Vers une pénurie de candidats aux élections municipales? Pas nécessairement

Vincent Desbiens
S’ils s’attendent à ce qu’il soit «difficile» de pourvoir les 8062 postes que compte l’appareil démocratique municipal québécois, des acteurs du milieu estiment qu’on ne se dirige pas pour autant vers une pénurie de candidats aux élections de 2025.
«C’est dur de dire si on va manquer de candidats, mais chose certaine, on s’est donné plusieurs outils pour éviter une pénurie. On a lancé des campagnes pour informer la population sur le rôle des élus et pour valoriser davantage la profession avec de belles histoires. Il faut montrer aux gens qu’il y a beaucoup de positif à s’impliquer», fait valoir le président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Jacques Demers.
La vice-présidente de l’Union des municipalités du Québec et présidente du comité démocratie, Julie Bourdon, s’attend à ce que l’intérêt «varie par région», mais ne s’inquiète pas outre mesure.

«Il va toujours y avoir des gens intéressés à s’impliquer chez eux. Ce qu’on souhaite, c’est de trouver des gens conscients de ce qui les attend et qui sont prêts à s’investir. Et ça, ça passe par une meilleure éducation des citoyens», soutient-elle.
Même son de cloche pour la professeure titulaire en communication sociale à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) Mireille Lalancette qui estime que l’échelon de gouvernance municipal aura toujours un attrait particulier puisque «c’est le moyen le plus concret pour faire changer les choses au quotidien».
Les bonnes personnes
La chercheuse principale du Groupe de recherche en communication politique a toutefois tenu à tempérer les choses: il ne sera pas plus difficile de trouver des candidats, mais peut-être plus de «trouver les bonnes personnes pour représenter la population».

«C’est de plus en plus difficile de convaincre les personnes qui ont déjà des compétences de gestionnaires, affirme M. Demers. [...] Le risque, c’est que des gens qui se présentent contre un projet précis soient élus. De mon expérience, c’est très compliqué de faire des choses constructives quand tu te présentes pour bloquer un chantier.
«Le contexte de tensions actuel n’aide pas non plus. Est-ce que, si je suis une mère qui travaille à temps plein, ça me tente de consacrer plusieurs heures par semaine à ce rôle-là, sachant ce à quoi je m’expose? Ça pourrait avoir un effet dissuasif», explique Mme Lalancette.
Elle souligne que les personnes qui s’impliquent au conseil municipal sont souvent «indépendante de fortune» ou à la retraite, et ont donc plus de temps à consacrer à ces fonctions.
«C’est très important d’avoir une variété de points de vue autour de la table du conseil pour assurer une saine gouvernance, poursuit Julie Bourdon. Il faut surtout attirer plus de femmes et de jeunes. C’est là-dessus qu’on doit continuer de travailler.»
Critères élargis
Pour éviter les élections par acclamation en raison d’un éventuel manque de candidatures, le ministère des Affaires municipales du Québec a décidé d’élargir les critères d’admissibilité pour se porter candidat dans une municipalité.
La Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités a donc été modifiée par le gouvernement Legault en 2024.

À partir du scrutin de 2025, un candidat ne doit plus démontrer qu’il résidait dans la municipalité où il souhaite se présenter au moins 12 mois avant le 1er septembre de l’année électorale.
Désormais, le fait «d’habiter», de manière continue ou non, dans la municipalité au moment de présenter sa candidature suffit.