[VIDÉO] Amendes de 3 millions $: ce président d’un club de soccer jeté en prison pour fraude fiscale
Le fraudeur Tarek Hamza a créé 674 fausses factures avec son entreprise québécoise


Francis Pilon
Un homme d’affaires de Montréal, qui est aussi président d’un important club de soccer en Tunisie, a été condamné à trois ans de prison et à des amendes de 3 millions $ en lien avec un vaste stratagème de fraudes fiscales.
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«Lorsqu’une personne adopte un tel comportement frauduleux, elle prive l’ensemble des citoyens des ressources dont ils ont grandement besoin, notamment dans les sphères des programmes sociaux. [...] Pour que le système fonctionne, il doit avoir des dents qui lui permettent de corriger les fraudeurs», tonne la juge Mélanie Hébert.

Dans son récent jugement sur cette affaire, la Cour du Québec lève le voile sur Tarek Hamza. Cet entrepreneur qui travaille en recrutement de personnel est à la tête d’une entreprise montréalaise utilisant les noms de Services Otika et de 9252-7266 Québec inc. Hamza est surtout connu dans son pays d’origine, la Tunisie, où il joue les vedettes à titre de président d’un important club de soccer baptisé Jeunesse sportive d’El Omrane.
Vidéo dans laquelle Tarek Hamza rencontre son équipe de soccer:
Ce fraudeur de 43 ans, désormais en taule, a été déclaré coupable de 20 infractions en vertu de la Loi sur l’administration fiscale. Il a inventé 674 fausses factures avec sa compagnie entre 2013 et 2016. La somme totale de ces documents frauduleux était de 2,6 millions $.
«Les montants de TVQ et de TPS qui apparaissent dans ces fausses factures sont utilisés pour réclamer des crédits de taxe sur les intrants, tant pour la TVQ que la TPS, auxquels Otika n’a pas droit. [...] Les coûts qui apparaissent dans ces fausses factures sont aussi utilisés pour diminuer le revenu imposable d’Otika, sans droit», explique la juge.
Il cache son argent
Les crimes commis par Tarek Hamza ont privé le trésor public d’environ 725 000$. Le tribunal, qui l’a condamné à 36 mois de prison et à des amendes de 2,9 millions $, soutient que ses «gestes malhonnêtes» ont été répétés des centaines de fois.

«Ces sommes éludées sont frappantes lorsqu’elles sont comparées aux revenus imposables déclarés par Otika à l’État provincial au cours des deux périodes fiscales concernées, soit 87 800$ et 30 700$», souligne la Cour du Québec, à propos de ses fausses déclarations de revenus.
La magistrate Mélanie Hébert mentionne également que ces infractions sont le «reflet de l’élasticité des valeurs de Hamza». Selon elle, le quarantenaire «manque de transparence et dissimule des informations importantes» aux autorités.
«Lorsqu’il témoigne, Hamza admet qu’il n’a pas de compte bancaire, précisant que s’il en avait un, l’Agence du revenu du Québec (ARQ) saisirait toute somme qui y serait déposée», note-t-elle.

La Cour du Québec révèle aussi que Tarek Hamza a «dissimulé» sa véritable adresse au fisc. Il n’a, en effet, jamais divulgué à Revenu Québec avoir acheté une luxueuse propriété, à Montréal, pour la coquette somme de 5,2 millions $.

Ex-bénéficiaire de l’aide sociale
Le Journal a d’ailleurs appris que le Montréalais se prend pour une vedette en Tunisie, où il est né. Le club de soccer de la Jeunesse sportive d’El Omrane (JSO), dont il est le président depuis 2022, a même conçu des banderoles et des chandails à son effigie à Tunis.

La Cour du Québec insiste toutefois pour rappeler que le parcours de Hamza est loin d’être aussi lumineux qu’il le laisse croire. Elle dévoile que ce fraudeur a déjà été un bénéficiaire de l’aide sociale et que son entreprise Otika a déposé une proposition en matière de faillite en juillet dernier. L’actif de la compagnie est évalué à 5002$, alors qu’il a des dettes de 1 million $ envers l’ARQ.

«Tarek Hamza accorde une importance marquée à son image et à la perception qu’ont les autres de lui ce qui l’incite à présenter une version embellie de sa réalité et ce qui rend difficile l’admission de ses torts. [...] Il manque d’empathie», décrit le tribunal.
Nos questions posées au club de soccer JSO sont restées sans réponse mercredi. Idem pour notre demande d’entrevue avec la femme de Tarek Hamza, Manel Jamel, qui est, entre autres, directrice marketing chez Services Otika.
Notons que Hamza et Services Otika ont porté la décision sur culpabilité en appel.
5 CARTONS ROUGES CONTRE TAREK HAMZA DEVANT LA COUR:

- Le Montréalais a admis ne pas avoir de compte bancaire pour éviter d’être saisi par Revenu Québec.
- Il a dissimulé sa véritable adresse au fisc pour cacher l’achat de sa nouvelle maison à 5,2 millions $ à Montréal.
- Le curriculum vitae de Hamza, déposé lors de son audition, présentait de faux diplômes en génie électrique à l’UQTR et en actuariat à l’UQAM.
- Il aurait affirmé à l’ARQ avoir «seulement» une BMW et une Mercedes, dont chacune vaut 1$ puisqu’elles sont grevées. «Pourtant, lorsqu’il témoigne devant le tribunal, Hamza affirme qu’Otika possède de nombreux véhicules, photos à l’appui. Or, aucun de ces véhicules n’est inclus dans la liste», écrit la juge, en le démasquant.
- Le quarantenaire ne mentionne pas que sa conjointe est propriétaire de l’entreprise Red Carpet Centre de Beauté, à Laval. Il a même faussement prétexté, devant la Cour du Québec, que le projet n’avait pas vu le jour.
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