500 livres au squat à 16 ans: voici le plus grand espoir québécois au football qui crée un buzz dans la NCAA


Stéphane Cadorette
S’il y a un nom à retenir au Québec en termes d’espoir pour percer dans la NFL d’ici quelques années, c’est celui de David Gabriel Georges. Le porteur de ballon de Terrebonne, qui détruit tout sur son passage depuis son arrivée au Tennessee, gagne clairement à être plus connu chez nous.
S’il demeure un secret trop bien gardé au Québec jusqu’ici, les articles sur lui affluent aux États-Unis. Il n’a que 16 ans, mais déjà, tous les programmes universitaires renommés de la NCAA sont à ses pieds.
Les Buckeyes d’Ohio State, champions nationaux en titre, lui ont déjà déroulé le tapis rouge. Même chose pour des universités où le football est maître, comme Georgia, Alabama, Michigan, Notre Dame, Texas, Oregon, Penn State et Tennessee.

Pas moins de 33 programmes lui ont soumis une offre, tandis que plusieurs autres s’ajouteront prochainement. Et n’allez surtout pas croire que ce n’est que la traditionnelle opération séduction.
Selon le site de recrutement On3.com, le Québécois d’origine haïtienne est actuellement classé comme le numéro 2 de la cuvée de 2027 à travers tous les États-Unis. Un autre site du même acabit, 247sports, le classe troisième.
Si David Gabriel Georges reste en santé, il ne faudrait absolument pas s’étonner qu’il devienne le premier porteur de ballon québécois depuis Tshimanga Biakabutuka, en 1996, à être sélectionné au premier tour du repêchage de la NFL d’ici cinq ans.
Un phénomène

La saison dernière à l’école secondaire Baylor, Gabriel Georges a terrorisé les défenses adverses avec des gains de 984 verges au sol et 13 touchés... en seulement 104 courses!
Pour le moment, le clan familial tissé serré a décliné poliment notre demande d’entrevue avec lui. Ses proches préfèrent qu’à 16 ans, le jeune homme se concentre sur le football.
En discutant avec des gens proches du potentiel prodige, on réalise tout de même rapidement que ce jeune pan de mur de 6 pi et 210 livres se veut un spécimen rare.
«On parle d’un joueur d’élite, un talent générationnel. Il a le potentiel de devenir le meilleur joueur que j’ai dirigé. Et j’en ai dirigé de très bons!», nous lance Erik Kimrey, son entraîneur-chef à Baylor.
Ce dernier, en 21 ans de coaching au niveau secondaire, en plus de deux ans à l’Université South Carolina, a vu quelques-uns de ses poulains atteindre la NFL. Il assure qu’il n’a jamais rien vu de tel que David Gabriel Georges.
«Il a un immense talent et n’a pas de faiblesses. Il est très fort et explosif. Je n’ai jamais vu personne le rattraper. Il est vraiment le total package comme joueur et individu.
«Notre préparateur physique est ici depuis environ 15 ans et il dit que David est le joueur le plus puissant livre pour livre qu’il a vu. Il soulève maintenant 500 livres au squat et près de 350 livres au bench. Il a ajouté 20 livres à sa charpente depuis le début de la saison dernière. Il faisait déjà peur à 190 livres et je ne peux pas imaginer à 210. Quand tu vois à quel point il est découpé, il a l’air d’un mutant! Son cadeau de Dieu, c’est son corps. On ne croirait jamais qu’il a 16 ans», s’extasie le pilote.
Sophomore RB having a heeluva off-season! It’s early and we are still learning how to lift and get better ranges of motion. The raw strength and power this young man has is incredible! Avg strength to body weight ratio 200%😳😳💪@DavidGG27 @BaylorSchoolFB @RaiderRecap pic.twitter.com/HbjNvf4RUq
— Brice Johnson (@BridgeCitySP) April 24, 2025
Sous l’aile de son oncle
C’est avec son oncle Jean Agenor, un ancien des Carabins et des Cheetahs de Vanier, que David Gabriel Georges est tombé dans la marmite du football dès qu’il a eu cinq ans.
Il n’en est jamais ressorti, de son passage avec les Panthères noires sur la scène du football civil dans Lanaudière, à ses quatre années à l’école secondaire Armand-Corbeil.
«Dès qu’il a eu 11 ou 12 ans, j’allais le chercher à tous les matins pour l’entraîner et il ne chialait jamais. Il a toujours été un jeune sérieux et du foot, il en mange vraiment. Quand j’ai vu ça, j’ai poussé pour qu’il se développe bien», nous raconte le bienveillant oncle, qui l’accompagne fréquemment dans ses nombreuses visites de campus aux États-Unis.
Monsieur Football

Depuis son arrivée fracassante au sud de la frontière, les succès de l’adolescent sont tels qu’en décembre dernier, il a même été sacré «Monsieur Football» à titre de meilleur joueur de sa division dans l’État du Tennessee.
«Je dis toujours à ma femme en blaguant que je suis le premier à avoir découvert David. Mais pour vrai, depuis qu’il a 10 ans, je capote ma vie. À ma dernière année dans le football, je courais un 4,46 s [sur 40 verges] et David m’a battu dans une course quand il avait 12 ans. Le kid est vraiment spécial. Il n’est pas normal. Il a les attributs physiques, le talent naturel et encore mieux, il est prêt è travailler», indique Jean Agenor, à la tête de l’entreprise All Atheltic, qui aide les jeunes joueurs québécois à maximiser leur visibilité aux États-Unis.
Bientôt, la NCAA

Avant de rêver à la NFL, c’est sur son saut prochain dans la NCAA que David se concentre.
«Le coach des porteurs de ballon de Georgia nous a dit qu’il était le meilleur porteur qu’il n’avait jamais vu à sortir du high school. Tous les entraîneurs me disent que David, ce sera trois ans dans la NCAA et direct dans la NFL. Ryan Day [entraîneur-chef à Ohio State] et Kirby Smart [entraîneur-chef à Georgia] me disent carrément qu’il va gagner un jour le trophée Heisman [remis au meilleur joueur universitaire]», lance Jean Agenor.
Quand on vous dit d’apprendre dès maintenant le nom de David Gabriel Georges, c’est du sérieux.
Une ascension en toute humilité

Même s’il a dominé la compétition au Québec avec les Scorpions de l’école Armand-Corbeil avant de s’exiler aux États-Unis et de connaître autant de succès, David Gabriel Georges ne rentre jamais à la maison avec la grosse tête.
Le jeune homme de 16 ans revient régulièrement à Terrebonne, où il a grandi dans la maison familiale depuis qu’il est bébé. C’est à Armand-Corbeil qu’il effectue son entraînement estival avant de remettre le cap sur le Tennessee.
«Malgré ses succès, il ne s’est jamais pris pour un autre. Il a toujours eu une belle humilité et il n’est pas du genre extravagant. Il peut même être parfois timide. Ses coéquipiers l’ont vite apprécié. Quand il revient à l’école, il est toujours là pour les autres», note celui qui a été son entraîneur-chef avec les Scorpions, François Cajelais.
Très tôt dans son cheminement, ce dernier a compris qu’en David Gabriel Georges, il détenait une perle rare.
«En sixième année, les élèves de la région sont invités pour des tests physiques. David est venu à ces tests et on a vu en cinq minutes qu’il était déjà un athlète hors norme. On ne pouvait pas deviner qu’il deviendrait ce qu’il est devenu, mais ce qui était clair, c’est qu’il était une exception», assure l’entraîneur.
Un brillant avenir

D’ici un an, le porteur de ballon annoncera l’université où il poursuivra sa carrière et ses études. Les bouleversements actuels dans la structure des contrats NIL permettent difficilement d’évaluer le montant qu’il va toucher, mais chose certaine, il ne sera pas en peine.
«Il est super bien encadré et je ne suis pas inquiet pour lui. Il est zéro affecté par le succès qu’il connaît aux États-Unis. Quand il revient ici, il fréquente les mêmes amis et va revoir les mêmes profs. Son attitude n’a pas le moindrement changé», considère Cajelais.
Chose certaine, il n’est clairement pas utopique de penser qu’au repêchage de la NFL, après le minimum requis de trois saisons universitaires, Gabriel Georges n’aura pas à patienter longtemps avant d’entendre son nom résonner sur la grosse scène.
«Quand tu es dans le top 3 des meilleurs joueurs à ta position de ton âge à 16 ans, tu peux penser être repêché dans les deux premières rondes dans la NFL. Les entraîneurs à qui j’ai parlé aux États-Unis me disent qu’on voit rarement des joueurs de même», dit son ancien pilote.
Son actuel entraîneur se dit impatient de poursuivre son développement.
«Il a tout prouvé ce qu’il avait à prouver, mais il va continuer de se développer. À l’entraînement ce printemps, on a mis le focus sur ses mains et sa capacité à capter des passes. Ça va le rendre encore meilleur et c’est ce qui fait la valeur des vrais bons porteurs dans la NFL», signale Erik Kimrey.