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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Voici l’histoire derrière les cinq noms que porteront les nouvelles stations de métro de la ligne bleue

La STM a notamment décidé d'honorer trois femmes avec les noms qui ont été choisis

Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
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Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

2025-09-10T23:00:00Z
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Voici l’histoire derrière les cinq noms que porteront les nouvelles stations de métro de la ligne bleue

Le choix des noms des nouvelles stations de métro qui prolongeront la ligne bleue au nord-est de Montréal fait couler beaucoup d’encre depuis mardi, car certains remettent en doute leur pertinence. Afin d’alimenter le débat, voici l’histoire derrière ces dénominations.

Première station: Vertières

Angle Jean-Talon–Pie-IX

La bataille décisive d’Haïti

«Gravure de la bataille de Vertières», auteur inconnu, 1850. La célèbre bataille de 1803 a mené à l’indépendance d’Haïti.
«Gravure de la bataille de Vertières», auteur inconnu, 1850. La célèbre bataille de 1803 a mené à l’indépendance d’Haïti. Photo domaine public

Dernier chapitre de la Révolution haïtienne menée à la fin du 18e siècle par des esclaves noirs contre la France, la bataille de Vertières fait référence au lieu d’une bataille qui a eu lieu en 1803 dans le nord d’Haïti, près de Cap-Haïtien. C’est à l’issue de cette bataille qu’Haïti devient la première république noire au monde, en 1804. Aujourd’hui, Vertières est un lieu de mémoire national, avec un monument commémoratif qui rappelle la victoire décisive des troupes haïtiennes. Napoléon Bonaparte avait envoyé des troupes pour rétablir l’esclavage à Saint-Domingue (l’ancien nom d’Haïti). Les chefs Jean-Jacques Dessalines et François Capois ont forcé la capitulation de la France. Le choix du nom «Vertières» pour désigner la station de métro rappelle la présence de la communauté haïtienne dans les quartiers Saint-Michel et Montréal-Nord.

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Deuxième station: Mary-Two-Axe-Earley

Angle Viau–Jean-Talon

La militante autochtone

Mary Two-Axe Earley.
Mary Two-Axe Earley. Photo tirée du site ordre-national.gouv.qc.ca

Au cours de la Conférence constitutionnelle de 1983, la militante autochtone Mary Two-Axe-Earley n’aurait pas eu la parole sans le premier ministre du Québec René Lévesque, qui lui a cédé son siège. La militante a alors prononcé sa phrase la plus célèbre, selon l’autrice Marie-Hélène Dubé: «S’il vous plaît, cherchez en vos cœurs et en vos esprits, suivez ce que vous dicte votre conscience, libérez mes sœurs». Par cette phrase, elle pousse un cri du cœur pour un meilleur respect envers les femmes autochtones du Canada.

Connue pour avoir regagné son statut d’«Indienne» après l’avoir perdu en raison de son mariage avec un non-Autochtone, Mary Two-Axe est née à Kahnawake en 1911. Elle se marie dans les années 1930 à New York avec Edward Earney, un ingénieur électricien d’origine irlandaise. Ils auront deux enfants. À son retour à Kahnawake, son village d’origine, elle se battra toute sa vie pour la reconnaissance des droits des Premières Nations.

Troisième station: Césira Parisotto

Angle Lacordaire–Jean-Talon

Fondatrice de l’Hôpital Marie-Clarac

Photo tirée du site crc-canada.org
Photo tirée du site crc-canada.org

Née à Asolo, en Italie, le 31 mai 1909, Césira Parisotto, mieux connue sous le nom de Sœur Anselme-Marie, est une bâtisseuse de l’ombre du Québec. Ses œuvres sociales, éducatives et médicales l’ont menée à fonder des écoles primaires et secondaires ainsi que l’Hôpital Marie-Clarac, spécialisé en convalescence et en réadaptation. Après avoir travaillé dans des hôpitaux militaires en Éthiopie et en Italie centrale pendant la Seconde Guerre mondiale, elle arrive à Montréal en 1949 avec un groupe de religieuses italiennes pour fonder la branche canadienne des Sœurs de la Charité de Sainte-Marie. Reçue grande officière de l’Ordre national du Québec en 1993, Mme Parisotto est décédée peu avant la réception en son honneur, présidée par le premier ministre Robert Bourassa.

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Quatrième station: Madeleine-Parent

Angle Langelier–Jean-Talon

Féministe et syndicaliste

Photo Alain Chagnon, archives de la CSN
Photo Alain Chagnon, archives de la CSN

Les discours de la syndicaliste Madeleine Parent (1918-2012) étaient aussi radicaux que ceux du syndicaliste Michel Chartrand, mais «sans sacrer», a dit d’elle Françoise David au décès de Mme Parent en 2012. Née dans une famille aisée de Montréal, Madeleine Parent n’était pourtant pas destinée à devenir une militante syndicale. C’est en observant les «servantes» au couvent qu’elle fréquente qu’elle devient sensible aux questions de justice sociale. Après la Deuxième Guerre mondiale, elle milite pour les droits des travailleurs des usines d’armement et du textile du Québec. Le premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, la fait arrêter en vertu de la loi du cadenas en raison de son rôle dans l’organisation de plusieurs grèves et elle est accusée de «conspiration séditieuse». Après sa retraite de la vie active, elle continuera de s’engager en faveur des droits des femmes jusqu’à sa mort en 2012.

Destination: Anjou

Angle De Châteauneuf–Louis-H.-La Fontaine

Hommage aux Français

Drapeau de la province historique d’Anjou, en France (aujourd’hui Maine-et-Loire), dont le quartier Anjou de Montréal a été nommé en l’honneur.
Drapeau de la province historique d’Anjou, en France (aujourd’hui Maine-et-Loire), dont le quartier Anjou de Montréal a été nommé en l’honneur. Photo Wikimedia Commons/Domaine public

C’est en 1956 que la ville d’Anjou est baptisée ainsi pour rappeler la région de l’ouest de la France. Selon l’Arrondissement d’Anjou, deux histoires peuvent expliquer ce choix: la proposition d’un résident, Marcel Sylvestre, un vétéran ayant combattu dans cette région au cours de la Deuxième Guerre mondiale. L’autre hypothèse veut que cette appellation désigne simplement les origines françaises de nombreux Québécois. D’abord agricole, Anjou s’urbanisera rapidement. Au début des années 1980, la ville atteint une population de 37 000 habitants et 50% de son territoire est devenu résidentiel. En 2002, Anjou devient un arrondissement de la ville de Montréal.

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