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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Vers un troisième lien acceptable?

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Photo portrait de Karine Gagnon

Karine Gagnon

2023-04-05T04:00:00Z
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Avec cette nouvelle mouture d’un troisième lien en deux parties, dont une serait consacrée au transport collectif, le gouvernement caquiste vient probablement de trouver la voie de passage pour rendre le projet acceptable.

En scindant ainsi le projet en deux, le gouvernement Legault vient respecter sa promesse phare de réaliser un troisième lien entre Québec et Lévis, tout en répondant aux demandes des maires de Québec et de Lévis. 

Bruno Marchand veut plus de transport collectif, et le projet permettrait d’y connecter le tramway. Gilles Lehouillier souhaite le maintien d’une portion autoroutière, qui ferait toujours partie du projet.

En même temps, le gouvernement se donne la latitude pour réaliser le tout par étapes. Il pourrait réaliser d’abord la partie qui a le plus de sens, celle du tunnel pour le transport collectif.

Cette partie aurait toutes les chances – et c’est incontournable – de se qualifier pour le financement du fédéral. Ce dernier a déjà signifié son refus de participer à un projet autoroutier.

Tendance mondiale

Cela étant dit, la partie n’est pas gagnée pour autant en ce qui concerne la partie réservée aux automobiles. J’ai déjà mentionné la difficulté d’obtenir le financement du fédéral. 

Puis, il est toujours aussi impensable de faire sortir des voitures au centre-ville de Québec, d’autant plus avec les problèmes de qualité de l’air.

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Cette partie pour les voitures contrevient aussi à la tendance mondiale. Je reviens de couvrir la mission de la Ville de Québec au Danemark, en Suède et en Finlande, pays à l’avant-garde pour la mobilité durable.

Les voitures n’y font plus partie des tunnels et ponts, et on songe à retirer les voies automobiles de certaines infrastructures, comme dans le tunnel entre Malmö et Copenhague. 

Les déplacements y sont calculés selon le nombre de personnes, tous modes confondus, alors qu’ici, on pense encore en fonction des automobilistes. 

Consensus scientifique

Chez nous, les experts ont répété mille fois plutôt qu’une qu’un troisième lien routier ne réglera pas les problèmes de congestion routière.

Le principe scientifique est simple : l’augmentation de la capacité routière ne permet pas de diminuer la congestion. Il y contribue, par l’augmentation de l’offre. 

Il vaut donc mieux privilégier une diversification de l’offre de transport, par le volet collectif notamment. C’est l’option qu’ont proposée, en 2021, les chercheurs Jean Mercier, Jean Dubé et Emiliano Scanu, de l’Université Laval.

« Si le but réel de la nouvelle infrastructure de transport est de contribuer à désengorger les routes, il semble que l’option du lien souterrain par transport en commun s’avère une option intéressante », ont-ils écrit dans l’ouvrage Comment survivre aux controverses sur le transport à Québec ?

Toujours pas d’étude

Néanmoins, il reste toujours un éléphant dans la pièce. Aucune étude n’a été présentée, et on ne sait pas si le projet est faisable sur le plan technique et de l’ingénierie. Quant aux coûts, ils sont inconnus. 

Après de multiples revirements sur la nature du projet, il se dégage une impression d’improvisation très marquée.

Le gouvernement du Québec devra se montrer plus sérieux que lors des précédentes présentations du projet, très peu étoffées et appuyées par des données scientifiques.

Après plusieurs reports, on les attend d’ici l’été. 

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