Viol collectif avec un médecin spécialiste: la conjointe qui a «tendu un piège» à la victime risque plus de 2 ans de prison
L’ex-chef de département à l’Hôpital général juif et sa conjointe ont été reconnus coupables d’un viol collectif


Erika Aubin
La conjointe d’un médecin spécialiste désormais mort risque deux ans et demi de détention pour avoir violé avec lui une jeune artiste, qui vit avec un lourd traumatisme depuis le soir où elle estime s’être fait tendre un piège par cette femme.
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«La présence de Wendy et sa rassurance m’ont fait rester à cette soirée. Son rôle n’était pas secondaire. [...] Sans elle, je ne me serais jamais retrouvée dans ce piège. Elle m’a autant traumatisée», a confié la victime, en retenant ses larmes, mardi au palais de justice de Montréal.
Au terme de leur procès, le Dr Stephan Probst et sa conjointe, Wendy Devera, ont été reconnus coupables d’avoir agressé sexuellement la jeune femme à l’été 2020.
L’ex-chef de département à l’Hôpital général juif de Montréal s’est toutefois enlevé la vie pendant les procédures judiciaires. Il était aussi accusé d’agression sexuelle sur sept autres victimes. Ce deuxième procès n’aura jamais lieu vu son décès.
Dans le présent dossier, la Couronne réclame 30 mois d’incarcération pour sa complice, Wendy Devera. Celle-ci espère plutôt s’en tirer avec un maximum de 24 mois de prison à la maison. Elle maintient encore son innocence, mais elle a tout de même suivi des thérapies.
Droguée à son insu
Ce soir-là, la victime, dont l’identité est protégée par la cour, avait accepté de se rendre dans le luxueux penthouse du médecin pour avoir une relation avec Wendy Devera. Elle voulait expérimenter avec une femme et elle avait bien pris soin de préciser qu’elle ne voulait rien savoir de l’homme.
Probst l’a toutefois droguée en ajoutant à son insu de la MDMA dans son verre. L’artiste a ensuite été agressée une première fois dans le spa du spécialiste en médecine nucléaire, puis dans la chambre, pendant que sa conjointe, Wendy Devera, la retenait.
«Sans Wendy, je n’aurais jamais rencontré Stephan et il ne m’aurait jamais violée. Elle ne m’aurait jamais convaincue de rester pour qu’au final, on me tienne les bras pendant qu’on me pénètre. À toutes les étapes, elle était participante, très consciente de ce qu’elle faisait», a insisté avec courage la victime.
Depuis cinq ans, la jeune femme se sent emprisonnée. «Elle m’a enlevé toute confiance que j’avais envers les gens et moi-même. J’ai perdu ma dignité, ma vigilance, mon innocence et surtout ma joie de vivre. Encore à ce jour, je travaille constamment pour la récupérer», a-t-elle expliqué.
Relation toxique
Par la voix de son avocate, Devera dit être maintenant consciente que sa relation avec Probst était toxique et inégale. La trentenaire a outrepassé plusieurs de ses propres limites, a souligné Me Juillet St-Jean.
La relation amoureuse s’est terminée en mai. Probst a tout de même cédé à son ex-conjointe deux résidences dont elle est maintenant propriétaire.
Selon une lettre qu’il a laissée, le médecin éprouvait beaucoup de culpabilité pour avoir entraîné sa conjointe dans un processus judiciaire et il reconnaît avoir eu une emprise importante sur elle.
«Mme Devera n’est pas une victime passive dans ce qui s’est passé. Sa participation était active. Elle a facilité, rassuré et retenu [la victime]. Elle a eu du plaisir», a toutefois rappelé la procureure de la Couronne au dossier, Me Delphine Mauger.
L’avocate a remis en doute ce changement soudain de discours et son besoin de vouloir se dissocier du défunt.
La juge Suzanne Costom rendra sa décision en octobre.
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