Visite de Charles III: la monarchie de plus en plus impopulaire au Québec

Le roi Charles III arrive à Ottawa alors que la monarchie est de plus en plus impopulaire au Québec: 9 Québécois sur 10 ne se reconnaissent pas dans cette institution, et plus de 1 sur 2 veulent l’envoyer aux oubliettes.

«Si on avait le choix, on préférerait s’en débarrasser», résume Sébastien Dallaire, vice-président de la firme de sondage Léger, qui a interrogé les Québécois pour Le Journal-TVA Nouvelles.

87% des répondants indiquent n’éprouver aucun attachement envers la monarchie britannique. C’est plus encore qu’en 2022 (81%), quand Léger a posé la même question à notre demande.

Hommes et femmes de tous âges, francophones ou pas, sont tous sur la même longueur d’onde: cette institution ne fait pas partie de leurs valeurs.

 

Des célébrités

Le rejet du roi Charles III n’est cependant pas complet, souligne M. Dallaire, puisque les sondés sont mitigés concernant l’invitation qui a été faite au souverain de lire le discours du Trône demain.

47% y sont défavorables, mais 36% approuvent l’idée du premier ministre Mark Carney, qui a personnellement invité le monarque à faire le voyage depuis Londres, à nos frais.

De plus, même si le roi est le moins populaire de la famille royale auprès des Québécois (31% d’opinion positive), «il y a un capital de sympathie envers ses enfants, même au Québec», remarque le sondeur.

Le prince William et son épouse, Kate, sont tous les deux les plus populaires auprès des sondés (50% et 54% d’opinion positive). C’est eux qui accéderont au trône au décès de Charles III. Le monarque de 76 ans est atteint d’un cancer, à propos duquel on connaît très peu de détails depuis son annonce, au début de l’année 2024.

Mais malgré cette aura de célébrité qui pousse le public à suivre les péripéties du clan Windsor, la majorité des Québécois (52%) voteraient pour mettre fin à la monarchie et pour la création d’une république, si le Canada tenait un référendum sur cette question, d’après le sondage Léger.

 

Le modèle de la Barbade

C’est le chemin qu’a emprunté l’île antillaise de la Barbade en 2021, après quatre siècles de sujétion au souverain britannique.

Au Canada, «juridiquement, il n’y a pas une loi qui peut être adoptée, il n’y a pas une nomination qui peut être faite sans la participation de la monarchie», rappelle Patrick Taillon, professeur de droit constitutionnel à l’Université Laval.

«Or, si on veut être un vrai pays, il faut un jour être capables d’avoir des symboles, des institutions qui sont pleinement canadiens», plaide le juriste.

Pour lui, la Barbade pourrait servir d’exemple au Canada. Cet État caribéen a coupé le lien avec le monarque tout en conservant l’équivalent d’un gouverneur général. Il est désormais élu par les parlementaires et non plus nommé juridiquement par le roi. Ceci a permis aux Barbadiens d’éviter d’entreprendre une réforme trop profonde et complexe de leurs institutions.

Ce sondage omnibus web a été réalisé auprès de 1011 répondants entre le 16 et le 18 mai 2025. Sa marge d’erreur présumée est de ±3,08%, et ce 19 fois sur 20.