Vedette des séries «Le dernier des monstres» et «Antigang»: «J’ai l’impression que plus je travaille, plus ça me nourrit, plus j’ai du fun et plus je suis bon» - Irdens Exantus


Guillaume Picard
Il y a 10 ans cette année, le talentueux Irdens Exantus brillait dans son premier projet professionnel, et pas n’importe lequel, le film Guibord s’en va-t-en guerre, de Philippe Falardeau.
Depuis, le comédien de 30 ans s’est fait un nom grâce à des rôles costauds dans des fictions comme Fragments et Les Armes.
Et puisqu’il est sur une lancée, on le verra dès la semaine prochaine dans la nouvelle série d’illico+, Le dernier des monstres, aux côtés d’Ariane Castellanos, Benoit Drouin-Germain et Luc Picard.

Il y campe le policier Joseph Lucien, un homme «hyper allumé, intelligent et un brin rebelle face à l’autorité», a décrit le comédien. Lucien patrouille dans Hochelaga, le quartier de l'est de Montréal où il a grandi, ce qui lui donne une longueur d’avance sur d’autres collègues.
Et preuve que les choses se déroulent rondement pour Irdens, il vient de décrocher l’un des rôles principaux de la nouvelle quotidienne de Radio-Canada, Antigang, qui remplacera STAT dès septembre contre Indéfendable, du côté de TVA.
Encore une fois, il campera un policier, le sergent-détective Philippe Parizeau, qui bosse dans une escouade mixte chargée de freiner les ardeurs du grand banditisme.

«Philippe a travaillé pour la Sécurité nationale et a été promu assez jeune, à 26 ans. J’ai reçu les premiers textes et je dois les lire! Mais je peux ajouter que c’est un gars doué en technologies et qui ne craint pas de se battre pour ses idées.»
Son ami, Anglesh Major, qui joue dans STAT, lui a parlé de l’engagement d’une quotidienne. «C’est très sportif, mais ce n’est pas aussi pire que l’on peut penser», a dit celui qui aime de toute manière travailler fort.
«J’ai l’impression que plus je travaille, plus ça me nourrit, plus j’ai du fun et plus je suis bon.»

Après ses débuts, qui se sont déroulés comme un concours de circonstances – il a pris part à un casting sauvage alors qu’on cherchait l’interprète de Souverain pour donner la réplique à Patrick Huard et Suzanne Clément dans Guibord s’en va-t’en guerre –, il a finalement pris la décision d’aller à l’École nationale de théâtre du Canada, où il a obtenu son diplôme en 2021.
«J’ai dû combattre le syndrome de l’imposteur, au départ, parce que je suis rentré dans le milieu par la porte de derrière et du jour au lendemain. C’est une carrière amorcée un peu à l’envers. J’ai fait un film, j’ai gagné un prix, ensuite j’ai travaillé, puis je suis allé à l’école de théâtre et j’ai recommencé à travailler. C’est un peu atypique», a relaté Irdens, qui a voulu aller à l’école de théâtre «pour éventuellement faire du théâtre».
Son amour du jeu remonte au secondaire alors qu’il avait passé des auditions pour un projet de la productrice Anne Boyer, de Duo Productions, qui ne s’est pas concrétisé.

«Même si j’ai quand même eu la piqure pour le jeu à cette époque-là, je ne me voyais pas en faire un métier. Si je retourne plus loin, c’est à l’église haïtienne protestante, à partir de 7 ans, que j’ai découvert l’art en général, le jeu, la musique. L’église a fait de moi un artiste. Puis c’est au cégep que je me suis dit: okay, je veux faire du jeu. Je m'étais inscrit en communication pour avoir un travail plus steady. Je me rappelle que je ne parlais même pas de mon amour du jeu à mes amis, même pas à ma famille, parce que je craignais trop que leur avis fragilise mon envie de devenir comédien.»
Le talent de Irdens s’exprime jusque dans la musique, lui qui chante et joue du piano et du saxophone. Il lancera prochainement une chanson à titre d’auteur-compositeur-interprète, laquelle pourrait se retrouver bientôt sur un album mariant R&B, hip-hop et rap. «C’est le meilleur des mondes, car tu fais de la musique et tu es sur scène!» a dit le trentenaire, dont le jeune frère, Stanley, suit aussi ses pas comme comédien.
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Cinq productions marquantes pour Irdens Exantus
Guibord s’en va-t-en guerre (2015)

«Commencer ma carrière avec Philippe Falardeau, qui m’a pris sous son aile et protégé sur le plateau, que demander de mieux. Ma coach de jeu, Félixe Ross, qui m’a accueilli comme une petite maman. Patrick Huard et Suzanne Clément, qui étaient des partenaires de jeu extraordinaires. Ils sont lumineux, de très belles personnes qui sont capables de concilier travail et rigueur, tout en ayant du fun sur le plateau. Ça, c’est quelque chose qui est rendu primordial pour moi: il faut qu’on ait du fun quand on tourne! C’est d’ailleurs ma plus grande expérience de tournage, à cause de l’équipe, des acteurs, de l’énergie, de l’histoire, tout était tellement parfait, bien imbriqué.»
Pa t’mentir (2022-2023)

«Dans ce projet, on explore les réalités des personnes racisées qui ont grandi au Québec. On essaie de construire des ponts entre les cultures. C’est fait de manière lumineuse, sans être moralisateur ou accusateur. On a abordé une foule de thèmes qui nous ont permis de nous réconcilier un peu avec des blessures qu’on a pu avoir. Et j’ai animé avec ma meilleure amie, Schelby Jean-Baptiste, avec qui j’ai un lien fort.»
Fragments (2022)

«L’histoire de mon personnage m’a profondément marqué et touché. Il y avait de quoi de réparateur d’avoir ce monologue là à défendre dans lequel tu dis à ton père que tu l’aimes, puis tu es conscient qu’il ne t’aime pas. La force de Serge Boucher c’est de faire en sorte que chaque personnage a son point culminant. Et le réalisateur, Claude Desrosiers, est très proche des acteurs.
Les Armes (2024)

«Tu ne sais pas à quel point des rôles vont marquer l’imaginaire. Pour moi, il y a eu un avant et un après Les Armes. Ça a été hyper marquant comme projet pour moi, c’est un personnage riche, complexe. D’avoir la liberté aussi d’apporter ma sensibilité, de jouer avec Eve Landry et François Papineau, d’avoir le plaisir de retrouver Jean-Philippe Duval qui m’avait dirigé dans Toute la vie. Je me suis fait des amis aussi, comme Jérémie Jacob et Fred Millaire Zouvi, avec qui je vais prendre des verres parfois.»
Dix quatre (2023)

C’était ma première expérience sur scène après l’École nationale de théâtre, c’est un texte qui parle de notre société par rapport à la place de la diversité et la brutalité policière. C’est l’histoire de quatre scénaristes qui écrivent une série policière et mon personnage était victime de brutalité policière.