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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Voici comment Benjamin Franklin a associé le Québec à un échec de sa vie politique

Photo fournie par la National Gallery
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Photo portrait de Luc Laliberté

Luc Laliberté

2023-03-11T05:00:00Z
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Fils d’un savonnier de Boston, incarnation du self-made-man, scientifique et diplomate, Benjamin Franklin fut sans conteste l’une des premières superstars des colonies américaines et des jeunes États-Unis. Le sage de Philadelphie a vécu peu d’échecs dans son illustre parcours, mais c’est dans la Province of Quebec qu’on a contrecarré l’un de ses projets.

Entre 1763 et la signature de la déclaration d’indépendance, les relations entre les treize colonies se dégradent rapidement. Benjamin Franklin est alors installé à Londres depuis 1757. Sorte d’ambassadeur avant l’heure, il y représente les intérêts des coloniaux et envisage une forme de confédération des treize colonies. C’est d’ailleurs ce dont témoigne le dessin Join or die imaginé par Franklin dès 1754.

Benjamin Franklin, John Adams et Thomas Jefferson discutant de la déclaration d’indépendance.
Benjamin Franklin, John Adams et Thomas Jefferson discutant de la déclaration d’indépendance. Photo fournie par de la Virginia Historical Society

Après l’échec d’un plan pour régler le conflit entre la métropole et ses colonies, le philosophe revient à Philadelphie en 1775 et il intègre rapidement les discussions du congrès continental, le regroupement des délégués des treize colonies.

Un voyage éprouvant

Réunis une première fois en 1774, les délégués des deux congrès continentaux tourneront chaque fois leur regard vers la Province of Quebec. 

Leurs tentatives de rapprochement prendront d’abord la forme de lettres qu’on acheminera aux anciens colons français pour les inviter à s’engager dans les colonies britanniques. S’il n’est l’auteur d’aucune de ces missives, Franklin est associé à cet effort.

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Voici la lettre adressée aux habitants de la Province de Québec, en 1774.
Voici la lettre adressée aux habitants de la Province de Québec, en 1774. Photo d’archives tirée du domaine public

L’impression de ces lettres est réalisée par Fleury de Mesplet. Natif de Marseille installé à Londres en 1773, il se serait lié à Franklin. C’est à cette relation entre les deux amis qu’on attribue plus tard l’arrivée de Mesplet à Philadelphie. 

L’imprimeur s’est aussi joint à la délégation dirigée par Franklin, qui se présente à Montréal en 1776. C’est à cet endroit qu’il va installer sa presse. Après le retrait des troupes américaines, il décide de demeurer à Montréal et fonde La Gazette de Montréal, maintenant The Montreal Gazette.

Prestige

Si les lettres n’ont pas l’effet escompté, on mise beaucoup sur le prestige de Franklin au sein de la délégation pour convaincre les locaux. 

Quand il entreprend le périple, le célèbre septuagénaire se demande s’il n’est pas trop vieux pour une telle aventure.

Il est inquiet, au point de préparer ses adieux. 

Il est on ne peut plus clair dans ce passage : « I begin to apprehend that I have undertaken a Fatigue that at my Time of Life may prove too much for me, so I sit down to write to a few Friends by way of Farewell. »

Le Château Ramezay autour des années 1850 et 1855.
Le Château Ramezay autour des années 1850 et 1855. Photo fournie par le Musée McCord

Franklin a exagéré les effets de cette fatigue, il vivra jusqu’en 1790, mais son passage au Château Ramezay, occupé par les rebelles américains, constituera un échec. Qu’on le traite avec tous les égards et qu’on organise une fête pour souligner l’arrivée de la délégation n’aura aucune incidence sur le résultat final. 

Une plaque au Château Ramezay rappelle qu’à l’époque, l’immeuble a été occupé par l’armée américaine.
Une plaque au Château Ramezay rappelle qu’à l’époque, l’immeuble a été occupé par l’armée américaine. Photo d’archives du Château Ramezay

Il y a peu d’intérêt dans la population et les autorités religieuses se satisfont des concessions britanniques contenues dans l’Acte de Québec de 1774.

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