«Vers l’infini et plus loin encore» pour les entreprises spatiales canadiennes
David Descôteaux | Journal de Montréal
Le Canada permettra enfin le lancement de satellites et de technologies spatiales en sol canadien par des entreprises privées. Il était déjà possible d’en lancer notamment aux États-Unis et en Europe.
À l’instar de Buzz Lightyear, robot-jouet de l'espace dans le film d'animation «Histoire de jouets», des entreprises canadiennes peuvent désormais «voir loin, très loin!» et concurrencer les entreprises étrangères qui profitent d’une réglementation plus clémente.
Ottawa a annoncé vendredi à l’Agence spatiale canadienne qu’il allait moderniser son cadre réglementaire pour permettre le lancement d’engins spatiaux à des fins commerciales sur le territoire canadien.

«Le Canada peut potentiellement tirer son épingle du jeu. La demande au Canada pourrait venir des entreprises privées qui veulent lancer des satellites, des pays où il n’y a aucune entreprise qui fait des lancements, ou encore que le pays n’autorise pas, et de notre propre gouvernement canadien. Ça peut être des satellites militaires, du gouvernement civil, commerciaux et académiques qui pourront être lancés ici», dit Miguel Ouellette, économiste chez Euroconsult.
«On parle d’un marché mondial de satellites de 400 milliards US au courant des 10 prochaines années et de 24 500 satellites à être lancés durant cette période. Plus de cinq fois ce qu’on a lancé durant la dernière décennie. C’est beaucoup, c’est 2500 satellites à lancer par année pendant 10 ans!» ajoute-t-il.
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Concurrencer Elon Musk
Les technologies spatiales placées en orbite terrestre sont en forte demande dans la plupart des secteurs, y compris les secteurs des transports, des services et des télécommunications. Les promoteurs canadiens et internationaux ont démontré leur intérêt à mener des activités de lancement d'engins spatiaux à des fins commerciales, à partir du Canada.
«Présentement, des entreprises de télécommunications, comme Bell, utilisent des satellites d’entreprises canadiennes, comme Telesat, mais ces satellites sont lancés aux États-Unis ou ailleurs. C’est donc une opportunité de promouvoir les lancements en sol canadien», croit Miguel Ouellette.

La demande est forte pour lancer en orbite diverses technologies spatiales, devenues essentielles dans de multiples secteurs économiques. Ottawa souhaite répondre à ces besoins tout en encadrant l’activité et en s’assurant qu’elle soit sécuritaire et écoresponsable.
«Il ne faut pas oublier que le Canada va se heurter à des concurrents de taille. Pensons aux États-Unis et notamment à Space X, propriété d’Elon Musk. On vient tout juste de moderniser notre cadre réglementaire au Canada, alors que nos voisins du Sud raflent la demande depuis des années! Il faudra définitivement travailler fort dans les coins, et les entreprises privées devront se montrer innovatrices», soutient Miguel Ouellette.

L’annonce d’aujourd'hui a été faite par le ministre des Transports, Omar Alghabra. Il était accompagné de la secrétaire parlementaire du ministre des Transports, Annie Koutrakis, du député de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount, Marc Garneau, et de la présidente de l'Agence spatiale canadienne, Lisa Campbell.