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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

[VIDÉO] «Ma vie ici, c’est l’enfer»: le proprio de son logement, envahi par les rats, condamné à lui payer 10 000$

Depuis près d’un an, son propriétaire refuse d’éradiquer la vermine chez elle

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Photo portrait de Francis Pilon

Francis Pilon

2024-11-01T23:00:00Z
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Un propriétaire de Montréal devra verser 10 000$ à sa locataire, qui doit dormir avec des pièges à rats au pied de son lit depuis plus d’un an, puisqu’il a refusé d’éradiquer l’infestation de rats dans son appartement.

«Ma vie ici, c’est l’enfer! J’aurais un lion dans mon salon, mon proprio ne ferait rien!», peste Sadia Assad, 48 ans.

Le Journal a visité mardi son 3 1⁄2 dans l'arrondissement de Saint-Laurent, dont le loyer mensuel est de 760$. Sa cuisine, son salon et même sa chambre sont munis de nombreux pièges à rats installés le long des murs. Mme Assad, qui s’autoproclame ironiquement «experte en dératisation», a bouché elle-même les trous de son appartement avec de la mousse isolante.

Mme Assad montrant la mousse isolante qu'elle a installée, sous l'évier de la cuisine, pour empêcher les rongeurs de rentrer chez elle.
Mme Assad montrant la mousse isolante qu'elle a installée, sous l'évier de la cuisine, pour empêcher les rongeurs de rentrer chez elle. PIERRE-PAUL POULIN/LE JOURNAL DE MONTRÉAL

«C’est triste, mais je reste ici parce que je ne peux pas trouver mieux avec la crise du logement. Je sursaute au moindre bruit chez moi. Je fais beaucoup d'insomnie, mais j’ai surtout peur d’avoir un problème de santé s’ils finissent par me mordre! Je fais même des rêves à propos des rats», raconte-t-elle.

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Il lui raccroche au nez

La Montréalaise n’a pas eu d'autre choix que de se tourner vers le Tribunal administratif du logement (TAL) puisque son propriétaire, Raymond Carrière, aurait toujours refusé de l’aider. Notons qu’elle se plaint des rats dans son appartement depuis juillet 2023.

Portrait de Raymond Carrière, propriétaire condamné à verser 10 000$ à sa locataire pour un appartement infesté de rats. Photo tirée du Facebook de Raymond Carrière
Portrait de Raymond Carrière, propriétaire condamné à verser 10 000$ à sa locataire pour un appartement infesté de rats. Photo tirée du Facebook de Raymond Carrière Photo tirée du Facebook de Raymond Carrière

«Il se montre indifférent à la souffrance de la locataire et ne lui répond pas ou lui ferme la ligne au nez. Il n’est pas normal qu’un propriétaire refuse sciemment d’éradiquer une infestation de rats dans un de ses logements», a déploré le juge Richard Barbe, dans sa décision rendue ce mois-ci.

La locataire est obligée de dormir avec des pièges à rats au pied de son lit, comme on peut le constater sur cette photo.
La locataire est obligée de dormir avec des pièges à rats au pied de son lit, comme on peut le constater sur cette photo. PIERRE-PAUL POULIN/LE JOURNAL DE MONTRÉAL

M. Carrière a d’ailleurs reçu deux mises en demeure de sa locataire, mais celles-ci sont restées sans réponse. «Nous sommes en présence d’une atteinte intentionnelle aux droits fondamentaux de la locataire par le propriétaire qui agit de manière démontrant une intention de nuire à celle-ci», tranche la cour.

Ce propriétaire, absent lors de cette audience, a donc été condamné à payer 8000$ en dommages moraux et punitifs. Sa locataire a aussi obtenu une diminution de son loyer d’environ 195$ par mois, rétroactivement au 1er décembre 2023.

Plusieurs types de pièges ont été installés le long des plinthes chauffantes chez la locataire.
Plusieurs types de pièges ont été installés le long des plinthes chauffantes chez la locataire.

Elle exagère, selon lui

Raymond Carrière assure en entrevue avec Le Journal que sa locataire n’a «pas un problème de rats, mais de souris»... Même si le juge et les photos déposées en cour prouvent le contraire.

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«Nous ne raccrochons pas le téléphone aux locataires à moins que le locataire soit verbalement agressif envers notre personnel», se défend-il, tout en prétendant que sa locataire «exagère les faits».

M. Carrière, propriétaire de près de 200 logements dans le grand Montréal et à la tête de l’entreprise à numéro 3097-2095 Québec inc., assure qu’il fera appel de cette décision.

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