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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Vent de droite «trumpien» sur l’Amérique latine

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Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2025-12-18T05:00:00Z
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Le Chili a élu dimanche dernier José Antonio Kast, son président le plus à droite depuis la dictature d’Augusto Pinochet en 1990. Le candidat d’extrême droite a recueilli 58% des suffrages, contre 42% pour la représentante de la vaste coalition de gauche. Ses partisans ont accueilli sa victoire en scandant le nom de Pinochet dont le président élu a fait l’éloge dans le passé et en brandissant son portrait.

C’était la première présidentielle depuis la réforme électorale chilienne qui rendait le vote obligatoire. La participation électorale au premier tour connut une hausse considérable, atteignant 85% contre 47% en 2021. Manifestement, ceux qui s’abstenaient de voter étaient surtout d’extrême droite.

Il y a cinquante ans, la CIA est intervenue au Chili pour destituer le président de gauche Salvador Allende et a contribué à l’instauration de la dictature du général Pinochet.

Durant les dix-sept années de son règne, plus de 3000 personnes considérées comme des opposants ont disparu ou ont été tuées, et quelque 38 000 ont été emprisonnées, la plupart victimes de torture. La répression sanglante a entraîné l’exil de plusieurs centaines de milliers de Chiliens. Des milliers d’entre eux se sont établis au Québec.

Trump pistonne la droite

Un fort vent de droite souffle actuellement sur l’Amérique latine. Les Argentins, du pays à côté du Chili, ont élu Javier Milei, l’«homme à la tronçonneuse» protégé de Trump.

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Lorsque leurs intérêts sont en jeu, les États-Unis font comme la Russie et la Chine: ils agissent unilatéralement en ignorant les règles du droit international. C’est ce que Trump fait actuellement au Venezuela où il s’active à provoquer le renversement de Nicolas Maduro, dictateur proche de Moscou. Il a même donné publiquement instruction à la CIA d’intervenir au Venezuela.

Lorsqu’il s’agit de pays dans leur sphère d’influence en Amérique, c’est la doctrine Monroe qui s’applique. Articulée par le président James Monroe en 1823, elle avertit les puissances européennes qu’elles doivent s’abstenir d’intervenir dans l’hémisphère occidental considéré comme un «protectorat» américain, la chasse gardée des États-Unis.

Trump réactive cette doctrine affirmant l’hégémonie des États-Unis du Groenland à la Terre de Feu.

Au cours du XXe siècle, les États-Unis ont orchestré des «changements de régime» au moins 41 fois en Amérique. Dans 17 cas, par une intervention directe des Marines ou d’agents du gouvernement américain. Dans 24 autres cas, des acteurs locaux ont joué les rôles principaux soutenus en sous-main par Washington (CIA).

Deux exemples parmi d’autres

Au Guatemala, en 1954, la CIA a organisé la chute du président démocratiquement élu Jacobo Arbenz lorsque sa réforme agraire a menacé les intérêts de la United Fruit Company. L’affaire a valu au Guatemala le titre de première république de bananes de l’Histoire.

Les Marines américains ont occupé Haïti pendant 19 ans, de juillet 1915 à août 1934. La National City Bank de New York (aujourd’hui Citibank) a convaincu le président Woodrow Wilson de prendre le contrôle du pays pour des raisons financières.

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