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L'article provient de TVA Nouvelles

Violence dans les bars et restaurants: Monsieur le Premier Ministre, je vous accuse de nous avoir abandonnés

Zoé Arcand / Journal de Montréal
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Peter Sergakis, Président, Union des tenanciers de bars du Québec

2025-05-13T21:48:01Z
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Monsieur le Premier Ministre, 

Monsieur le ministre de la Sécurité publique,

Monsieur le chef de police du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM),

Je m’adresse à vous à titre de président de l’Union des tenanciers de bars du Québec, laquelle regroupe des propriétaires de bars et restaurants licenciés du Québec, mais également au nom de tous les détenteurs de permis d’alcool du Québec.

Depuis maintenant près de deux ans, les tenanciers et d’autres entrepreneurs québécois sont victimes d’intimidation, d’extorsion, de bombes incendiaires et de fusillades.

Après une brève accalmie, nous sommes les témoins impuissants d’une escalade recrudescente de violence qui frappe en large partie les établissements licenciés de la grande région de Montréal.

Rien que dans les derniers jours, quatre établissements ont été ciblés par des actes criminels graves. Ces criminels, sans aucun code d’honneur, se sont même attaqués au domicile personnel d’un tenancier alors que ses deux enfants d’âge scolaire dormaient dans la maison.

Crise sociale

Vous croyez que ces événements sont exceptionnels, il n’en est rien.

Ils sont la suite logique d’une crise sociale que vous n’avez pas été en mesure de contenir et contrôler.

Je suis outré d’entendre le SPVM répéter que les crimes violents sont en baisse, que des arrestations sont faites, et que la situation est sous contrôle. Ce n’est pas vrai et vous le savez.

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Les médias ont révélé au public que le crime organisé continue d’opérer à l’intérieur même des établissements carcéraux, orchestrant diverses attaques liées à des schèmes d’extorsion, comme si ces détenus étaient en liberté.

Le public vient de l’apprendre, mais vous, vous le savez depuis longtemps. Ce constat reflète l’échec manifeste des institutions policières et carcérales qui sont limitées par des lois trop souples, mais aussi votre manque de courage politique requis aux changements de paradigme qui s’imposent en cette matière.

Devoir et protection

Messieurs, il est de votre devoir de nous protéger et de prendre les moyens qui s’imposent, même si ceux-ci ont pour effet de priver les agresseurs de certains de leurs droits fondamentaux. Vous devez mettre en échec ces chefs de gang qui agissent en toute impunité et faire payer le prix aux bourreaux de vos concitoyens.

Il est simplement injuste que les commerçants subissent quotidiennement les rigueurs de la dictature administrative et réglementaire que vous composez au jour le jour et qui occupe jusqu’à l’épuisement les policiers du SPVM.

Qu’il s’agisse de vérifications sur la conformité des installations, de contrôles de capacité ou d’inspections sur les produits vendus (par exemple, le contrôle de timbres sur les boissons alcooliques), votre autorité est systématique et rigoureuse.

Pourtant, quand ces mêmes commerçants sollicitent de l’aide des corps policiers, on leur oppose un manque d’effectifs. Le SPVM doit appliquer ses quotas de réglementation, mais n’a pas de temps et d'effectifs quand il s’agit de répondre aux demandes légitimes de protection des commerçants.

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Vous ne gérez pas un business, vous êtes responsable de la vie de nos membres. Rien de moins.

Nos membres ne sont pas et ne doivent pas être traités comme des citoyens de deuxième classe. Être tenancier, ce n’est pas accepter de vivre sous la menace perpétuelle, ni plus que de susciter l’indifférence des autorités. La clientèle ne se sent plus en sécurité, ce qui se traduit par une chute du chiffre d’affaires. L’abandon des tenanciers par les autorités est si patent que les assureurs se retirent de l’industrie, et lorsqu’ils ne le font pas, augmentent les primes de façon draconienne.

Mais je le sais, vous n’êtes pas les seuls responsables.

Chaos

Je m’adresse aussi à vous, ceux qui font régner ce climat de terreur.

Vous appliquez le chaos à la mexicaine, en tentant de nous faire croire que vos actions sont désorganisées. Nous savons qu’il n’en est rien. Vous agissez ensemble, comme les nouveaux mandarins du crime. Ce n’est pas mon rôle de vous policer, mais le mien est de vous rappeler que même un criminel doit faire preuve d’humanité et c’est ce que j’attends de vous. C’est ce que nous attendons tous de vous. Cessez immédiatement de répandre la terreur dans nos familles et envers nos enfants car sinon, sachez que le Québec ne fera plus preuve d’humanité envers vous non plus.

C’est pourquoi, monsieur Legault, monsieur Bonnardel, monsieur Dagher, et vous, acteurs du chaos, je vous accuse et vous tiens responsables de nous avoir abandonnés. Le Québec est en droit que vous agissiez tout de suite et que vous preniez tous les moyens nécessaires, sans exception, pour mettre fin à ce cauchemar.

Si vous le faites, nous nous en souviendrons. Vous n’avez pas le droit à l’erreur. Votre échec signifiera la fin du Québec comme nous le connaissons, et ça aussi, nous nous en souviendrons.

L’UTBQ a confiance en vous.

Je vous prie d’agréer mes meilleures salutations,

Peter Sergakis

Président

Union des tenanciers de bars du Québec

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