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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Victime de violence conjugale, elle doit aussi faire faillite

Photo stock.adobe.com (nicoletaionescu)
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Emmanuelle Gril

2023-03-03T00:30:00Z
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Arrivée au pays il y a deux ans, Anna s’est retrouvée prise au piège de la violence conjugale. Elle a dû quitter la résidence familiale pour se réfugier avec ses trois jeunes enfants dans un centre d’hébergement.

Durant la vie commune avec son mari, ce dernier lui avait fait signer plusieurs documents. Ne parlant que très peu français et anglais, et lui faisant confiance, elle avait sans le savoir fait des demandes de cartes de crédit. Le compte de téléphone était également à son nom.

Ce n’est qu’après avoir commencé à recevoir des lettres et appels des créanciers qu’elle s’est rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond. 

Endettée de 48 000 $ sans le savoir

Car à son insu, son mari l’avait endettée de 48 000 $ avec des cartes de crédit, des prêts rapides et une facture de téléphone impayée de 10 000 $. C’est la catastrophe pour la femme qui était sur le point de trouver un logement et un emploi afin de pouvoir construire une nouvelle vie pour elle et ses enfants.

N’ayant aucune connaissance en matière de crédit ni des lois canadiennes, sans famille ou amis au Québec sur qui compter, la femme est dépassée par les événements. «J’avais très peur des appels des créanciers. Je ne savais pas quoi faire», confie Anna. Accompagnée de la travailleuse sociale qui l’a aidée dans ses démarches, elle s’est donc rendue chez une firme de syndic pour demander conseil.

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Inévitable faillite

Lors de la première rencontre, Valérie Beauchamp, conseillère en redressement financier chez Raymond Chabot, a commencé par effectuer un inventaire des dettes. «Nous avons obtenu une copie de son dossier de crédit pour avoir un portrait complet de la situation. Nous avons constaté qu’il y avait plusieurs dettes dont Anna n’était pas au courant», explique la conseillère.

N’ayant aucun actif et peu de ressources financières, il était manifestement impossible pour elle de rembourser 48 000 $. Dans son cas, la meilleure solution était la faillite. 

«Une fois sous la protection de la loi, les appels et les coups de téléphone des créanciers ont cessé. Au bout de neuf mois, elle a pu être libérée des dettes accumulées par son conjoint, moyennant un paiement mensuel raisonnable qui tenait compte de ses revenus limités», indique Valérie Beauchamp.

Cette dernière rappelle que l’on ne devrait jamais signer de documents sans en comprendre la signification. «Il ne faut pas faire confiance aveuglément, et ce, même s’il s’agit d’un membre de la famille ou du conjoint», recommande-t-elle, ajoutant qu’il ne faut pas non plus divulguer d’informations personnelles sensibles comme son numéro d’assurance sociale.

SA SITUATION FINANCIÈRE

Actifs :

  • Aucun

Dettes de consommation :

  • Cartes de crédit : 35 000 $
  • Prêts rapides : 3000 $
  • Facture téléphonique : 10 000 $

TOTAL DES DETTES : 48 000 $

Revenus mensuels :

  • Aide sociale : 848 $
  • Allocations familiales : 1551 $

TOTAL DES REVENUS : 2399 $

Dépenses mensuelles :

  • 2425 $ (incluant loyer, téléphone, électricité, épicerie, transport, vêtements et médicaments, etc.)

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