Vente d’alcool jusqu’à 23h dans les dépanneurs: la Santé publique sonne l’alerte rouge à la SAQ

Julien McEvoy
Les six épiceries et dépanneurs qui vendent déjà des spiritueux, vins et champagnes de la SAQ jusqu’à 23h sont une menace à la santé des Québécois, avertit la Direction régionale de santé publique de Montréal.
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«Les données probantes disponibles montrent que [ça] augmente les impacts à la santé liés à l’alcool», avertit Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique de Montréal, dans une lettre du 27 juin destinée au député Alexandre Leduc.
Concrètement, plus il y a de points de vente d’alcool dans un quartier et plus les heures d’ouverture sont étendues, plus les risques de décès, de violence et de blessures liés à l’alcool augmentent.
Le projet-pilote de miniagences pourrait s’étendre à une centaine de commerces d’ici un an, indique la SAQ.
Depuis un mois, le Marché Oda d’Outremont, l’IGA Duke du centre-ville, un Dépanneur Voisin de Montréal-Nord, l’Adonis de Laval, le Maxi Côte-des-Neiges et un Couche-Tard de Longueuil proposent une trentaine de produits de la SAQ, incluant des spiritueux.

Pas de vérif
Une nouveauté qui crée des «enjeux quant à la vérification de l’âge minimal requis», selon la Santé publique.
C’est le député d’Hochelaga-Maisonneuve Alexandre Leduc qui a interpellé la DRSP de Montréal en mai. Le solidaire dénonçait «l’absence de personnel qualifié sur place».
En entrevue avec Le Journal, le député a ajouté que «c'est non-négociable: la SAQ doit être exemplaire en matière de santé publique». Il revient au gouvernement caquiste, selon lui, de donner des directives à la société d'État, «pas l'inverse».
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Autre nouveauté, les livraisons de la SAQ par les plateformes à la Uber Eats soulèvent aussi des doutes. «Ces plateformes peuvent créer des enjeux quant au manque de formation des livreurs», prévient Mme Drouin, citant des études montrant que «cette méthode de distribution augmente la consommation problématique».
La SAQ riposte

La SAQ justifie ces miniagences par son besoin de «diversifier les partenariats» dans des «secteurs moins bien desservis».
«Chaque acteur a un rôle distinct et complémentaire», a expliqué au Journal une porte-parole de la société d’État au sujet de la Santé publique.
La Direction de santé publique souligne que «les territoires montréalais socio-économiquement défavorisés ont déjà une densité plus élevée de points de vente d’alcool».
Le projet-pilote risque «d’accentuer les inégalités sociales de santé», prévient-elle.
«Chaque détaillant participant s’engage à respecter des protocoles stricts, incluant les horaires de vente prescrits», assure la SAQ, qui mise sur ce projet pour «protéger [son] dividende et remplir [sa] mission».