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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Pékin 2022: victoire ne veut pas dire richesse

Les sportifs d’élite ne roulent pas tous sur l’or et plusieurs ont même des moyens financiers très limités

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Olivier Bourque

2022-02-12T05:00:00Z
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La vie d’un athlète ? Se lever au petit matin, performer physiquement tous les jours, supporter la pression des compétitions... mais aussi se débrouiller avec des moyens financiers limités.

« L’environnement économique autour d’un athlète, ce n’est évidemment pas le Klondike ! Sauf de très rares exceptions, il n’y a personne qui devient indépendant de fortune avec des sports olympiques », lance Jean Gosselin, directeur des communications à l’Institut national du sport du Québec (INS Québec), en entrevue avec Le Journal

Selon Sport Canada, les athlètes brevetés ont des revenus moyens de près de 29 000 $ par année (non imposables), ce qui demeure plus bas que le salaire annuel au Québec, qui était de 56 000 $ en 2019 (aux alentours de 40 000 $ après impôts). 

Des revenus diversifiés

Quelles sont leurs sources de revenus ? Les athlètes de pointe peuvent compter sur l’aide gouvernementale de Québec et d’Ottawa (Sport Canada et Équipe Québec) pour des montants de 25 000 $ à 30 000 $ annuellement. 

À cela, on peut ajouter des bourses (notamment la Fondation de l’athlète d’excellence) allant de 1500 $ à 10 000 $, ou des gains en compétition dans certains sports, mais on est bien loin des chiffres du sport professionnel. 

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Pour ce qui est de la commandite, le résultat est très variable. Certains athlètes plus connus peuvent toucher 50 000 $, et les grandes vedettes jusqu’à 200 000 $. 

« Il faut comprendre que la plupart des athlètes n’ont pas une commandite significative. Pour certains, ça leur permet de bien vivre, mais ils doivent penser rapidement à leur après-carrière », croit M. Gosselin. 

La contrainte de la commandite

Selon Luc Dupont, professeur de communication à l’Université d’Ottawa, cette recherche de commanditaires est d’ailleurs de plus en plus difficile pour les athlètes. 

« Il faut cocher plusieurs cases pour devenir un porte-parole de premier plan. Il faut que l’athlète gagne une médaille, idéalement l’or. À cela, il faut ajouter un talent de communicateur, du charisme, avoir une bonne image. L’athlète doit aussi vouloir avoir ce rôle », dit-il. 

D’autres n’ont donc pas le choix de travailler à temps partiel ou de se tourner vers la famille afin de poursuivre leur rêve olympique. 

« Il y a quand même plusieurs athlètes qui travaillent. Ceux qui ne sont pas brevetés ou qui n’ont pas droit aux plus grosses bourses, ceux-là ont besoin d’un revenu d’appoint », croit Jean Gosselin, qui affirme toutefois qu’il y a maintenant plus de services fournis aux sportifs. 

« Il y a beaucoup de dépenses qui sont payées. Ç’a changé lors des dernières années », conclut-il. 

–Avec la collaboration d’Andrea Lubeck, Agence QMI 

Que valent les performances des athlètes ? 

Depuis le début, certains athlètes ont atteint le podium olympique alors que d’autres ont connu des revers. Mais, que valent, financièrement, ces performances et quel est l’impact des mauvais moments ? Luc Dupont, professeur de communication à l’Université d’Ottawa, a fait le point avec Le Journal.  

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Les hockeyeuses canadiennes

Photo AFP
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« Si j’avais à signer quelqu’un, ce serait l’équipe de hockey féminine. Elles vont probablement battre les Américaines, elles ont quelque chose à raconter et le dépassement de soi. Il faut aussi se rappeler que la plus belle histoire aux JO d’été de Tokyo, c’était l’équipe féminine de soccer. »  

Maxence Parrot

Photo AFP
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Le jeune planchiste Maxence Parrot est revenu de loin et a remporté l’or au slopestyle après avoir vaincu le cancer. « Il a remporté la victoire et il a un vécu intéressant. Son sport est la planche à neige, un des plus populaires. »   

Justine Dufour-Lapointe

Photo AFP
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Les larmes de Justine Dufour-Lapointe ont ému les Québécois. « C’était touchant et ça démontre que les athlètes sont des humains. Mais il faut se rappeler que les commanditaires achètent le dépassement de soi, la passion, la performance physique et ils veulent souvent des médailles. »  

Le cas Kamila Valieva

Photo AFP
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La jeune sensation russe du patinage artistique, qui enchaîne les quadruples, a été testée positive avant les Jeux. 

« Ça va lui faire mal pour la suite de sa carrière. Il faut se rappeler Lance Armstrong. Nike l’avait lâché, car il avait triché sur la performance », croit le professeur.

Des jeux controversés... moins de commanditaires ?

L’attrait pour les Jeux olympiques est en forte baisse depuis quelques années, ce qui rend l’événement sportif moins attrayant pour les commanditaires. « Les cotes d’écoute à NBC pour la cérémonie d’ouverture ont diminué de 40 % par rapport aux JO de 2018. Il y a le contexte pandémique, mais la courbe baisse toujours davantage », affirme Luc Dupont. Malgré tout, plusieurs commanditaires sont demeurés fidèles au Canada et au Québec et continuent de s’impliquer auprès des athlètes de haut niveau. Voici les principaux : Visa, IGA (au Québec), Sobeys (Canada anglais), Sports Experts, Canadian Tire, RBC et Air Canada. 

Combien vaut une médaille ?

Dans certains pays, remporter une médaille peut valoir son pesant d’or ! Par exemple, à Singapour, l’athlète touchera 909 000 $ pour une médaille d’or, un record mondial. Aux États-Unis, l’or vaut 47 500 $ alors qu’en France, le sportif recevra 94 000 $ pour une première place olympique. Le Canada est beaucoup plus chiche. L’or rapportera 20 000 $, l’argent 15 000 $ et le bronze 10 000 $.  

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