Vive le Canada!


Sophie Durocher
Wô, on se calme! Avant que vous pensiez que j’ai viré capot et que je suis devenue fédéraliste, je vous précise tout de suite: vive le PAVILLON du Canada.
Je suis en voyage au Japon et, quand je suis arrivée à Osaka, où a lieu l’exposition universelle 2025, je me suis rendue à reculons dans le pavillon du Canada. J’ai montré mon passeport canadien (car on donne priorité aux citoyens de chaque pays dans chaque pavillon) et... j’ai CAPOTÉ. Ce pavillon est époustouflant.
Avouez que c’est quand même ironique: si le pavillon canadien est aussi réussi, c’est grâce... au Québec.
LE GÉNIE QUÉBÉCOIS
Le site d’Expo 2025 est sur l’île de Yumeshima. On s’y rend en métro. Tout est super bien organisé: on vous remet même des ombrelles pour vous protéger du soleil (il faisait 38 degrés le jour de ma visite).
Le site est entouré de la plus grande structure de bois au monde. Tous les pavillons sont des merveilles d’architecture, de l’Azerbaïdjan à l’Arabie saoudite.
Celui du Canada est splendide: il a été conçu par des architectes québécois (le studio multidisciplinaire Mirari, les firmes Rayside Labossière et GP Architecture). On dirait de grands blocs de glace ou de neige. Et la direction artistique et la mise en scène sont signées Robert Lepage et Steve Blanchet (d’Ex Machina).
C’est une exposition totalement immersive qui fait appel à la réalité augmentée. Dès l’entrée, on vous remet une grosse tablette, de type iPad, avec un manche que vous tenez dans votre main. Vous vous retrouvez devant neuf gros blocs blancs, qui ressemblent à des icebergs. Vous pointez votre tablette sur les blocs et là... la magie opère. Des personnages, des paysages, des animaux apparaissent devant vos yeux comme si c’était vrai! Oh, une aurore boréale! Oh, un papa qui pêche avec sa fille! Oh, un spectacle de musique! On passe de l’infiniment grand (les Rocheuses ou les forêts de sapins) à l’infiniment petit (des poissons des cheneaux sous la glace). Le château Frontenac! Les gratte-ciel de Toronto! Un castor! Un bison! Des amis réunis autour d’un feu de camp!
Je n’ai pas une once de fibre patriotique face à la feuille d’érable, mais la géographie unique de ce pays est magnifiquement mise en valeur dans cette expo participative. Les chutes du Niagara apparaissent ici, les blonds champs de blé de l’ouest apparaissent là.
Le pavillon de la Belgique était une infopub pour son secteur pharmaceutique et celui de la France, une infopub pour Louis Vuitton. Le pavillon espagnol se conclut avec des grandes phrases creuses comme: «L’Espagne, c’est le soleil.» Ah oui? Ah bon, je n’y avais pas pensé.
Alors que les autres pavillons (du moins ceux que j’ai vus) sont comme des diaporamas de sous-sol, celui du Canada offre... une expérience.
VIVE ROBERT LEPAGE
J’ai vu des tonnes de projets de Lepage depuis 40 ans, du Moulin à images de Québec à Courville et 887, en passant par Les sept branches de la rivière Ōta ou La trilogie des dragons. Et l’expérience poétique et technologique du pavillon d’Osaka est peut-être l’un des plus émouvants projets de ce génie créatif!
Bref, au pavillon du Canada, je n’ai jamais été aussi fière... d’être québécoise!