Victime recrutée dans une maison d’hébergement: trois ans de prison pour un proxénète «parasitaire»
Celui qui a recruté une victime vulnérable aux abords d’une maison d’hébergement pour femmes s’en sort avec une peine «minimale» de trois ans de pénitencier


Camille Payant
Un proxénète «parasitaire» qui a recruté une victime vulnérable aux abords d’une maison d’hébergement pour femmes s’en sort avec une peine «minimale» de trois ans de pénitencier.
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«C’est une infraction parasitaire où les individus profitent de la dégradation d’autrui. Le proxénétisme doit être lourdement dénoncé et nécessite une période d’incarcération longue. 36 mois, c’est vraiment un minimum», a mentionné la juge Roxane Laporte jeudi au palais de justice de Montréal.
Elle venait ainsi d’accepter la suggestion commune «clémente» soumise par les parties dans le dossier de Jean-François Piché.
Le Montréalais de 29 ans a plaidé coupable à plusieurs infractions, dont proxénétisme, au premier jour de son procès le printemps dernier.
En 2022, Piché a recruté sa victime, qualifiée d’«extrêmement vulnérable» par la juge, près du centre d’hébergement pour femmes où elle résidait.
Un premier client s’est présenté à sa chambre dans l’heure. D’autres ont suivi dans les jours suivants. Plusieurs d’entre eux étaient toutefois mal à l’aise et ont changé d’idée lorsqu’ils ont découvert où ils devaient se rendre.
Plusieurs clients par jour
C’est pourquoi la victime a emménagé avec l’accusé, insistant, deux semaines plus tard dans un appartement du Plateau-Mont-Royal.
Elle recevait deux à cinq clients par jour dans ce logement. Piché s’occupait des rendez-vous, des prix et des horaires.
Au départ, la femme remettait à Piché 25% des recettes. Au fil des semaines, elle a dû lui remettre jusqu’à la moitié de ses profits. Et si le client payait par virement bancaire, la victime ne recevait pas un sou.
«Clairement, elle a subi sous votre contrôle des violences physiques, psychologiques et sexuelles», a indiqué la juge Laporte à l’intention de Jean-François Piché.
La victime a vécu ce calvaire pendant deux mois. Elle devait payer l’épicerie et s’occuper des tâches ménagères.
Une chicane à propos des revenus de la prostitution a toutefois dégénéré au point où la femme a dû être conduite en ambulance à l’hôpital. Jean-François Piché a alors été arrêté, puis accusé.
Elle va mieux
La jeune femme ne désirait pas être présente à la cour jeudi. Selon la procureure de la Couronne, Me Sarah-Audrey Daigneault, elle «va beaucoup mieux et s’est reprise en main».
Jean-François Piché, qui était aux prises avec une dépendance à l’alcool lorsqu’il a commis ces crimes, «a depuis pris conscience de beaucoup de choses», selon son avocate, Me Isabelle Leclerc.
«C’est une autre personne, avec une maturité complètement différente», a-t-elle précisé.