Visite de tournage de «Gâtées pourries»: une nouvelle série sur l'amitié
«Gâtées pourries» sera disponible sur la plateforme Crave en 2025.

Alicia Bélanger-Bolduc
Le 24 octobre dernier, l’équipe était invitée sur le plateau de la toute nouvelle série Gâtées pourries, qui sera disponible sur Crave en mars 2025. Lorsque trois femmes déjà renommées pour leur talent se réunissent et écrivent sur leur complicité... cela annonce une production très prometteuse!
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Gâtées pourries explore avant tout le thème de l'amitié, un sujet cher aux trois coautrices, Anne-Élisabeth Bossé, Suzie Bouchard et Pascale Renaud-Hébert. Les personnages de Justine (Suzie), Kim (Anne-Élisabeth) et Frédérique (Pascale), qui sont dans la mi-trentaine, mènent une vie épanouie, ce qui ne correspond pas toujours aux attentes de la société. Cette série met en lumière l’amitié tout en donnant la parole à des femmes qui se sentent souvent en décalage. C'est une comédie qui nous permet de réfléchir aux standards établis et de reconnaître que s'adapter à un moule n'est pas nécessairement la façon d’être heureuse.
La vie à la mi-trentaine
Sur place, nous avons déjà une bonne idée de ce à quoi nous attendre de cette production. Nous avons pu retrouver l’équipe dans une belle maison moderne sur la rive sud de Montréal. L’énergie est bonne et les rires se font entendre en catimini pendant la scène où le personnage de Justine se fait surprendre pour sa fête par ses deux meilleures amies, Kim et Frédérique, et son collègue de travail, un humoriste déchu interprété par Mani Soleymanlou. En quelques répliques, nous comprenons la dynamique de ce trio d’amies, les malaises, les sous-entendus, et certaines ambiguïtés qui passent dans le regard des actrices.
De New York... à Montréal
Anne-Élisabeth nous raconte qu’il y a deux ans, jour pour jour, les trois filles, qui se sont connues par l’improvisation, étaient en voyage à New York et l’idée leur est apparue dans un paysage assez féérique. «On était sur le bord de la rivière Hudson, la lumière était magnifique. On prenait des photos, mais on n’était jamais totalement satisfaites. On s’est mises à niaiser sur un sketch, à imaginer trois filles en voyage qui traînent un réflecteur pour avoir les meilleures photos. Après ça, ça s'est transformé en sitcom. On a lancé l’idée à des gens qui ont trouvé ça le fun, et c'est devenu ce qu'on appelle maintenant Gâtées pourries!»
Anne-Élisabeth: «C’est très énergisant comme projet»

Anne-Élisabeth, vous en êtes à la moitié du projet. Comment se passent les tournages?
Très bien! C'est drôle parce que, quand les gens me demandent ce que je fais en ce moment, je leur réponds que je viens de commencer un tournage, mais on en a plus de la moitié de fait! J'ai encore l'énergie du début et je sens que ça vient juste de commencer. Peut-être parce que je suis habituée à faire des 100 jours sur Indéfendable, et que, dans ma tête, 15 jours, c'est le début! Ce n'est pas du tout épuisant, c’est très énergisant. Chaque situation que tu as écrite, tu as hâte de la voir se matérialiser, et ça me stimule beaucoup. Ça fait que j'ai du gaz, là!
Tu as coécrit la série, donc ton rôle. Comment on te retrouve dans le personnage de Kim?
Au début du projet, ça ne faisait pas super longtemps que j’étais séparée, donc ce sont des défis que je traversais. On est toutes parties un petit peu de nous dans l'écriture. Puis, après ça, ç’a été intéressant de mettre plus de fiction. Finalement, mon personnage travaille dans la mode. Elle a besoin de beaucoup d'attention et elle ne veut pas vieillir. C'est une femme à hommes, elle est beaucoup dans la séduction. Son but ultime, c’est de se faire un chum. Traverser la fin de la trentaine seule, c’est impensable pour elle.
Est-ce que l’écriture de ce projet a été thérapeutique pour toi?
Chaque projet est thérapeutique à sa manière et devient une expérience humaine. Dans notre cas, j'avoue qu'on a vraiment les deux pieds dans la comédie, donc ç’a été plus une partie de plaisir. Bien que ça parte de nous, ce n’était pas un grand parcours spirituel. Le but, c'est que ce soit très agréable à regarder et que les gens soient surpris par nos blagues. Par contre, j’espère que ce sera salvateur pour certains de s'identifier au fait que ce n’est pas tout le monde qui a tout et qu’on a le droit d’être dans les limbes, même à 30 ans.
Est-ce qu’on vous souhaite une deuxième saison?
Ah bien, on en souhaite deux, trois, quatre! Elles peuvent vivre plein d’aventures, ces filles-là! Dans le meilleur des mondes, c'est universel et les téléspectateurs sont au rendez-vous, mais on a écrit cette série en pensant à ce qu’on aimait et à ce qui nous faisait rire. En même temps, le réalisateur qu’on a choisi, François St-Amant, amène beaucoup plus de dimensions et permet d'aller ratisser plus large. Je ne vois pas pourquoi quelqu'un de 60 ans ne pourrait pas se sentir perdu dans sa vie et se retrouver dans cette série!
Toujours amies après l’écriture à trois!
Écrire à trois n’est pas une tâche facile. Pourtant, les trois coautrices semblaient nous dire que tout s’est fait naturellement. «On était pas mal tout le temps d'accord. Quand ça ne fonctionnait pas, on s'épaulait. C'était assez fluide comme méthode de travail. Aussi, on a des cerveaux qui fonctionnent un peu pareil, on trouve les mêmes choses drôles», nous mentionne Pascale. Suzie a eu, elle aussi, beaucoup de plaisir à écrire. «On s'est divisé les étapes et on a vraiment choisi de bien exploiter les forces de chacune.» Les trois femmes se sont inspirées de leur quotidien pour écrire leurs rôles, sans trop s’y coller. «C'est comme des versions décalées de nous, mais on s'inspire quand même de notre vécu. Mon personnage, Justine, est une avocate qui travaille très fort, mais qui n’aime pas son job. C’est essentiellement quelque chose que j’ai vécu, dans le même milieu», nous explique Suzie. Pascale se retrouve aussi dans son personnage de Frédérique. «Je pense qu’on a pris toutes les trois des traits de nous, puis qu’on les a exagérés. Je fais de l'anxiété dans la vie, mais c'est une anxiété qui est assez contrôlée. Pour moi, c'est devenu plus un moteur, mais mon personnage est très anxieux. Ça part de traits qu'on a nous-mêmes, mais on en a fait des personnages à part entière.»

Série de premières fois
Plusieurs personnes se sont retrouvées dans une nouvelle position, que ce soit dans le jeu ou l’écriture. Pour Anne-Élisabeth, c’est la première série qu’elle a développée. «Les filles sont chevronnées, très bonnes. J'ai dû être enlignée un peu plus que les autres, mais dans l'harmonie!» Pour l’animateur Nicolas Ouellet, qui incarne le conjoint de Pascale dans la série, mais aussi dans la vraie vie, c’est un plaisir d’essayer quelque chose de différent. «Ma philosophie, en ce moment, c'est de ne dire non à aucune expérience qui, dans ma tête, a du sens. S'il y avait une autre situation de ce genre qui se présentait, je dirais oui!» C'est donc la première fois que le couple jouait ensemble. «C'est tellement le fun! Tu viens au travail jouer avec tes meilleures amies et ton chum... C'est vraiment de la chance», nous mentionne Pascale. Bien que Suzie soit une scénariste expérimentée, elle est devant les caméras pour la première fois. «Honnêtement, j’avais des craintes, mais je suis juste agréablement surprise depuis le début. Ça a l'air bien quétaine de dire ça, mais je suis dans la grande gratitude. Mes amies et le réalisateur, François St-Amant, m’aident beaucoup! Au début, j'avais un petit peu sous-estimé les aspects techniques ou les termes comme "être sur sa position". C'était une courbe raide la première semaine, mais je me sens plus à l'aise maintenant.»

Un sujet rassembleur
Quoi de plus universel que de parler d’amitié? Gâtées pourries dépoussière plusieurs tabous sur le sujet. «C’est d'abord et avant tout l'idée d'un trio féminin et d’une complicité féminine forte. Je pense que ce sont trois filles qui ont des questionnements assez existentiels, qui sont liés au moment où elles sont dans leur vie. Il y a cette pression dont on ne parle pas nécessairement, dans la trentaine, et on veut rejoindre et normaliser ces questionnements. Je pense que ça va aussi donner une certaine parole à ces filles-là», nous a confié Pascale.
Gâtées pourries sera disponible sur la plateforme Crave en mars 2025.




