Deux jeunes hommes qui avaient attiré un entrepreneur sans histoire dans un stationnement pour lui tirer cinq balles dans les jambes risquent jusqu’à 10 ans d’incarcération. 

« Je ne peux pas accepter ou excuser ce qu’ils ont fait... Si j’avais été impliqué dans des affaires criminelles, j’aurais compris, mais là, c’est arrivé sans raison. Je suis une victime innocente », a émotivement témoigné Roberto Celli, jeudi au palais de justice de Montréal.

Nageant toujours dans l’incompréhension totale, l’entrepreneur a ainsi replongé dans le drame qu’il a vécu, le 5 avril 2019, cadeau d’Emmanuel Charbonneau et de Jonathan Tshinkenke.

À l’époque, M. Celli travaillait comme gestionnaire pour une compagnie louant des studios de musique, dont l’un était occupé par Charbonneau. Si bien que quand un inconnu l’a appelé le jour fatidique concernant la location d’un local, la victime ne s’est doutée de rien. Croyant qu’il allait rencontrer un potentiel client, il est allé à sa rencontre.

M. Celli a alors croisé Tshinkenke.

« [Le tireur] avance lentement, la main gauche dans sa poche et, lorsqu’il est à moins d’un mètre de la victime, sort une arme à feu de sa poche et fait feu en sa direction », indique le résumé des faits.

La victime au sol  

Après le premier coup, la victime est tombée au sol. Tshinkenke a alors tiré à quatre autres reprises, l’atteignant à nouveau aux jambes. Un couple âgé se trouvait juste derrière.

Le tireur s’est ensuite enfui dans une Dodge Caravan noire louée par Charbonneau. Alertée, la police n’a toutefois pas mis de temps à arrêter les deux criminels. Ils ont trouvé dans le véhicule le pistolet Colt de calibre .45, ainsi que des vêtements et des cagoules qui ont servi au crime.

« Rien ne permet de dire que la victime était impliquée dans le crime organisé ou qu’elle a couru après, elle est complètement innocente. C’était violent, mais ça a aussi été fait avec froideur », a insisté M^e Philippe Vallières-Roland, qui représente la Couronne avec M^e Claudine Charest.

ENTREVUE avec Maria Mourani, criminologue, sociologue et chroniqueuse au Journal de Montréal

Graves séquelles  

Plutôt que d’aller à procès, les deux accusés maintenant âgés de 33 et 22 ans ont admis les faits, si bien qu’ils ont été reconnus coupables de voies de fait graves, et d’avoir eu en leur possession une arme à feu qu’ils ont déchargée.

Pour la Couronne, ces crimes ne méritent rien de moins que 10 ans de pénitencier, d’autant plus que la victime a subi de graves séquelles.

« Je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai enduré », a d’ailleurs expliqué M. Celli, qui est toujours en physiothérapie. 

Il ne peut d’ailleurs plus travailler et doit vivre de prestations d’invalidité.

« C’est un événement qui me traumatise encore », a pour sa part relaté la conjointe de M. Celli, tandis que sa sœur a témoigné que « leur vie a été changée pour toujours ». 

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Plus de clémence  

Reconnaissant que Tshinkenke « ne s’en allait pas jouer aux cartes » quand il est allé tirer sur la victime, M^e Alexandra Longueville croit que la suggestion de la Couronne est trop sévère. Elle propose six ans, compte tenu de l’âge et de l’immaturité de son client.

M^e Richard Tawil a pour sa part suggéré environ cinq ans pour son client Charbonneau, en soulignant qu’il respectait à la lettre ses conditions et qu’il avait un emploi stable.

Le juge André Vincent rendra sa décision le mois prochain.