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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

[VIDÉO] 3e lien: Bernard Drainville s’excuse en larmes, Éric Caire s’accroche

Promesse rompue du 3e lien autoroutier

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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2023-04-20T14:07:07Z
2023-04-20T16:43:04Z
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Piteux et repentants, des députés de la grande région de Québec s’excusent de devoir renier leur promesse de construire un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis. Bien que leurs électeurs «se sentent trahis», ils ne comptent pas démissionner, même Éric Caire, qui avait mis son siège en jeu.

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Il s’agissait de leur principale promesse électorale, il y a moins de six mois. Chaque jour de campagne, ils ont répété à leurs électeurs qu’ils réaliseraient ce tunnel autoroutier sous le fleuve. 

Le député de Lévis avait la gorge nouée lorsqu’il s’est adressé aux journalistes jeudi matin à l’Assemblée nationale. «C’est un sujet très émotif», a affirmé Bernard Dranville, ayant presque les larmes aux yeux. 

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, venait de confirmer le retrait du lien autoroutier dans le projet de troisième lien entre Québec et Lévis. 

Il s’agira d’un tunnel dédié au transport collectif, dont les coûts, les détails et l’échéancier des travaux restent inconnus. Selon Mme Guilbault, l’objectif est de convaincre, à terme, les automobilistes d’abandonner leur véhicule pour utiliser le transport en commun. 

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«Je veux d’abord présenter mes excuses aux gens de Lévis et aux gens de Chaudière-Appalaches. J’ai pris un engagement et je ne suis pas en mesure de le livrer», a soufflé M. Drainville. «Je comprends leur déception. Je comprends leur colère. Je suis vraiment désolé». Le ministre de l’Éducation assure que son engagement était sincère. 

Il n’a pas pensé à démissionner, mais comprends que ses électeurs «se sentent trahis.»

Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

Nouvelles données

«J’ai sincèrement cru que le trafic de malade qu’on a eu l’été passé était la nouvelle normalité», a-t-il signalé.

Il plaide aujourd’hui que les données d’achalandage, en baisse, et l’explosion des coûts liés à l’inflation ne permettaient pas à son gouvernement d’aller de l’avant. 

«Le nouveau trafic normal, d’après la pandémie, n’est pas celui d’auparavant. Donc, un lien autoroutier ne se justifie pas», a-t-il convenu, se rangeant derrière le nouveau projet de sa formation politique. «Je crois qu’un lien de centre-ville à centre-ville est nécessaire [...] C’est un beau projet qu’on propose. Ce n’est pas celui pour lequel on s’est engagés. Mais c’est un beau projet et là il va falloir le livrer [...] On ne peut pas se permettre de se tromper.»

Il estime néanmoins «qu’un jour», «il y aura un lien autoroutier» entre Québec et Lévis. «Je ne sais pas quand, mais il y en aura un», a-t-il signalé.

Deux promesses brisées pour Caire

Quant à lui, le député de La Peltrie, Éric Caire, s’accroche à son siège, même s’il l’avait mis en jeu pour ce projet. En plus du tunnel autoroutier, il brise une seconde promesse, celle de démissionner si sa formation politique reculait sur ce projet. 

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Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

Récemment, il avait d’ailleurs plaidé qu’il se battrait jusqu’à sa dernière goûte de sang pour réaliser cette promesse. «C’est une journée qui est difficile. Je comprends parfaitement la déception de mes concitoyens», a-t-il dit, soulignant qu’il se préoccupait maintenant du portefeuille des Québécois. Ainsi, M. Caire bat en retraite et défendra le nouveau projet réservé au transport collectif.

Sans s’excuser, il croit que ses électeurs comprendront. «Je vais aller à la rencontre des citoyens et je vais leur expliquer la décision. Je fais confiance au jugement de mes concitoyens, comme je l’ai toujours fait lors des six derniers mandats», a-t-il mentionné.

«Je peux comprendre que les gens se sentent trahis, mais je pense qu’aujourd’hui, on a des chiffres [...] Les chiffres qui sont sur la table ne permettent pas de défendre le projet», a-t-il indiqué pour se défendre.

Brutal pour Chaudière-Appalaches

La députée de Chutes-de-la-Chaudière, Martine Biron, parle d’une journée «brutale». «On est dans une situation où on ne fait pas ce qu’on a promis», a-t-elle admis. 

Elle s’est fait élire en promettant à répétition la construction d’un troisième lien autoroutier. 

«C’est excessivement difficile, pas juste pour moi, mais pour l’équipe de Chaudière-Appalaches», a-t-elle dit, confirmant que les citoyens se sentent trahis. 

Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

«C’est vrai. On a beaucoup d’appels dans la circonscription, et je sais que les collègues vivent ça. J’ai parlé au maire [de Lévis] Gilles Lehouillier et il est très mécontent [...] Oui, ils se sentent trahis, le choc est énorme. On a fait campagne là-dessus.»

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Le président du caucus de Chaudière-Appalaches, Luc Provençal, indique que des gens «vont remettre en question leurs appuis» à la CAQ. Plusieurs personnes ont communiqué avec lui pour faire part de «leur déception et leur colère», relate-t-il.

L’élue de Bellechasse, Stéphanie Lachance, cachait mal sa frustration. Elle soutient que c’est dans son comté que les citoyens auraient «bénéficié le plus» du troisième lien. 

Elle admet qu’elle n’a pas convaincu les élus (les maires) de sa circonscription que le nouveau projet dédié au transport en commun est le bon. 

Elle-même ne semble pas convaincue. «J’ai encore du travail à faire», a-t-elle dit. «Pour Bellechasse, ce n’est pas une formule qui va être gagnante. Bellechasse, c’est un territoire qui est très grand et qui est desservi par l’automobile.»

Ce qu’ils ont dit

«Que vaut la parole de la CAQ quand ils nous promettent mer et monde dans tous les dossiers, quand ils nous promettent qu’ils vont régler les dossiers depuis cinq ans, et qu’on voit que ça empire dans tous les dossiers?» –Marc Tanguay, chef intérimaire du Parti libéral du Québec

«Très heureux d’entendre la ministre en appeler à renoncer à la voiture! Mais on se pose la question: est-ce que la partie autoroutière du tunnel est réellement abandonnée? Il faut être sûr de bien fermer la porte à clé, et de jeter la clé dans le fleuve, tant qu’à y être.» –Etienne Grandmont, député de Québec solidaire.  

«Ça nous rend perplexes de voir que si peu de temps après la campagne électorale, on dise aux Québécois que ce n’était pas une bonne idée, ce projet phare de la CAQ. Nous, on le savait depuis longtemps.» –Joël Arseneau, député du Parti Québécois. 

«[L’abandon du projet de tunnel autoroutier] rassurera nombre de concitoyens du centre-ville de Québec qui m’ont exprimé clairement leur crainte de voir une nouvelle autoroute heurter leur milieu de vie déjà fragile d’un point de vue environnemental et social.» –Jean-Yves Duclos, ministre fédéral de la Santé et député de Québec.

«Rien n’obligeait Éric Caire à prendre les engagements qu’il a pris à plusieurs reprises de façon très claire. Ça repose sur son honneur [de démissionner].» –le péquiste Pascal Bérubé

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