Victor-Lévy Beaulieu mérite amplement des funérailles nationales


Karine Gagnon
Figure emblématique de notre identité et notre culture québécoise, l’écrivain et dramaturge Victor-Lévy Beaulieu mérite amplement des funérailles nationales, comme l’ont réclamé dans les médias ses filles, Mélanie et Julie.
Dans une lettre ouverte publiée jeudi, les filles de VLB déplorent que le gouvernement du Québec ait écarté l’option d’organiser des funérailles nationales pour leur père.
Selon elles, un tel hommage allait pourtant de soi pour «une figure aussi centrale de la culture d’une nation».
Elles ont bien raison. L’écrivain, décédé à Trois-Pistoles à l’âge de 79 ans, a écrit une trentaine de romans et une vingtaine d’essais et ses séries télévisées ont marqué le Québec moderne. Il était partout, comme le relèvent ses filles: romans, essais, journaux, poésie, théâtre, télévision.
Le gouvernement a plutôt proposé à la famille de mettre le drapeau en berne à l’Assemblée nationale, le jour des funérailles. On leur a aussi offert un accompagnement du service du protocole.
Qu’un seul auteur
J’ai appris en lisant Le Devoir qu’il faut remonter à 1996 pour trouver un auteur qui a eu droit à des funérailles nationales.
La mémoire et l’œuvre de Gaston Miron, grand poète et éditeur québécois, avaient alors été honorées. Lucien Bouchard était premier ministre à ce moment.
Il est désolant que la contribution de nos grandes figures de la littérature n’ait pas été davantage mise en lumière depuis lors de leur décès.
La décision d’offrir des funérailles nationales à la famille d’une personnalité appartient au premier ministre. Elle ne repose sur aucun critère objectif, si ce n’est les réalisations et la personnalité de la personne disparue.
Je me demande à quel point le fait que Victor-Lévy Beaulieu ait représenté une figure importante du mouvement souverainiste a pu jouer dans la décision.
Un grand malaise est palpable, de la part de M. Legault, quand il est question de parler de souveraineté. Aurait-il pu craindre qu’un tel hommage vienne réveiller une flamme endormie chez certains militants?
Espérons qu’une telle considération n’ait pas pesé dans la balance, mais on peut se poser la question.
Ministre de la Culture
À l’heure où ce gouvernement tente de se faire défenseur de l’identité et de la culture québécoise, il serait d’ailleurs bien que les bottines suivent les babines dans de telles circonstances.
Sur X, le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, a écrit que VLB «laisse un legs immense dans le paysage littéraire et télévisuel comme écrivain, scénariste et éditeur. Son œuvre, remarquable par sa diversité et sa langue unique, ne sera jamais oubliée».
S’il le pense vraiment, et j’en suis convaincue, M. Lacombe devrait plaider en faveur d’un tel hommage et tenter de convaincre le premier ministre de revenir sur sa décision.
Ce grand homme disparu le mérite, comme l’aurait dit l’un de ses célèbres personnages, en «esti toastée des deux bords».