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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Visite du pape: un geste à saluer sans réserve

Le pape a fait une visite au Canada entièrement centrée sur les enjeux autochtones

Photo d'archives Didier Debusschère
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Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2022-08-02T19:00:00Z
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Le pape est venu au Canada et a pratiquement fait fi des croyants et pratiquants catholiques du pays. L’homme de 85 ans aux déplacements difficiles a concentré ses messages et son attention sur un groupe : les autochtones. Le programme de tout son voyage, comme chacun de ses discours, était centré sur la réconciliation souhaitée.

Il s’est passé des choses ignobles, innommables dans les pensionnats autochtones. C’est la raison pour laquelle les excuses devaient venir du plus haut niveau. C’est aussi la raison pour laquelle le sujet prend autant de place et que les paroles de réconciliation doivent s’accompagner de compensations financières et de gestes concrets.

En vacances, j’ai suivi d’un œil dégagé mais attentif les réactions aux des discours de main tendue du pape François. Pas assez, pas les bons mots, pas assez émotivement senti, pas assez loin, pas aussi fort au Québec qu’à Edmonton... Beaucoup de négatif. On en vient à se demander ce qui était attendu.

Rien à faire

J’ai entendu la réaction de nombreux Québécois qui ont ressenti que les dés étaient pipés. Certains représentants des Premières nations ont donné l’impression que peu importe les paroles et les gestes, ce serait toujours qualifié d’insuffisant. 

Comme si on voulait garder un élastique tendu pour obtenir davantage. Comme si on avait l’impression qu’en acceptant cette main tendue, tout le dossier serait refermé. Comme si une participation positive au processus de réconciliation allait avoir pour effet d’enlever toute la pression sur le processus de réparation.

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Cette façon de raisonner a atteint sa limite. Les efforts en faveur de la réconciliation sont si énormes que nous en sommes dorénavant à une autre phase. Les Premières nations ont connu l’indifférence et craignent de retourner en arrière. Or à ce point-ci, le plus gros risque est tout autre.

Si les gestes forts de réconciliation demeurent sans réponse positive, ce sont les promoteurs de la réconciliation dans la société qui vont s’essouffler. 

Le pape vient, ce n’est pas assez. Le gouvernement Trudeau a plus que doublé les budgets consacrés aux Premières nations : c’est trop peu. Il y a un moment où même les plus ouvert à ces efforts de réparation finiront par se dire que c’est peine perdue, que les efforts ne seront jamais appréciés. 

Cela ouvrirait grande la porte à des partis politiques qui proposeraient au contraire de mettre un cran d’arrêt au processus. Ce qui ne serait dans l’intérêt de personne.

Par étape

La réparation de fautes aussi lourdes exige du temps et des efforts. Un processus qui exige du temps est forcément un processus fait de multiples étapes. Celui qui gravit une haute montagne doit garder le regard vers l’avant, mais il doit aussi à chaque étape réussie regarder derrière et se féliciter du chemin parcouru et des embûches franchies. Cela sera source d’encouragement pour persévérer.

La même logique s’applique au processus de réconciliation. Les récentes années ont été l’occasion d’avancées majeures.

Et le voyage du pape représente un geste très fort qu’il faut saluer sans réserve.

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