Vincent-Guillaume Otis donne des nouvelles de son frère vivant avec une déficience intellectuelle
Nathalie Slight
Le personnage de Vincent-Guillaume Otis traverse une saison mouvementée dans Les Armes. Pourtant, derrière Louis-Philippe Savard, on retrouve un acteur qui ne se contente pas de jouer des rôles: il s’implique aussi auprès de causes qui lui tiennent à cœur, notamment auprès de la Fondation Le Pilier.
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Vincent-Guillaume, ça brasse pour Louis-Philippe Savard dans Les Armes!
Oui, vraiment! C'est un homme droit, intègre, loyal, qui se bat pour la justice et la vérité. Mais là, ça ne va pas bien avec sa femme, ça ne va pas bien avec son fils, ses relations avec les autres sont très difficiles. Il se retrouve dans une zone grise où il n'a pas le choix de sortir de son code d'éthique, il dissimule des éléments cruciaux, il se met de plus en plus les pieds dans les plats. Dernièrement, un perchiste sur le tournage des Armes s’est exclamé, à la fin d’une de mes scènes: «Coudonc, ça va-tu finir par bien aller pour Savard?» Ça m’a beaucoup fait rire!
Est-ce que tu savais que ça irait aussi mal pour ton personnage?
Oui, dès la saison 1, j’étais au courant que, éventuellement, Savard allait atteindre les bas-fonds. Les producteurs, Fabienne Larouche et Michel Trudeau, m’en avaient parlé lorsqu’ils m’ont présenté le personnage. Et j’étais content, parce que même si c’est difficile pour Savard, je suis super heureux de jouer ces scènes-là, car ça représente de beaux défis. J’aime aussi les scènes d’action et je suis gâté cette saison parce que Savard sort de son bureau. Il n’a plus le choix d’agir seul, il ne peut plus compter sur personne à cause de la taupe qui sévit sur la base de Kanawata.

Changement de sujet: tu es maintenant ambassadeur de la Fondation Le Pilier. Félicitations!
Merci. La Fondation Le Pilier offre des milieux de vie à des personnes qui ont des handicaps physiques, des déficiences intellectuelles ou qui sont sur le spectre de l'autisme. Il faut savoir que, à partir de 21 ans, l'État ne s'occupe plus de ces gens-là. Avant cet âge, ils ont droit à des ressources dans les milieux scolaire et gouvernemental, mais après leur 21e anniversaire, plus rien. C'est comme si ces gens-là, soudainement, n'avaient plus de handicap! Mais en réalité, ils ont encore besoin de soins, ils ont encore besoin de ressources.
On voit que c’est une cause qui te tient à cœur!
Mon petit frère, Jean-Sébastien, vit avec une déficience intellectuelle. On est chanceux, mes parents sont toujours en forme, ils s’en occupent beaucoup, mais le moment viendra où ils seront moins autonomes. Naturellement, on ne veut pas penser à ça, mais il faut considérer cette éventualité, car mes parents prennent de l’âge. En tant que frère, le sort de Jean-Sébastien me préoccupe beaucoup, alors je peux à peine m’imaginer ce que ressentent mes parents.

Ton frère habite-t-il toujours avec tes parents?
Mon frère vit maintenant dans un appartement supervisé à Québec. C'est tout nouveau, une belle étape, je suis très fier de lui. S’il a droit à sa dignité et à son autonomie aujourd’hui, si d’autres adultes handicapés ont aussi cette chance inouïe de vivre dans un milieu de vie inspirant, c’est grâce à des initiatives comme celles de La Fondation Le Pilier.
Et quel est ton rôle au sein de la Fondation?
Je m’implique au niveau des campagnes de financement, car il s’agit d’un milieu sous-financé et les besoins ne font qu'augmenter d’année en année. Je suis allé visiter une maison Le Pilier qui accueille des adultes déficients intellectuels et handicapés, et j’ai trouvé l’endroit chaleureux, sécuritaire, fonctionnel et bien intégré dans la communauté. J’étais vraiment ému de voir ça. Les bénéficiaires sont bien, les employés qui y travaillent sont des gens de cœur. Je suis heureux d’être ambassadeur de la Fondation.
Tu as été présent à l’une de leur dernière activité de financement?
J’étais présent à la Marche du 40e anniversaire de la Fondation Le Pilier, le 4 octobre dernier, à Laval. J’étais là, avec toute ma famille. L’idée, c’était vraiment de se rencontrer, de créer des liens, de briser l’isolement des personnes handicapées et de leurs familles. Des journées comme celles-là, ce n’est que du beau.
Outre ton rôle d’ambassadeur, tu t’impliques beaucoup socialement.
Mes enfants, Florent, Éléonore et Gustave, ont étudié à l’école publique, un autre milieu sous-financé présentement au Québec. Pendant des années, je me suis impliqué dans le milieu scolaire et je continue de le faire à l’occasion, parce que je trouve ça important. Ce n’est pas quelque chose dont je parle systématiquement, je ne m’implique pas pour m’attirer du capital de sympathie. Ça me fait plaisir de redonner; je n'oublierai jamais ce que les écoles ont donné à mes enfants, c'est tellement précieux.
À t’écouter parler, tu ferais un bon enseignant!
Ah, merci! Je prends ça comme un compliment, parce que j’ai un respect infini pour les enseignants, qui naviguent présentement dans le système scolaire avec beaucoup de volonté, mais peu de moyens. Je trouve qu'il y a presque un mépris envers ce milieu de la part du gouvernement, comme si ce n’était pas une priorité. Pourtant, l’éducation devrait être au cœur de toutes les décisions importantes de notre société.
(Vincent-Guillaume éclate de rire.)
Je viens de réaliser que je n’ai pas répondu à la question. Est-ce que j’aurais aimé être professeur? J’aime trop ce que je fais présentement. Être sur un plateau, travailler en équipe, créer un personnage, tout ça me plaît énormément. Et puis, j’ai un petit côté réservé, ce qui n’est pas nécessairement bon lorsqu’on doit parler jour après jour devant une classe.
Ta timidité ne paraît pas du tout!
Quand je me sens en sécurité, je suis assez jaseux. C’est le cas sur le plateau de la série Les Armes, à un point tel que parfois, le réalisateur doit me ramener à l'ordre. (rires) Lors de préentrevues précédant une apparition télé, je parle énormément à la recherchiste. Mais lorsque j’arrive devant l’animateur ou l’animatrice, je deviens conscient de tout ce qui m’entoure et la conversation est moins fluide. Étonnamment, même si je joue devant les caméras, j’ai une certaine pudeur à parler en moi-même à l’écran.
En terminant, outre Les Armes, qu’est-ce qui t’occupe en ce moment?
Lorsque j'ai commencé à jouer sur District 31, j'ai arrêté de faire du théâtre. Puis, j'ai pris une pause de cette quotidienne, dans le but de revenir au théâtre, mon premier amour et la raison même pour laquelle j’exerce ce métier. Je me suis promis de ne plus jamais attendre aussi longtemps avant de remonter sur les planches. À mon grand bonheur, je serai de la distribution de la pièce Boîte noire, qui sera présentée en janvier chez Duceppe. Une création originale écrite par Catherine-Anne Toupin. J’ai vraiment hâte de vous présenter ça.