Au diable le gazon vert: voici comment rendre votre pelouse plus écologique


Andrea Lubeck
Oubliez le gazon parfaitement vert et uniforme comme un terrain de golf: il est temps de faire place aux pelouses plus écologiques. On vous donne des trucs pour que votre aménagement paysager soit un terreau fertile de biodiversité.
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1- Plantez une variété de végétaux
Une pelouse diversifiée, dans laquelle on retrouve une variété d’espèces, c’est encore mieux que celle composée uniquement de graminées de gazon, explique Guillaume Grégoire, professeur adjoint à la Faculté des sciences de l’agriculture de l’Université Laval.
Alors, quelles plantes peut-on ajouter à notre gazon? Ce n’est pas le choix qui manque: le trèfle, l’asclépiade, le thym serpolet et l’herbe à bison en sont quelques exemples.
En magasin, cherchez des semences de couvre-sol ou de prés fleuris, recommande l’organisme Écohabitation.
Pour une pelouse déjà existante, vous pouvez soit laisser les espèces s’implanter naturellement – c’est souvent comme ça qu’on retrouve du trèfle sur des pelouses matures de quelques années – ou encore planter des semences.
Sinon, on commence à voir des rouleaux de tourbe contenant une bonne diversité d’espèces couvre-sol apparaître sur le marché, soutient le professeur Grégoire.
2- Ne tondez pas trop court
Le geste le plus simple à poser pour avoir une pelouse écologique, c’est de ne pas tondre trop court. L’idéal, c’est que votre gazon ait une hauteur de 8 cm lorsqu’il est fraîchement tondu.

«De cette façon-là, la pelouse va avoir un plus grand volume de sol pour aller chercher l’eau et les éléments nutritifs dont elle a besoin», précise Guillaume Grégoire, qui croit également qu’il n’est pas nécessaire d’arroser sa pelouse.
Et tant qu’à y être, laissez donc les résidus de tonte sur le gazon, suggère le professeur. Ça permet au gazon de réutiliser les nutriments et l’eau contenus dans ces résidus lorsque ceux-ci se biodégradent et ça réduit les besoins en irrigation et en engrais.
Pourquoi diversifier sa pelouse?
D’abord, parce que c’est joli. Plusieurs des espèces que l’on peut utiliser pour diversifier sa pelouse produisent des fleurs colorées.
Ensuite, parce que ça aide les pollinisateurs, dont le déclin est alarmant. Le gazon traditionnel n’est pas une plante utilisée par les abeilles. Ajouter des fleurs que les abeilles peuvent polliniser contribue ainsi à assurer leur survie.
Enfin, ça augmente la résilience du gazon. «Si un insecte s’attaque à une des espèces de plantes, ça ne veut pas dire qu’il va s’attaquer à une autre. L’autre espèce va pouvoir compenser, ce qui diminue le risque de stress lié aux insectes et aux maladies, mais aussi au stress hydrique comme le gel, la sécheresse, etc.», détaille Guillaume Grégoire.
Le gazon est écologique malgré tout
Il faut savoir que les pelouses monocultures, faites uniquement de graminées de gazon, ne devraient pas être considérées comme n’étant pas écologiques.
Le gazon comporte plusieurs bénéfices environnementaux intéressants, explique le professeur. D’une part, il aide à la gestion des eaux pluviales en étant perméable, offre une protection instantanée contre l’érosion dès le moment où il est déroulé et s’avère la plante la plus efficace en milieu urbain pour séquestrer du carbone.
C’est plutôt la quête du parfait gazon vert et l’entretien abusif qui devrait être pointé du doigt, ajoute Guillaume Grégoire.

«Les gens qui veulent des verts de golf, très courts, ça occasionne une demande plus importante en eau, en engrais et en pesticides. C’est dans ce contexte-là que le gazon est perçu comme étant une plante pas écologique», dit-il.
Heureusement, au Québec, les mentalités ont beaucoup changé quant à la pelouse parfaite. «C’est extrêmement rare [d’en voir]. Ça ne représente pas la façon dont la majorité des gens entretiennent leur gazon», affirme-t-il.
Les règlements de plusieurs municipalités restreignant l’utilisation de pesticides à des fins esthétiques ont notamment contribué à ce que les Québécois soient davantage tolérants d’une «certaine diversité végétale dans leur pelouse» et qu’ils «recherchent moins un gazon parfait et plus un gazon qui est en santé», poursuit le professeur.
Il souligne néanmoins qu’il faut continuer à faire de l’éducation sur l’entretien abusif de pelouse.