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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

[VIDÉO] De jeunes écervelés zigzaguent à haute vitesse sur les autoroutes du Québec

La SQ redouble d’efforts pour s’attaquer à un dangereux phénomène émergent appelé «white lining»

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Denis Therriault

2024-11-08T05:00:00Z
2024-11-09T00:55:00Z
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De plus en plus de jeunes conducteurs québécois jouent avec leur vie et celle des autres en coursant à haute vitesse dans le trafic et en zigzaguant entre les voitures.

Cette dangereuse activité, appelée white lining, tire son nom d’une manœuvre qui consiste à passer rapidement d’une ligne blanche à l’autre. Elle a d’abord été observée aux États-Unis, au Mexique et dans l’Ouest canadien.

«C’est un phénomène émergeant ici au Québec, on le voit de plus en plus sur nos autoroutes», s’inquiète le sergent de la Sûreté du Québec (SQ) André Belletête, qui dirige des opérations pour s’attaquer au white lining.

«On n’a pas le choix de détecter et d’intercepter ces types de comportements là. C’est dangereux, ça peut occasionner des accidents», martèle-t-il.

Le sergent André Belletête
Le sergent André Belletête Capture d'écran

Réseaux sociaux

Certains vont aussi narguer les policiers sur l’autoroute pour tenter de provoquer des poursuites en s’enfuyant à des vitesses pouvant dépasser les 200 km/h.

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L’émission J.E présentée ce soir à 20 heures au réseau TVA lève le voile sur cette pratique dangereuse.

En quête de notoriété, les adeptes vont souvent filmer leurs «exploits» et mettre les images sur YouTube, TikTok et Instagram.

Au Québec, on retrouve des centaines de publications sur le compte Instagram White Line Montréal, qui compte plus de 24 000 abonnés.

Peines peu dissuasives

«Ce sont des conducteurs majoritairement masculins qui sont âgés de 18 à 30 ans qui vont conduire des véhicules de haute performance souvent modifiés», observe le capitaine Francis Bernardin, de la SQ,

Le capitaine Francis Bernardin
Le capitaine Francis Bernardin Capture d'écran

Le capitaine Bernardin constate que les adeptes ont une certaine forme de non-respect à l’égard du cadre législatif et ont l’impression que leurs comportements ne seront pas sanctionnés par la loi, car les peines sont peu dissuasives.

C’est pourquoi la Sûreté du Québec organise maintenant des opérations spéciales sur les autoroutes pour cibler et intercepter les adeptes (voir autre texte).

«Une petite erreur peut me coûter la vie»

Un adepte de white lining, qui a accepté de nous confier ce qui se passe dans ce milieu très fermé, affirme qu’il fait ça d’abord par plaisir et pour l’adrénaline.

«C’est une activité que j’aime faire; tu roules un peu plus normalement puis à des places où y’a moins de trafic, tu passes entre les chars à de grandes vitesses», décrit ce jeune téméraire.

Dans une entrevue qu’il a accordée à condition qu’on ne dévoile pas son identité, il affirme avoir déjà zigzagué à 240 km/h entre des véhicules sur une autoroute.

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Le journaliste Denis Therriault s'entretient avec un jeune adepte de white lining
Le journaliste Denis Therriault s'entretient avec un jeune adepte de white lining Capture d'écran

Lorsqu’on lui demande s’il a eu peur, il répond que c’est ce qui lui procure l’adrénaline. « Si t’as pas peur, ça sert à quoi là?» demande-t-il.

Il raconte ainsi son expérience à de telles vitesses: «Faut vraiment que tu connaisses le véhicule, savoir quand “shifter” [embrayer], faire la ligne, sortir de la ligne. Avec de l’expérience, tu peux augmenter les vitesses et essayer des nouvelles choses.»

Un risque pour tout le monde

Ce dangereux conducteur se dit conscient des risques que le white lining représentent pour lui et pour les autres. «C’est ça l’adrénaline, y’a un danger pour moi et pour les autres. Une petite erreur peut me coûter la vie, la vie d’un autre. J’y pense d’une façon en me disant tant que j’ai le contrôle du véhicule, y’aura rien qui va se passer, parce que j’ai de l’expérience avec ça».

Il affirme que la majorité des adeptes qui publient leurs vidéos sur les réseaux sociaux recherchent la reconnaissance et surtout d’avoir le plus grand nombre de vues possible.

Cela leur permet, entre autres, de vendre plus des mécanismes pour cacher la plaque d’immatriculation afin de ne pas se faire prendre par la police. «Tu vends ça et tu publies en disant que ça marche, je me suis échappé de la police, achète ça», décrit-il.

Le jeune homme n’a pas l’intention de cesser de faire du white lining à moins qu’il ne se fasse intercepter par les policiers, ce qui n’est jamais arrivé.

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Une soirée mouvementée

Une équipe de J.E a eu un accès exclusif à une opération white lining menée par la Sûreté du Québec en aout dernier sur les autoroutes de l’ile de Montréal.

Cette soirée-là, les policiers s’attendaient à capter plusieurs adeptes de cette pratique dangereuse... et c’est ce qui s’est passé.

Durant cette opération qui a duré six heures, les agents ont remis 19 contraventions totalisant près de 10 000 $ d’amendes et une soixantaine de points d’inaptitude.

1) Les patrouilleurs interceptent d’abord un VUS Audi qui dépasse à plusieurs reprises en zigzaguant sur l’autoroute Décarie. Une telle pratique représente un danger pour autrui, nous dit le sergent André Belletête. «Ça pourrait occasionner un accident», met-il en garde.

Capture d'écran
Capture d'écran

2) Des patrouilleurs poursuivent un véhicule qui zigzague dangereusement sur l’autoroute Métropolitaine et refuse de s’arrêter. Le conducteur sera plus tard accusé de délit de fuite, conduite dangereuse et entrave au travail des policiers.

Capture d'écran
Capture d'écran

3) Nous roulons avec un véhicule non identifié sur l’autoroute Métropolitaine. Cinq véhicules font du white lining devant nous. Deux d’entre eux font la course dans le trafic. Les autres zigzaguent pour les rattraper. Les policiers filment leurs plaques d’immatriculation et les visages des conducteurs avec des téléphones cellulaires avant d’en intercepter quatre.  En plus de contraventions, ces conducteurs voient leurs permis de conduire suspendus pour sept jours.

Capture d'écran
Capture d'écran

4) Quelques minutes plus tard, toujours sur l’autoroute Métropolitaine, nous apercevons deux conducteurs de BMW qui font aussi du white lining. Cette fois, les policiers les prennent en images et ne les interceptent pas puisque le trafic est dense dans ce secteur. Ils recevront leur contravention par la poste.

Capture d'écran
Capture d'écran

5) Sur l’Autoroute 40, des patrouilleurs captent avec leur radar une Tesla qui zigzague et roule à près de 150 km/h et qui accélère à plus de 200 km/h, avant de sortir de la voie rapide et disparaitre dans un quartier résidentiel. Le véhicule est rapidement localisé. Le conducteur est arrêté et accusé de délit de fuite, entrave au travail des policiers et conduite dangereuse. Il recevra une contravention de 3,190 dollars et 22 points d’inaptitude.

Capture d'écran
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Capture d'écran
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6) Des patrouilleurs interceptent un véhicule avec une plaque d’immatriculation volée à proximité de l’endroit où s’étaient rassemblés des adeptes de white lining. Un des hommes a en sa possession une arme de poing. Il est arrêté pour possession d’une arme, entrave au travail des policiers et recel pour la plaque volée.

Capture d'écran
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