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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Les femmes sont en danger dans leur propre maison

Des organismes craignent que le contexte social actuel ne soit un terreau fertile pour la violence faite aux femmes

Patricia Lynda Thériault et Mathieu Mc Claren
Patricia Lynda Thériault et Mathieu Mc Claren Photo tirée du compte Facebook de Patricia Lynda Thériault
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Zoé Arcand

2025-05-20T04:00:00Z
2025-05-20T14:54:43Z
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Après une semaine marquée par des féminicides, des organismes craignent que, malgré certaines avancées, le contexte social actuel ne soit un terreau fertile pour la violence faite aux femmes.

«Il faut continuer à combattre le sexisme, parce que c’est ça qui fait ressentir à une personne qu’il a le droit d’avoir du pouvoir sur une autre et c’est ce qui peut mener à un contexte de violence conjugale», a martelé Claudine Thibaudeau, travailleuse sociale chez SOS violence conjugale.

Photo Marianne Langlois
Photo Marianne Langlois

«On voit que les femmes sont en danger dans leur maison, dans les lieux intimes, avec leurs ex-conjoints», a déploré Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF), alors que trois événements dramatiques de ce type ont marqué la dernière semaine.

Trois événements en une semaine

Mercredi dernier, Simone Mahan aurait été assassinée par son conjoint, Marcellin Koman M’Bo, à Châteauguay. Le couple était marié depuis 2014, mais était en instance de divorce, selon TVA Nouvelles.

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Vendredi, à Lachute, Patricia Lynda Thériault aurait péri aux mains de l’homme avec qui elle venait de se fiancer, Mathieu Mc Claren.

Mathieu Mc Claren est accusé du meurtre non prémédité de Patricia Lynda Thériault. La victime venait d’accepter sa demande en mariage.
Mathieu Mc Claren est accusé du meurtre non prémédité de Patricia Lynda Thériault. La victime venait d’accepter sa demande en mariage. Photo tirée du compte Facebook de Mathieu Mc Claren

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Puis, dimanche, à Longueuil, une femme a échappé à la mort après une agression armée survenue dans un contexte conjugal.

Et ces cas ne sont pas isolés, s’entendent les expertes sondées par Le Journal. Avec 60 000 demandes d’aide entre avril 2024 et mars 2025, SOS violence conjugale vient de clore «la plus grosse année de [son] existence», explique Mme Thibaudeau.

Des ressources surchargées

«On est toujours à pleine capacité», a renchéri la DG de la FMHF. Selon elle, les intervenants comme les travailleurs sociaux, les professionnels de la santé et les policiers ne savent pas efficacement évaluer la dangerosité d’une situation de violence conjugale.

Le travail en silo pose aussi problème, selon celle qui rappelle que le moment le «plus critique pour les féminicides, c’est la séparation, quand l’homme sent qu’il perd du pouvoir sur la femme».

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Une question de pouvoir

D’autant plus que les valeurs «traditionnelles» et celles véhiculées par les «influenceurs masculinistes», qui gagnent en popularité, peuvent constituer un «terreau fertile pour la violence conjugale», selon Claudine Thibeaudeau.

Car «la violence vient du rapport de pouvoir entre les hommes et les femmes», assure Annick Brazeau, la présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.

Pour la travailleuse sociale d'SOS Violence conjugale, il existe toujours une «grosse zone d’ombre entre ce qui est clairement violent et ce qui est clairement non violent et elle est au bénéfice de l’agresseur».

Mme Brazeau souligne qu’il est aussi important que les hommes apprennent à reconnaître «leur propre violence» et leurs torts dans ces contextes.

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