Voyez-le à l’entraînement: Artur Beterbiev a deux messages pour son prochain adversaire

Jessica Lapinski
Artur Beterbiev est un homme de peu de mots. Sans doute est-ce en partie dû à la barrière de la langue, même si son anglais est rendu très bon après 10 années passées au pays (et qu’il est capable d’y aller de courtes phrases en français, comme «comment ça va», précise son entraîneur Marc Ramsay).
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Toujours est-il que le boxeur tchétchène n’a pas besoin d’en dire beaucoup pour que sa répartie soit cinglante. Même lorsqu’elle est accompagnée d’un sourire ou d’un clin d’œil.
À un peu plus d’un mois de son retour dans le ring face à l’Anglais Callum Smith, le 13 janvier au Centre Vidéotron de Québec, celui qui est considéré comme l’un des meilleurs boxeurs «livre pour livre» de la planète – 19 victoires (toutes par K.-O.) contre aucune défaite – avait deux choses à dire à son futur rival.
Car Smith en est un de taille, avec son dossier quasi parfait de 29-1 (21 K.-O.). Sa seule défaite est survenue aux mains d’un certain Canelo Alvarez. Elle fut cinglante et depuis, l’Anglais de 33 ans a fait le saut des poids super-moyens aux mi-lourds.
Il y a signé deux victoires en autant de combats.
«Plus gros défi»
Ramsay lui-même a qualifié cet affrontement de «plus gros défi de la carrière de Beterbiev», il y a quelques mois.
Quant à Smith, il a réitéré récemment qu’il pensait qu’il pourrait passer le K.-O. au Russe de 38 ans, et donc lui ravir d’un seul coup de poing ses trois ceintures de l’IBF, de la WBC et de la WBO.
Des ceintures qui avaient d’ailleurs été mises bien en évidence sur le bord du ring qui trônait dans l’aire de la restauration du centre commercial Laurier Québec, samedi, pour l’entraînement public organisé par Eye of the Tiger Management.

Mais revenons-en à ces deux fameux «messages», ceux que les boxeurs aiment tant se lancer à l’approche d’un combat.
Premièrement, questionné à savoir comment il se sentait à l’approche d’un affrontement contre un boxeur qui est considéré comme «deuxième derrière lui dans pas mal toutes les catégories», Beterbiev a lancé: «Oh, on va le laisser être deuxième dans tout. La deuxième place, moi, ça ne m’intéresse pas.»
Puis, interrogé au sujet des propos de Smith, qui estime pouvoir lui passer le K.-O., Beterbiev a répondu, sans sembler trop inquiété: «Il peut penser ce qu’il veut.»
«C’est un boxeur»
Il n’en demeure pas moins que Beterbiev respecte son prochain rival. «C’est un bon boxeur», a-t-il évoqué, tout en ajoutant, moqueur, ne pas en connaître beaucoup plus à son sujet que le fait, justement, «qu’il est un boxeur».

Clairement, comme le dit ce cliché si souvent utilisé quand il est question de boxe, le Russe préfère parler avec ses poings. Et il a hâte de le faire, surtout après que son combat prévu en août dernier a été annulé pour qu’il subisse une chirurgie dentaire d’urgence.
Une décision qui était la bonne, affirme-t-il. «Mais maintenant, je suis prêt. Je suis fâché ou affamé [«angry and hungry»], c’est comme vous le voulez.»
Une quatrième à sa collection
Et Beterbiev ne semblait pas parler de nourriture thaï ou de poulet frit, malgré les arômes qui embaumaient l’air pendant qu’il était dans le ring pendant sa session d’entraînement, livrée devant une centaine de personnes, dont plusieurs avaient stoppé leur magasinage des Fêtes afin d’assister à ce déluge de coups de poing.

Non, il a plutôt faim d’ajouter une quatrième ceinture à sa collection. Celle de la WBA, qui appartient pour l’instant à Dmitry Bivol.
«Parce que les ceintures, c’est comme les complets, a imagé le boxeur. Quand tu en as trois, tu en veux un quatrième.»
Mais avant de songer à ce potentiel combat, qui pourrait avoir lieu en Arabie saoudite, Beterbiev devra d’abord porter sa fiche immaculée à 20 victoires en venant à bout de Smith, le 13 janvier prochain.
▶ La vente des billets de ce gala, qui mettra aussi en vedette le Français Christian Mbilli (25-0, 21 K.-O.) et plusieurs boxeurs locaux, dont Wilkens Mathieu et Leïla Beaudoin, va très bien, affirme Eye of the Tiger Management. L’objectif est d’accueillir 10 000 spectateurs.