Voici pourquoi Donald Trump devrait poursuivre sa chute face à Kamala Harris

Gabriel Ouimet
La Convention du Parti démocrate qui s’amorce lundi à Chicago arrive à un très mauvais moment pour les républicains. Et après un mois de campagne «catastrophique» pour Donald Trump, la chute de l’ancien président risque de se poursuivre dans les prochaines semaines, avancent deux experts.
La campagne de Donald Trump «est complètement partie en vrille» après le désistement surprise de Joe Biden et l’arrivée en scène de Kamala Harris, souligne Rafael Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand.
«Son équipe a laissé Kamala Harris se redéfinir et elle peine à corriger le tir. La dynamique est très difficile pour Trump en ce moment», précise-t-il.
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Alors que Kamala Harris officialisera sa candidature en vue des élections de novembre, le milliardaire accuse un retard de deux points de pourcentage sur sa rivale à l’échelle nationale, selon une nouvelle analyse de plusieurs sondages effectuée par le Washington Post.
Kamala Harris aurait également légèrement dépassé Donald Trump dans des États clés comme l’Arizona, la Caroline du Nord, le Wisconsin, la Pennsylvanie et le Michigan, selon une autre enquête d’opinion du New York Times. La démocrate se serait aussi rapprochée de son opposant en Georgie et dans le Nevada, souligne Charles-Étienne Beaudry, chargé de cours à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa.
Voici pourquoi la situation risque de continuer de se dégrader pour Donald Trump au cours des prochaines semaines.
Donald Trump est incontrôlable
Des attaques qui ratent la cible
Depuis l’entrée en scène de Kamala Harris le 21 juillet dernier, Donald Trump multiplie les attaques personnelles à son égard. Cette stratégie s’est toutefois montrée inefficace, insiste Rafael Jacob.
«Les attaques fonctionnaient contre Joe Biden, parce qu’il était faible et déjà impopulaire. Sauf que Kamala Harris est une candidate moins connue. C’est une démocrate plus générique. Elle a été capable de redorer son image et après quatre semaines, on voit que l’équipe de Trump a complètement échoué», explique-t-il.

Un manque de discipline
La question qui se pose, donc: pourquoi Donald Trump ne change-t-il pas de stratégie en se concentrant, par exemple, sur des politiques phares de son programme?
«C’est quelque chose qu’il pourrait faire dans un monde théorique. Mais, en réalité, Donald Trump n’a absolument aucune discipline de campagne. Je ne crois pas qu’il soit capable de le faire», avance M. Jacob.
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Des discours décousus
Charles-Étienne Beaudry rappelle pour sa part que Trump tient souvent des discours décousus dans ses rassemblements et qu’il semble incapable de s’en tenir à des arguments rationnels.

Le plus récent exemple a eu lieu samedi, en Pennsylvanie. Donald Trump devait livrer un discours économique, mais il s’est rapidement écarté du sujet pour insulter Kamala Harris. Il l’a notamment accusée d’avoir un programme à la fois communiste et fasciste et d’avoir «le rire d’une personne folle».
Une sentence à venir
La sentence de Donald Trump, qui a notamment été reconnu coupable de falsifications de documents, devrait être prononcée le 18 septembre. Elle pourrait avoir des conséquences sur sa campagne.
«Les Américains ont confiance en leur système de justice. Ça les dérange qu’un candidat soit accusé et je crois qu’ils vont l’exprimer quand la sentence sera prononcée», affirme M. Beaudry, qui est l’auteur du livre Radio Trump: Comment il a gagné la première fois.
La lune de miel des démocrates continue
Une convention payante
Rafael Jacob et Charles-Étienne Beaudry croient que la Convention démocrate va permettre à l’équipe de Kamala Harris de profiter d’une nouvelle impulsion et de poursuivre sa progression dans les intentions de vote.
«Les démocrates vont saisir le moment pour rappeler les points clés de leur programme, ceux qui les distinguent des républicains, comme Medicare et la défense de l’accès à l’avortement», affirme M. Beaudry.
Une débatteuse redoutable
Les débats prévus en septembre entre Donald Trump et Kamala Harris devraient également avantager l’actuelle vice-présidente.
«Je crois qu’en ce moment, les démocrates ne montrent pas trop Kamala Harris pour préserver l’effet de surprise. Comme ancienne procureure, elle est particulièrement bonne en débat. Ça pourrait impressionner les indécis», souligne le professeur de l’Université d’Ottawa.
Un parti tourné vers l’avenir
Les deux derniers mois de campagne seront aussi l’occasion pour le Parti démocrate de convaincre l’électorat qu’il est le parti de l’avenir, pouvant faire élire la première femme présidente de l’histoire des États-Unis.
«Avec le slogan “We are not going back”, Kamala Harris crée une distance avec le passé évoqué par le “Make America Great Again” de Trump. Elle veut convaincre qu’il est temps d’entrer dans le XXIe siècle», conclut M. Beaudry.