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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Voici comment un mystérieux trésor polonais a été caché au Québec, puis retourné en Europe

Des nazis hissent le drapeau du Troisième Reich sur le Wawel en Pologne.
Des nazis hissent le drapeau du Troisième Reich sur le Wawel en Pologne. Photo tirée du site krakowpost.com
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Photo portrait de Martin Landry

Martin Landry

2023-03-25T04:00:00Z
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Le 1er septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne et déclenche ainsi la Seconde Guerre mondiale. Au même moment, de mystérieuses caisses quittent le château de Wawel (château des rois de Pologne Krakow) vers Cracovie. Ces caisses renferment le précieux trésor national polonais qu’on cherche à mettre à l’abri pour qu’il ne tombe pas entre les mains des forces hitlériennes.

Le butin, d’une valeur historique inestimable, est ensuite déplacé en Roumanie, en Grèce, en Turquie, en Italie, dans différentes villes de France et finalement en Grande-Bretagne. 

Ces déplacements clandestins des caisses se font dans de banals véhicules de paysans, sur de crasseuses péniches à charbon, à bord de convois ferroviaires, dans des camions de livraison et sur des navires marchands. 

Une fois la cargaison arrivée à destination, le gouvernement polonais en exil craint que la Grande-Bretagne tombe, elle aussi, aux mains des nazis. 

Divisée à au moins trois reprises, la Pologne est disparue géopolitiquement à la fin du XVIIe siècle pour ensuite réapparaître après la Première Guerre mondiale. C’est dans ce contexte que, de peine et de misère, la Pologne a rapatrié ses trésors les plus précieux, tels que des partitions de Chopin, une des premières bibles de Gutenberg, l’épée Szczerbiec qui couronnait les rois de Pologne, des tapisseries, des coupes en or, des sabres et des armures.
Divisée à au moins trois reprises, la Pologne est disparue géopolitiquement à la fin du XVIIe siècle pour ensuite réapparaître après la Première Guerre mondiale. C’est dans ce contexte que, de peine et de misère, la Pologne a rapatrié ses trésors les plus précieux, tels que des partitions de Chopin, une des premières bibles de Gutenberg, l’épée Szczerbiec qui couronnait les rois de Pologne, des tapisseries, des coupes en or, des sabres et des armures. Photo tirée du site krakowpost.com

C’est dans ce contexte qu’il décide d’envoyer son précieux trésor vers le Canada. 

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Les caisses sont chargées dans le plus grand secret à bord du MS Batory, un bateau-prison qui doit traverser l’Atlantique dans un imposant convoi escorté par des navires de guerre. 

Il faut savoir que ce convoi transporte certes le trésor polonais, mais aussi le trésor britannique. 

On pense qu’il représente le plus gros montant transféré par la mer de l’histoire de l’humanité.

Les trésors voyagent sur l’océan infesté de sous-marins allemands à bord du MS Batory. Comme c’est une traversée dangereuse d’une dizaine de jours, la GRC et la police du rail organisent un impressionnant dispositif de sécurité pour transporter les trésors polonais de Halifax au Consulat général polonais, à Ottawa.
Les trésors voyagent sur l’océan infesté de sous-marins allemands à bord du MS Batory. Comme c’est une traversée dangereuse d’une dizaine de jours, la GRC et la police du rail organisent un impressionnant dispositif de sécurité pour transporter les trésors polonais de Halifax au Consulat général polonais, à Ottawa. Photo tirée de Wikimedia Commons

Sainte-Anne-de-Beaupré

L’épopée du trésor royal polonais termine sa route internationale le 15 juillet 1940, à Ottawa. 

Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’inestimable trésor est hébergé dans un édifice des Archives publiques du Canada, sous la protection de responsables du gouvernement de la Pologne en exil.

Dès le printemps 1945, ces mêmes responsables polonais craignent que leur pays devienne communiste et que le trésor tombe entre les mains de Staline. 

Ils font donc déplacer certaines des caisses les plus précieuses dans une succursale bancaire de la Banque de Montréal, à Ottawa. 

Puis, ils mettent à l’abri une bonne partie des objets précieux ainsi que de grandes œuvres d’art au couvent des religieuses du Précieux-Sang, à Ottawa, et chez les pères rédemptoristes, à Sainte-Anne-de-Beaupré. 

Comme le conservateur polonais en chef l’avait prévu, le Canada reconnaît le gouvernement d’allégeance communiste polonais en juillet 1945. 

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C’est là que ce fabuleux trésor, porteur symbolique de l’âme du peuple polonais, reprend sa course.

Les précieux objets polonais gardés à Sainte-Anne-de-Beaupré sont encore déplacés vers le monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec.

Puis, au printemps 1946, huit caisses, qui étaient conservées dans un couvent d’Ottawa, sont relocalisées et cachées dans la région de Hull, au Québec. 

Réalisée en 1551, cette tapisserie d’or, d’argent, de soie et de laine fait partie d’une des pièces du trésor.
Réalisée en 1551, cette tapisserie d’or, d’argent, de soie et de laine fait partie d’une des pièces du trésor. Photo fournies par Martin Landry

Nouveau gouvernement 

Pendant près de deux ans, les représentants du gouvernement communiste polonais tentent de récupérer la marchandise de grande valeur cachée au Canada. 

Cependant, les objets les plus précieux restent introuvables. Ils devront attendre jusqu’en janvier 1948 pour localiser enfin une partie du butin à l’Hôtel-Dieu de Québec. 

Malgré l’insistance de la Gendarmerie royale du Canada, au Québec, on résiste à remettre la précieuse marchandise aux communistes. 

La supérieure des Augustines, à ce moment-là, ressent une grande pression pour rendre les objets entreposés dans son couvent. 

Ne sachant comment agir avec cette patate chaude, elle se tourne vers le puissant premier ministre du Québec, Maurice Duplessis. 

Le nouveau gouvernement communiste polonais ne plaît pas du tout à Duplessis, qui clame à qui veut l’entendre que la Pologne ne récupérera pas son trésor tant qu’elle sera sous la gouverne des communistes et un pantin de l’URSS. 

Pour dénouer l’impasse dans laquelle se retrouvent les Augustines, Duplessis demande à son garde du corps de trouver une façon de libérer les religieuses de l’embarrassant butin polonais et de le placer en lieu sûr. 

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Robe de Chevalier de l’Ordre du Saint Fantôme fondé par le roi de France Henry III à la fin du XIVe siècle. Cette robe brodée d’argent a été offerte par Louis XIV au roi de Pologne Jean III. On n’en a jamais confectionné plus que six de la sorte dans le monde.
Robe de Chevalier de l’Ordre du Saint Fantôme fondé par le roi de France Henry III à la fin du XIVe siècle. Cette robe brodée d’argent a été offerte par Louis XIV au roi de Pologne Jean III. On n’en a jamais confectionné plus que six de la sorte dans le monde. Photo fournies par Martin Landry

Maurice Duplessis et Jean Lesage

L’officier Walter Duchesnay, aidé d’une poignée de policiers habillés en civil, fait sortir les caisses au nez des autorités fédérales et les embarque dans des camions balisés aux couleurs du ministère des Travaux publics. 

Le convoi prend la direction du musée provincial de Québec, aujourd’hui le Musée national des beaux-arts du Québec. 

Le trésor est placé dans une chambre forte, munie d’une serrure installée par le garde du corps de Duplessis, qui est le seul à pouvoir l’ouvrir. 

Quelques mois plus tard, les caisses cachées du côté de Hull seront transportées, toujours dans le plus grand secret, dans cette même chambre forte du musée.

Maurice Duplessis dénonce sans retenue Joseph Staline et traite les dirigeants communistes polonais d’usurpateurs. 

Grand défenseur de la religion catholique romaine, Duplessis craint l’influence croissante des régimes politiques qui sont athées un peu partout dans le monde. 

Il n’hésite pas non plus à qualifier le gouvernement fédéral, dirigé par le libéral Louis St-Laurent, de collabo communiste. 

Il faudra finalement attendre après la mort du premier ministre Duplessis, en 1961, pour que le gouvernement libéral de Jean Lesage accepte de renvoyer en Pologne le fameux trésor caché au Québec. 

C’est arrivé un 25 mars...

1730

Les Forges du Saint-Maurice, premier établissement industriel au Canada, sont fondées par François Poulin de Francheville, qui obtient un monopole d’exploitation de 20 ans.

1911

Un incendie à la Triangle Shirtwaist Factory fait 146 morts. Cet événement mènera à une réforme des normes de sécurité dans les usines.

1925

Photo d’archives
Photo d’archives

Naissance de l’auteure et animatrice Janette Bertrand.

1934

Horton Smith remporte le premier Tournoi des Maîtres à Augusta en Géorgie.

1947

Naissance du chanteur britannique Elton John.

1949

Photo wikimedia Commons
Photo wikimedia Commons

Parution du premier numéro du magazine Paris Match.

1954

Vente de la première télévision couleur par la compagnie RCA.

1969

John Lennon et Yoko Ono commencent leur bed-in à Amsterdam.

1982

Photo d’archives
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Wayne Gretzky devient le premier joueur de la LNH à obtenir 200 points dans une saison.

1986

Le Canadien Kurt Browning devient le premier patineur à réussir un quadruple saut en compétition.

2003

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Photo d’archives

Céline Dion présente le premier d’une longue série de spectacles à Las Vegas.

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