Violence faite aux femmes: un rapport accablant rendu public
Des femmes ne se sentent plus en sécurité dans un arrondissement du nord et nord-est de Montréal

Marc Sandreschi
Des jeunes filles des écoles du quartier Villeray–Saint-Michel–Parc Extension à Montréal sont si craintives pour leur sécurité qu'elles apprennent des techniques d’autodéfense en cas d’enlèvement, selon un rapport de recherche sur la violence faite aux femmes qui sera publié vendredi.
Le Centre international pour la prévention de la criminalité (CIPC) dresse un diagnostic alarmant sur la sécurité des filles, des femmes et des aînées, entre 2015 et 2021, dans cet arrondissement du nord et du nord-est de la métropole.
Les chercheurs ont recueilli des témoignages qui tendent à démontrer que le sentiment de sécurité en prend un sérieux coup.
Entre autres, «certaines adolescentes se sont dites conscientes de l’importance de ne pas sortir avec un bandeau bleu et que les bandanas des couleurs affiliées aux gangs sont interdits à l’école», peut-on lire dans le rapport.
Cette mise en garde vestimentaire vise notamment à prévenir certaines agressions pouvant aller jusqu’à l’enlèvement. On y dénote aussi d’une façon importante des violences psychologiques en milieu scolaire.

D’autres ont indiqué «que des hommes peuvent les suivre si elles s’habillent d’une certaine façon ou si elles ont une “forme” particulière», lit-on aussi dans le rapport.
L’une d’elles a même témoigné s’être fait suivre après son travail pendant des mois et a dû modifier ses trajets pour tenter de le déjouer.
Et ce cas n’est pas isolé, car «des témoignages de jeunes filles de 12 à 25 ans de tous les quartiers reflétaient des “histoires” similaires», indique le rapport.
Cris de détresse
La crainte est telle que des mères de famille hésitent de plus en plus à laisser sortir leurs adolescentes tard le soir, car elles ne croient plus qu’elles sont en sécurité lorsqu’elles se déplacent dans le quartier.
Tout aussi désolant, plusieurs jeunes filles ont témoigné qu’elles espèrent que «leur cri puisse être entendu afin d’obtenir de l’aide», si elles se trouvaient en danger.
Selon le rapport, la police a signalé que 4956 femmes ont été victimes de crimes contre la personne entre 2015 et 2021 dans cet arrondissement.
Voies de fait, agressions armées, menaces, harcèlement criminel et agressions sexuelles sont les principales infractions qui font partie de ce triste bilan.

Face à la problématique, le rapport dresse 11 recommandations afin de trouver des solutions.
Extraits de quelques recommandations
-Favoriser la mobilisation communautaire pour mieux intervenir en matière de prévention des violences
-Favoriser les approches globales en matière de prévention des violences
-Renforcir les liens de confiance entre les citoyennes et les institutions publiques appropriées afin d’augmenter le sentiment de sécurité
-Intervenir pour prévenir les violences dans les relations amoureuses
-Inclure les hommes dans les processus de renforcement de la sûreté des femmes par le biais des formations, de campagnes de sensibilisation ou d’actions concrètes
Source: Diagnostic local de sécurité des filles, des femmes et des aînées, version synthèse par le Centre international pour la prévention de la criminalité.