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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Visite à Québec: le pape s’excuse à nouveau aux Autochtones

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, le pape François et la gouverneure générale du pays Mary Simon à la Citadelle de Québec.
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, le pape François et la gouverneure générale du pays Mary Simon à la Citadelle de Québec. Photo AFP
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Jérémy Bernier et Dominique Lelièvre

2022-07-28T03:42:13Z
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Dès son arrivée à Québec, le pape François a de nouveau offert ses excuses et exprimé sa « honte » pour les sévices qui ont été causés aux communautés autochtones pendant des générations par des représentants de l’Église catholique.

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« Cette histoire de douleur et de mépris, issue d’une mentalité colonisatrice, ne se guérit pas facilement », a reconnu le Saint-Père lors d’un long discours visant à renouer avec les Premières Nations, mercredi soir. 

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Après avoir offert des excuses semblables aux communautés autochtones lundi, à Maskwacis en Alberta, plusieurs craignaient que son passage à Québec ait des allures de fête. 

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Photo AFP
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Il est d’ailleurs apparu tout sourire à son arrivée à la Citadelle, lorsqu’il a été reçu par le premier ministre du pays Justin Trudeau et la gouverneure générale du Canada, Mary Simon.  

Mais il n’aura toutefois pas fallu bien longtemps pour que le pape François affiche une mine solennelle, bien conscient des raisons qui l’ont amené dans la Vieille Capitale. 

Beaucoup à apprendre 

« Notre désir est de renouveler la relation entre l’Église et les peuples autochtones du Canada, une relation marquée à la fois par un amour qui a porté d’excellents fruits et, malheureusement, par des blessures que nous nous engageons à comprendre et à soigner », a-t-il affirmé.

Le Saint-Père s’est aussi permis quelques apartés concernant des thèmes sans rapport aux Premières Nations. 

Accueilli par des chants et un rituel traditionnels visant à favoriser le dialogue et le pardon, le souverain pontife a semblé attentif aux propos énoncés par des dignitaires autochtones. 

Pas la fin de l’affaire

Il a d’ailleurs dit vouloir promouvoir les cultures autochtones, dans toutes leurs facettes, affirmant que les représentants de ces peuples « ont beaucoup à nous apprendre ».

De son côté, le premier ministre Trudeau a rappelé que les peuples autochtones attendent des excuses depuis 2015, lors de la publication du rapport final de la Commission de vérité et de réconciliation. 

Dans son discours de lundi, l’absence de référence à des violences sexuelles ou de reconnaissance d’une responsabilité de l’Église catholique en tant qu’institution de la part du Saint-Père a d’ailleurs été déplorée par certaines personnalités autochtones.

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« La réconciliation, c’est notre responsabilité à nous tous. Mais demander pardon n’est pas la fin de l’affaire », a lancé M. Trudeau, s’adressant notamment au pape François. 

Une visite qui se déroule sous le signe de la retenue 

Le Journal s’est entretenu avec le théologien Jean-Guy Nadeau pour analyser le discours de mercredi du pape François et l’accueil qui lui a été réservé à Québec.

La foi des survivants

De nombreux survivants des pensionnats étaient présents sur les Plaines, malgré les horreurs qu’ils ont subies chez les religieux.

« Leur foi m’impressionne. Avec tout ce qu’ils ont vécu, ils accordent quand même une valeur à la présence du pape et à sa parole », observe le théologien Jean-Guy Nadeau.

Ce dernier remarque que les regrets du Saint-Père étaient plus clairs que ceux qu’il a prononcés dans les derniers jours.

« Sa demande de pardon m’a semblé vraiment adressée aux gens qui étaient là plutôt qu’à Dieu. » 

Discours éparpillé

Le pape François l’a répété : sa visite au Canada est un pèlerinage pénitentiel qui vise la réconciliation avec les Autochtones.

Or, le théologien Jean-Guy Nadeau regrette que le souverain pontife ait abordé autant d’autres enjeux pendant son discours : l’accueil des Ukrainiens, l’importance de l’environnement, la pauvreté...

« Mon problème, c’est qu’il a parlé de trop d’autres sujets [que les torts faits aux Premières Nations]. L’environnement, c’est cute, mais ce n’est pas ce que les Autochtones étaient venus entendre », soutient-il. 

Ambiance chargée

L’accueil plutôt sobre réservé au pape François contraste avec celui qu’a reçu Jean-Paul II en 1984.

« Jean-Paul II était venu en pleine gloire, à 64 ans, alors que le pape François, oui, est aimé par les gens, mais n’est pas une star », fait valoir le professeur retraité.

Et le contexte est totalement différent, alors que l’Église reconnaît désormais les ravages des pensionnats autochtones qu’elle administrait.

« Cette fois-ci, on est loin de la fête. Le pape parle de choses difficiles », dit M. Nadeau. 

— Propos recueillis par Nora T. Lamontagne

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