Voici comment les 100 premiers jours d’Elon Musk au sommet de l’État fédéral ont profondément secoué les États-Unis

AFP
Un massacre à la tronçonneuse. Les 100 premiers jours d'Elon Musk au sommet de l'administration fédérale ont profondément secoué les États-Unis, mais l'homme le plus riche du monde a commencé à revoir ses ambitions à la baisse.
• À lire aussi: Voici quelques exemples des 130 décrets signés par Donald Trump
• À lire aussi: Musk va s'éloigner du gouvernement Trump pour se consacrer à Tesla en difficulté
«À partir du mois prochain, je vais allouer davantage de mon temps à Tesla», et beaucoup moins à l'amaigrissement de l'État fédéral, a annoncé Elon Musk mardi, après la publication de résultats en nette baisse pour sa société de voitures électriques.
Né en Afrique du Sud, il n'y a qu'une seule chose que le patron de Tesla, mais aussi du réseau X et de SpaceX (aérospatiale), ne peut s'offrir aux États-Unis: la Maison-Blanche.
Mais son ralliement -- fort coûteux -- à Donald Trump lui a permis d'obtenir un lot de consolation: devenir l'un des personnages les plus puissants du pays aux côtés du président républicain, allant jusqu'à s'adresser à la presse dans le Bureau ovale avec son fils de quatre ans sur les épaules.
Il n'est officiellement que «conseiller spécial», mais dirige une commission pour l'efficacité gouvernementale, le Doge, chargé de sabrer dans les dépenses et les effectifs. Il n'hésite pas à interpeller les membres du gouvernement en plein conseil des ministres.
Sans craindre l'opposition du Congrès ni les recours judiciaires, le multimilliardaire a donné à sa mission l'énergie d'un patron du privé depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier.
L'une de ses premières mesures: envoyer un courriel à 2,3 millions de fonctionnaires leur offrant un départ à l'amiable. Ceux qui ont choisi de rester sont priés d'envoyer un message électronique hebdomadaire détaillant cinq choses qu'ils ont faites dans la semaine.
Le Doge tout puissant
D'un trait de plume, des administrations entières sont rayées de la carte, notamment l'USAID, l'organisme chargé de l'aide au développement.
Du jour au lendemain, des programmes humanitaires sont suspendus, les employés trouvent porte close à Washington et leurs collègues expatriés se retrouvent sans ressource à l'autre bout du monde.
Mais l'homme qui ambitionne de coloniser la planète Mars n'est pas sujet au doute. Il s'exhibe avec une tronçonneuse offerte par un expert en matière de dégraissage de la fonction publique, le président argentin Javier Milei.
Au Doge, ses jeunes informaticiens font main basse sur des organismes publics.
Exemple au CFPB, l'organe fédéral de protection des clients des banques, perçu comme une entrave à la liberté économique aux yeux des conservateurs.
Le Doge s'empare du système informatique, en exclut les fonctionnaires du CFPB, bloque les transactions financières et met la main sur les messages de l'organisme sur les réseaux sociaux.
«Repose en paix, CFPB», triomphe Elon Musk sur X.
Autres institutions dans le viseur: toutes celles qui ont à voir avec les programmes «DEI»: diversité, équité et inclusion, bêtes noires de la nouvelle administration.
Tesla, victime collatérale
Mais trois mois plus tard, la fusée Musk semble perdre de l'altitude.
Lui qui se faisait fort de biffer 2000 milliards de dollars de dépenses fédérales (sur un total de 7000 milliards) a ramené ces économies à 1000 milliards, puis courant avril à 150 milliards - un chiffre qui lui-même est sujet à caution au vu des erreurs accumulées sur le site internet du Doge, pointées par la presse américaine.
En attendant, son ralliement à Donald Trump nuit à ses affaires, notamment en Europe où ses voitures électriques se vendent mal. Tesla a annoncé mardi une chute de 71% sur un an de son bénéfice net au premier trimestre, en reconnaissant que «le changement des sensibilités politiques» pourrait avoir «un impact marqué» sur les ventes.
Ses adversaires les plus résolus n'hésitent pas à vandaliser, voire à incendier des Tesla.
Quand la fusée redescendra-t-elle?
Juridiquement, un conseiller «spécial» ne peut pas être employé plus de 130 jours, ce qui signifie qu'Elon Musk doit quitter ses fonctions officielles au plus tard cet été.
«À un moment ou à un autre, il retournera» à ses affaires, avait déclaré Donald Trump début avril. «Il en a envie».