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L'article provient de Le Journal de Québec

Vers une privatisation tranquille d’Hydro-Québec?

Québec veut déposer un projet de loi pour légaliser la vente d’électricité d’une entreprise privée à une autre

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Photo portrait de David Descôteaux

David Descôteaux

2024-01-19T13:33:39Z
2024-01-19T16:06:54Z
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Face à un manque d’électricité à venir, Québec ouvre la porte au privé pour fournir de l’électricité. Le monopole d’Hydro-Québec est directement menacé.

• À lire aussi: Les réserves se font rares: Hydro-Québec n’a plus de marge de manœuvre

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Québec déposera un projet de loi, le mois prochain, qui légalisera la vente directe d’électricité d’une entreprise privée à une autre, selon Radio-Canada.

Le ministre Fitzgibbon voudrait modifier la Loi sur la Régie de l’énergie, notamment l’article 60, afin de permettre à une entreprise non seulement de produire de l’électricité pour elle-même, ce qui est déjà légal, mais de la distribuer et d’en revendre à des clients.

Hydro-Québec craint d’être à court d’électricité pour l’hiver. Elle vient d’ailleurs de conclure une entente cette semaine avec Produits forestiers Résolu pour s’approvisionner en période de pointe hivernale.

Avec «l’option interruptible», les clients industriels d’Hydro-Québec peuvent, sur une base volontaire, interrompre ou diminuer leur consommation d’électricité dans les périodes de grand froid et de pointe pour réinjecter de la puissance sur le réseau d’Hydro-Québec, afin d’éviter des ruptures de courant. 

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  • Écoutez la chronique économie et entrepreneuriat avec Philippe-Richard Bertrand via QUB :

Peu de marge de manœuvre

Rappelons qu’un rapport de la North American Electric Reliability Corporation (NERC), un organisme dont le but est d’assurer la fiabilité et la sécurité des réseaux en Amérique du Nord, affirme que les réserves d’Hydro-Québec se font de plus en plus rares, et pourraient s’avérer insuffisantes en cas de conditions extrêmes, comme une période prolongée de froid intense.

Dans un scénario de conditions extrêmes, ceci obligerait la société d’État à faire du délestage et à couper l’électricité à des clients. 

En novembre dernier, le premier ministre François Legault avait assuré qu’Hydro-Québec resterait un joyau qui appartient à tous les Québécois, même si des entreprises construisent et produisent «leur propre électricité.»

«Il y a tellement de travail, tellement de développement à faire dans l’éolien, les barrages par Hydro-Québec, que s’il y a des entreprises qui veulent nous aider en construisant leur propre électricité, en construisant des infrastructures qui vont leur permettre d’avoir de l’énergie propre, bien ça existe», avait-il dit. 

Le privé peut contribuer

Permettre la vente d’électricité entre entreprises aiderait le Québec à faire face au manque d’électricité pour les projets de développement, estime un chercheur de l’Institut économique de Montréal.

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« Hydro-Québec n’a pas l’électricité nécessaire pour répondre à la demande créée par le développement du Québec », explique Gabriel Giguère, analyste en politiques publiques à l’IEDM. « En permettant aux producteurs indépendants de vendre directement aux entreprises, on évite que le manque d’électricité ne vienne stopper le développement de la province », dit-il.

  • Écoutez le segment économique d'Yves Daoust via QUB :

Hydro-Québec réagit

En tant qu'institution publique, Hydro-Québec devra travailler avec le gouvernement et les entrepreneurs pour que les projets d'autoproduction, si le gouvernement décide de changer la loi sur ce type de contrat, soient analysés adéquatement et qu'ils se réalisent de la bonne manière, dit Philippe Archambault, d'Hydro-Québec.

« L’autoproduction peut jouer un rôle. Toutefois, les chaînes d’approvisionnement et la main-d’œuvre étant limitée, les ressources utilisées pour les projets privés (par exemple, une turbine ou la main-d’œuvre en construction) ne sont alors plus disponibles pour les projets publics. Une très grande collaboration est donc requise. Il faut faire les choses avec prudence et assurer un bon encadrement.», dit-il. 

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