le vélo, que d’aucuns qualifieront d’encore plus éprouvant que le VO2 Max. Le joueur pédale à fond de train et tente de générer le plus de puissance possible, en watts.
Si le VO2 Max calcule les capacités aérobiques, le Wingate mesure les aptitudes anaérobiques, soit la capacité d’un joueur à déployer de l’énergie sur une courte période.
«On reproduit ici l’intensité d’une présence de 40 secondes dans la LNH. Ici, il n’est pas question d’oxygène et de récupération. C’est là qu’on obtient le pouls le plus élevé.
«Cet exercice permet de déterminer combien de temps le joueur peut soutenir sa vitesse maximale et quelle est sa pointe de puissance.»
Les joueurs sont envoyés dans une tente immédiatement après l’exercice pour récupérer.
«Ça vide ton corps. Plus tu te sens mal, plus on a raison de croire que tu as tout donné.»