Voici ce qu'il faut savoir sur les funiculaires de Lisbonne
AFP
Avec leur charme un peu suranné, les funiculaires de Lisbonne sont peu à peu devenus un passage obligé pour les touristes, mais ils ont longtemps été un moyen de se déplacer comme un autre pour les Lisboètes.
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«Pour les touristes c'est une attraction, mais pour nous c'est un simple moyen de transport», explique jeudi à l'AFP José Silva, un retraité encore sous le choc, au lendemain du déraillement d'un de ces funiculaires, qui a fait 16 morts et cinq blessés graves, selon un bilan revu à la baisse par le premier ministre Luis Montenegro.
Un précédent bilan erroné du service municipal de protection civile, avait fait état de 17 morts.
«C'était l'un des moyens les plus pratiques pour se rendre au Bairro Alto», raconte-t-il à propos de celui qui a déraillé. José Silva a travaillé dans les années 1960 comme livreur de journaux et se rendait tous les jours dans ce quartier qui abritait alors de nombreuses imprimeries et rédactions.
«À l’époque, il n'y avait pas autant de touristes» et le funiculaire était surtout emprunté par les habitants de la ville, poursuit-il en promenant son chien dans la «Baixa», le cœur historique de Lisbonne, surnommée la ville aux sept collines.
Comme lui, de nombreux habitants de la capitale portugaise conservent un souvenir personnel de ces ascenseurs mécaniques.
«Tous les Lisboètes l'ont pris au moins une fois», abonde Adelaide Alves, une coiffeuse de 57 ans, qui travaille dans le centre-ville.
«C'est peut être bête à dire mais je ne m'y sentais pas forcément à l'aise, alors ne je le prenais pas souvent, mais parfois on n'a pas le choix! La montée à pied est très délicate. C'est glissant comme du beurre!», assure-t-elle.
Elle n'arrive pas à décrocher les yeux de la Une des journaux qui s'étalent dans le kiosque de son quartier où nombreux sont ceux qui s'arrêtent pour partager leur émotion après ce que la presse surnomme «la tragédie de Lisbonne».
«Je n'en revenais pas»
Pour eux, le funiculaire de la Gloria inauguré en 1885, composé de deux wagons jaunes qui montent et descendent alternativement par un système de contrepoids, un dénivelé de 48 mètres sur 265 mètres de long, a toujours fait partie de l'histoire de la ville.
Après l'accident, la mairie a décidé de suspendre le fonctionnement des trois autres funiculaires de la ville pour vérifier les conditions de sécurité.
Ces dernières années, avec l'essor du tourisme, les funiculaires jaunes centenaires, tout comme les tramways de la même époque, sont devenus des symboles emblématiques d'une ville qui a accueilli plus de cinq millions de visiteurs en 2023.
Un tourisme qui exaspère parfois certains riverains, qui ont délaissé trams et funiculaires au fil des ans au profit d'autres alternatives plus modernes comme le métro ou les bus.
Avec ses ruelles étroites et pavées, le «Bairro Alto», ancien quartier ouvrier qui s'étend sur l'une des collines de Lisbonne, est aujourd'hui un passage incontournable pour les touristes.
Mais après l'accident de mercredi, beaucoup oscillent entre incrédulité et peur rétrospective.
«Ce matin quand je me suis levé et que j'ai lu les nouvelles, je n'en revenais pas... C'est très dur!», confie Matteo Diaz, un touriste colombien de 27 ans, présent près des lieux de l'accident, où la carcasse dévastée du wagon jaune est toujours visible.
«Justement, nous parlions de monter avec ce funiculaire (...) mais il y avait la queue et (...) nous ne sommes finalement pas montés», raconte «un peu soulagé» à l'AFP, Antonio Javier, un touriste espagnol âgé de 44 ans.