Voici les 11 espèces de requin que vous pourriez croiser dans le Saint-Laurent


Anne-Sophie Poiré
Il y a 50 ans, Jaws était diffusé pour la première fois sur grand écran. Le film est un succès pour le jeune cinéaste Steven Spielberg, mais un peu moins pour les requins depuis perçus comme des monstres sanguinaires. Et pourtant, seules cinq espèces sur la planète sont potentiellement dangereuses pour l’humain, dont deux ont été répertoriées dans le Saint-Laurent.
«Nous devrions avoir peur des requins à moitié moins qu’ils devraient avoir peur de nous», écrivait Peter Benchley, dont le roman Jaws a été publié un an avant l’adaptation cinématographique du même nom.
L’auteur le confiera plus tard dans sa carrière: il regrette ses écrits sur les requins qui, selon lui, ont alimenté de fausses croyances et une peur irrationnelle envers l’animal. C’est pourquoi il passera la dernière décennie de sa vie à défendre la protection et la conservation des requins.
Le réalisateur américain Steven Spielberg fera de même. En 2022, il a affirmé à la BBC avoir «regretté» que les requins aient été «décimés» après le succès de son film sorti en 1975.

Il faut dire que leur abondance à l’échelle mondiale a chuté de 71% depuis les années 1970 en raison de la chasse et la surpêche, selon une étude publiée en 2021 dans la revue Nature.
Il y a «avant» Jaws... et un «après».

Peu de danger pour l’humain
Le long-métrage sorti il y a 50 ans jour pour jour raconte l'histoire d'un grand requin blanc mangeur d’humains qui s'attaque aux baigneurs d’une plage de la côte est des États-Unis.
Cinq décennies plus tard, cette réputation de monstre sanguinaire colle toujours à la peau de l’animal. Pourtant, les attaques de requins sont rares. En 2024, 47 agressions ont été recensées dans le monde. Quatre ont été mortelles.
Et très peu d’espèces constituent une réelle menace.
Sur quelques 500 variétés répertoriées à travers la planète, cinq sont potentiellement dangereuses pour l’être humain: le requin blanc, le requin-tigre, le requin-bouledogue, le requin longimane et le requin mako.
Parmi ces espèces, deux nagent dans le fleuve Saint-Laurent.
Le requin blanc
Il est, sans aucun doute, le requin le plus connu et redouté au monde. Sa réputation de mangeur d’humains est exagérée, mais l’espèce est tout de même dangereuse.
Dans l’Atlantique Nord, le requin blanc est présent de façon saisonnière dans les provinces maritimes, à Terre-Neuve et au Québec. Ce prédateur qui peut dépasser les sept mètres de long remonte jusque dans les eaux du golfe du Saint-Laurent, entre juillet et octobre, où il vient chasser le phoque.
Au cours de la dernière décennie, les signalements documentés ont bondi au Québec. Malgré l’augmentation de sa population, le requin blanc est toujours considéré comme une espèce en voie de disparition au Canada.

Le requin mako
Le requin mako, également appelé requin-taupe bleu, est une espèce hautement migratrice présente dans tous les océans tempérés et tropicaux de la planète. Il mesure en moyenne de deux à trois mètres.
Comme le requin blanc, le mako a le sang chaud. Cette particularité – la plupart des requins ont le sang froid – lui permet de nager à grande vitesse puisque des muscles plus chauds sont en général plus puissants, dit-on.
Il peut atteindre 75 kilomètres par heure, ce qui en fait le requin le plus rapide au monde.

Neuf autres espèces dans le Saint-Laurent
En tout, 11 espèces de requins vivent — ou fréquentent plus ou moins régulièrement — les eaux de Saint-Laurent. Comme bien des prédateurs, ils contribuent à assurer l’équilibre des écosystèmes du fleuve.
La majorité des requins que l’on peut y rencontrer se trouvent dans l’estuaire moyen et le golfe, là où les eaux sont froides. Il n’y a donc aucun danger pour la baignade, surtout que les attaques sont inexistantes au Québec.
Le requin-pèlerin
- Deuxième plus gros requin – et poisson, donc – après le requin-baleine, pouvant mesurer jusqu’à 12 mètres.
- Se nourrit surtout en surface avec la gueule grande ouverte pour filtrer le plancton (son seul repas).
- Fréquente le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent de juin à septembre.
- Statut «préoccupant», selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).

Le requin du Groenland
- Longueur moyenne de 3 à 5 mètres, mais peut atteindre 7 mètres.
- Animal vertébré vivant le plus longtemps avec une espérance de vie d’au moins 272 ans.
- Présence permanente au Québec, dans l’estuaire du Saint-Laurent et le fjord du Saguenay, comme il est le seul requin qui tolère les eaux arctiques à l’année.

Le requin-renard commun
- Longueur moyenne entre 2 et 5 mètres.
- Possède une nageoire caudale (queue) très particulière: le lobe supérieur peut atteindre 50% de la longueur totale du requin.
- S’attaque aux bancs de poissons (comme le maquereau) qu’il fouette avec sa queue.
- Présence saisonnière au Québec.

Le requin bleu
- Longueur moyenne entre 1,8 et 2,5 mètres.
- Souvent accompagné de poissons-pilotes, qui profitent de l’«onde de proue» créée par la nage du requin.
- Présent dans le golfe et l’estuaire durant l’été.

Le requin maraîche
- Longueur moyenne de 1,5 à 2,5 mètres.
- Fait partie des «requins maquereaux», comme le requin blanc et le mako, qui possèdent tous une forme similaire.
- Il est endothermique (à sang chaud), donc un nageur très rapide.
- Présent dans l’estuaire et le golfe de juin à octobre.

L’Aiguillat commun
- Longueur moyenne de 0,75 à 1,05 mètre.
- Se déplace souvent en bancs de centaine ou de milliers d’individus.
- Requin le plus abondant au monde.
- Présent dans le golfe de juillet à septembre.

L’Aiguillat noir
- Longueur moyenne entre 60 et 75 centimètres.
- Habite en eaux profondes entre 275 et 1600 mètres.
- Présence permanente au Québec, même en hiver.

Pailona commun
- Longueur maximale d’un mètre.
- Espèce de requin la plus profonde connue à ce jour: il a été recensé 3675 mètres.
- Possiblement un résident du Saint-Laurent à l’année.

Roussette maillée
- Longueur maximale d’environ 59 centimètres
- Possède des marques en forme de chaîne sur son corps.
- Requin ovipare (il pond des œufs).
- Visiteur saisonnier rare du Saint-Laurent.

— Avec les informations de l'Obervatoire des requins du Saint-Laurent, Nature Québec, l'Agence France-Presse et The Guardian