Voici 8 idées pour la prochaine «grande corvée» de Francois Legault

Michel Girard
Dans le but de contrer les menaces tarifaires proférées par Donald Trump, le premier ministre François Legault a invité les Québécois à unir leurs forces en proposant des solutions dans le cadre d’une grande corvée visant à faire du Québec une province moins dépendante des États-Unis au chapitre de nos exportations.
Comme les États-Unis accaparent un peu plus de 70% de nos exportations, l’imposition éventuelle de tarifs douaniers américains, que ce soit 25% ou même 10%, aurait un impact catastrophique sur la rentabilité de nos entreprises. Cela pourrait plonger le Québec en pleine récession, et entraîner des milliers et des milliers de pertes d’emplois.
Que le gouvernement Legault lance le Québec dans une «grande corvée», c’est... bien.
1. MAIS LA PRIORITÉ NUMÉRO 1 DE LEGAULT?
C’est très rassurant de voir le premier ministre prendre à court terme l’engagement de soutenir nos entreprises qui auront des problèmes de liquidités advenant l’entrée en vigueur des tarifs douaniers de Donald Trump.
Il a rappelé à juste raison que le Québec peut compter sur «des instruments d’État puissants» avec Hydro-Québec, la Caisse de dépôt et Investissement Québec. De plus, ajoute-t-il: «On a des institutions financières solides avec la Banque Nationale, avec Desjardins. On a nos compagnies d’assurance, nos fonds de travailleurs de la FTQ, de la CSN et plusieurs autres institutions solides.»
S’ajoute à cela l’appel patriotique de François Legault: «Le monde, notre monde est en train de changer. Je n’ai pas toutes les réponses. Mais ce que je sais, c’est qu’on doit se relever les manches. On doit se battre! Puis, on doit le faire ensemble, intelligemment, à la québécoise. Vive le Québec!»
«Mais n’oublions pas que notre meilleur marché, ça reste le Québec», de conclure François Legault.
Cela dit, le ministre des Finances Eric Girard est actuellement en pleine consultation prébudgétaire alors qu’il rencontre les dirigeants d’un grand nombre d’organismes en vue de connaître leurs priorités budgétaires, tout en les invitant à déposer un mémoire à cette fin.
Voici des «priorités» qui ont retenu mon attention.
2. QUE FAIRE POUR FAVORISER L’ACHAT LOCAL?
Selon le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), les géants chinois de la vente en ligne, comme Temu et Shein, envahissent le marché canadien avec leurs produits à bas prix. Cela se fait «souvent» au détriment des commerces locaux et des standards de qualité, de sécurité et de respect de l’environnement.
Le CQCD recommande à Québec d’imposer l’application d’un «bonus-malus» de 5$ sur des produits déterminés de moins de 5$ (vêtements, chaussures) qui sont vendus par ces plateformes. De plus, il faudrait que ces plateformes de commerce électronique étrangères, comme Shein et Temu, soient reconnues comme des opérateurs économiques, afin, de dire le CQCD, qu’elles soient juridiquement responsables de leurs produits.
3. COMMENT RÉGLER LA PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE?
En vue de régler le problème de pénurie de main-d’œuvre dans le commerce de détail, le CQCD recommande au gouvernement Legault de rétablir le crédit d’impôt pour la prolongation de carrière, le faisant passer à 2800$ par an, pour le travailleur âgé de 60 à 64 ans, afin de rendre plus attrayant le maintien en emploi des aînés.
Et concernant les travailleurs âgés de 65 ans ou plus, le CQCD propose de doubler l’actuel crédit d’impôt pour la prolongation de carrière en le faisant passer à 3080$ par an.
4. QUE FAIRE POUR FACILITER LA CONSTRUCTION DE LOGEMENTS ABORDABLES?
Lors de la mise à jour économique de novembre 2023, le gouvernement du Québec avait annoncé la construction de 8000 nouveaux logements sociaux et abordables sur 5 ans, avec une enveloppe de 1,8 milliard de dollars.
Comme mesure complémentaire, Option consommateurs invite le gouvernement Legault à supprimer la TVQ sur la construction des nouvelles coopératives de logements locatifs et sur les constructions neuves de logements sociaux. Le fédéral a déjà supprimé pour sa part la TPS sur la construction de logements locatifs.
5. COMMENT LUTTER CONTRE LES HAUSSES DE LOYER?
Option consommateurs invite le gouvernement Legault à mettre en place un registre provincial des loyers. Le but? Lutter contre la hausse des loyers en donnant l’occasion au locataire de vérifier le loyer payé par les anciens locataires.
6. COMMENT ÊTRE PLUS ÉQUITABLE ENVERS LES AÎNÉS À FAIBLES REVENUS?
Le crédit d’impôt pour le soutien des aînés accorde aux personnes de 70 ans et plus un montant maximal de 2000$ par personne ou 4000$ pour un couple dont chacun des conjoints est âgé de 70 ans à la fin de l’année.
Étant remboursable, ce crédit d’impôt représente une indispensable source de revenus pour les aînés à faibles ou moyens revenus. Par conséquent, Option consommateurs recommande au gouvernement du Québec d’offrir ce crédit d’impôt remboursable à toutes les personnes à faibles revenus ayant de 65 à 69 ans. Près de 40% d’entre elles gagnent moins de 25 000$ par année.
7. COMMENT PROTÉGER LES CONSOMMATEURS DANS LE SECTEUR ALIMENTAIRE?
Selon Option consommateurs, il faudrait que le projet de loi 72 sur les obligations d’affichage des prix dans le secteur alimentaire encadre également la «réduflation».
Source importante de confusion pour les consommateurs en épicerie, la pratique de «réduflation» consiste à réduire subtilement la quantité d’un produit tout en conservant le même prix, de manière à camoufler une augmentation du coût du produit.
8. COMMENT AMÉLIORER LE SORT DES TRAVAILLEURS ÂGÉS?
L’Observatoire de la retraite propose de rallonger de plusieurs années la période d’admissibilité aux deux fonds de travailleurs, soit le Fonds de solidarité de la FTQ et Fondaction de la CSN.
Actuellement, les contribuables âgés de 65 ans et plus ne peuvent pas bénéficier des deux alléchants crédits d’impôt (15% Québec,15% Ottawa) alloués pour les cotisations aux fonds de travailleurs.
L’Observatoire recommande aux gouvernements de permettre aux travailleurs de 65 ans et plus d’y cotiser jusqu’à l’âge de 71 ans. Le montant maximal des cotisations annuelles aux fonds de travailleurs est plafonné à 5000$, rapportant ainsi jusqu’à 1500$ en crédits d’impôt (750$ de Québec; 750$ du fédéral).