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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

[VIDÉO] Controverse de l’acteur Mel Gibson: l’ivermectine, un faux remède contre le cancer devenu viral

Des Québécois tentent même de se procurer le produit bidon sur internet ou en voyage

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Photo portrait de Francis Pilon

Francis Pilon

2025-01-15T20:34:25Z
2025-01-15T20:41:29Z
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Des experts en santé publique sonnent l’alarme à propos de faux traitements contre le cancer qui n’ont aucune validité scientifique et qui sont devenus tristement viraux sur le web à cause d’une entrevue avec l’acteur américain Mel Gibson.

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«J’ai trois amis, les trois avaient un cancer de stade 4. Tous les trois n’ont plus de cancer désormais et ils avaient de sérieux problèmes», a raconté Gibson, dans une vidéo diffusée le 9 janvier dernier sur le populaire balado de l’humoriste Joe Rogan, connu pour relayer des théories du complot.

L'acteur Mel Gibson durant son entrevue avec le controversé Joe Rogan, le 9 janvier 2025.
L'acteur Mel Gibson durant son entrevue avec le controversé Joe Rogan, le 9 janvier 2025. Capture d'écran YouTube Joe Rog

Dans cette séquence vue plus de sept millions de fois sur YouTube, l’acteur de 69 ans prétend que ses proches ont guéri de la maladie en prenant notamment de l’ivermectine. Il s’agit d’une drogue administrée aux animaux, comme les vaches ou les chevaux, pour combattre les parasites intestinaux.

«Rien dans la littérature scientifique ne soutient que l’ivermectine soigne le cancer, c’est complètement faux et dangereux. Il y a quelques études exploratoires ou précliniques qui se sont penchées sur le médicament pour traiter la maladie, mais aucune donnée ne prouve que l’ivermectine guérit le cancer», confirme au Journal Kevin L’Espérance, docteur en santé publique et épidémiologie.

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La science n’a pas démontré l’efficacité de ce médicament antiparasitaire pour traiter la COVID-19.
La science n’a pas démontré l’efficacité de ce médicament antiparasitaire pour traiter la COVID-19. Photo d'archives, AFP

Faux espoirs dangereux

La Société canadienne du cancer s’est d’ailleurs empressée de dénoncer les fausses informations de Mel Gibson dans une longue publication sur les réseaux sociaux.Ce dernier a entre autres soutenu dans le balado controversé que le fenbendazole, un autre agent antiparasitaire utilisé en médecine vétérinaire, aurait permis de soigner ses proches cancéreux.

«Une telle désinformation est dangereuse, cruelle et irresponsable, et donne de faux espoirs aux personnes atteintes de cancer et à leurs proches. [...] Les médicaments mentionnés dans le balado font l’objet d’études, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer leur efficacité et leur innocuité», explique Isabelle Girard, directrice des communications pour le Québec à la Société canadienne du cancer.

Kevin L’Espérance, qui est également chercheur postdoctoral à l’Université Stanford, craint de voir des patients cancéreux qui renonceront à leur traitement en médecine traditionnelle et qui choisiront de suivre la «fausse solution miracle» de l’acteur. 

«Mel Gibson fait figure d’autorité parce qu’il s’agit d’une personnalité publique et certaines personnes veulent y croire, à cette solution simple. De l’autre côté, ces propos sont dégradants pour les chercheurs qui investissent beaucoup de temps et d’argent pour guérir le cancer. [...] Les patients devraient surtout consulter leur médecin avant de prendre un quelconque médicament», suggère le spécialiste en santé publique.

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Joe Rogan, en train de questionner Mel Gibson sur l'ivermectine la semaine dernière.
Joe Rogan, en train de questionner Mel Gibson sur l'ivermectine la semaine dernière. Capture d'écran

Plusieurs Québécois empoisonnés

Selon le Centre antipoison du Québec (CAPQ), près d’une vingtaine de personnes ont été empoisonnées à l’ivermectine dans la province depuis 2020.

«À noter que ce sont majoritairement des expositions accidentelles à des produits vétérinaires, des erreurs thérapeutiques ou de l’automédication dans un contexte de COVID-19. Aucun de ces cas n’est relié à un traitement du cancer», précise Mariane Lajoie, porte-parole du CIUSSS de la Capitale-Nationale.

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Une hausse de cas a été constatée en 2022 (9 empoisonnements) et 2023 (10 empoisonnements). Le Journal a d’ailleurs trouvé des dizaines de témoignages de Québécois voulant se procurer ce médicament en ligne, au cours des derniers jours, après avoir écouté Mel Gibson.

Rappelons que l’ivermectine a été faussement présenté en 2021 comme un remède contre la COVID-19. Cette hypothèse n’avait aucun fondement scientifique, tout comme la désinformation autour du médicament pour soigner le cancer en 2025.

Nombre de personnes empoisonnées à l’ivermectine au Québec:
  • 2020: Moins de 5 cas
  • 2021: Moins de 5 cas
  • 2022: 9 cas
  • 2023: 10 cas
  • 2024: Moins de 5 cas

Source: Centre antipoison du Québec

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