Le club vidéo de Val-David qui résiste aux Netflix de ce monde


Daniel Deslauriers
Un club vidéo de Val-David, dans les Laurentides, continue contre vents et marées de tenir le fort face à tous les Netflix de ce monde en proposant, jour après jour, des films de qualité et souvent introuvables.
«La Cinémathèque Méliès est maintenant le seul club vidéo entre Saint-Jérôme et Mont-Tremblant, assure fièrement sa propriétaire, Nicole Vézina. Bien sûr, il y a bien quelques dépanneurs qui tiennent un rayon ou deux dans leur entreprise. Il y a aussi des bibliothèques municipales qui proposent certaines collections de DVD et de Blu-ray, mais rien de comparable à ce que nous offrons.»
Méliès, c’est plus de 20 000 titres, du cinéma muet aux dernières nouveautés, offerts dans une trentaine de langues. «C’est une véritable anthologie du cinéma», nous a dit Mme Vézina que nous avons rencontrée dans son commerce. C’est elle qui avait repris les rênes du Vidéo du Carrefour, en 2013, pour rebaptiser l’entreprise en hommage à Georges Méliès, ce réalisateur de films français qui a été le premier à inclure des trucages dans ses films.
Semblable aux irréductibles Gaulois, l’institution val-davidoise refuse de mourir. Ils ne sont plus nombreux au Québec les clubs vidéo, la plupart ayant fermé leurs portes avec l’arrivée des nouvelles technologies et le changement des habitudes des consommateurs. On se rappelle en 2016 de la tragique disparition de La Boîte noire, ce trésor cinématographique du Plateau-Mont-Royal, à Montréal, avec ses 39 000 titres. On se rappelle aussi de la présence marquée dans le paysage des clubs de location de Blockbuster et de Vidéotron. «Vidéotron a encore deux magasins qui offrent toujours la location Blu-ray ou DVD. Dans la moitié des années 2000, nous avions 200 magasins Vidéotron le Superclub et Microplay en opération au Québec», a souligné l’équipe des relations médias de l’entreprise.

Implication soutenue
La Cinémathèque Méliès doit son impressionnant succès, bien sûr à sa propriétaire, mais aussi à ses fidèles clients. En tout, plus de 10 615 membres sont inscrits dans les registres de l’entreprise. «Ce sont tous des passionnés, de véritables amoureux du cinéma, qui repartent souvent avec six ou sept films pour la semaine, a mentionné Mme Vézina. Parmi eux, des familles, bien sûr, mais aussi des préretraités et des retraités. Pour les familles, c’est une véritable sortie. Pour bien des parents, c’est un retour aux sources, cette époque où l’on faisait le plein de bonbons en allant chercher un film. C’était la fête.»
Elle dit que les clients viennent d’un peu partout, de Mascouche et de Laval notamment, pour trouver la perle rare qu’ils ne trouvent nulle part ailleurs.
«Certains nous ont aidés à déménager et à peinturer dans nos nouveaux locaux, nous a-t-elle confié. D’autres s’occupent de tenir à jour notre site web et même de faire nos impôts, tout cela gratuitement. C’est sans compter tous les dons que nous recevons.»
Mais, boucler le budget n’est pas chose simple. Certains mois et certaines années sont plus difficiles. «On fait ce qu’on peut avec ce que l’on a, a affirmé Mme Vézina. Il faut avoir la foi et être capable de faire un peu de gymnastique avec les chiffres. Une chose est sûre: je ne lâcherai pas le morceau. Il n’y aura pas de fermeture, c’est certain. Il faut simplement préparer la relève et cette relève passe par des gens passionnés, de tous les coins de la région et d’ailleurs, sur lesquels nous pouvons compter chaque semaine.»
Avec un brin de nostalgie, un habitué de ce club vidéo à qui nous avons parlé soutient que, pour lui, «le cinéma, c’est encore le meilleur médicament». «Tu rentres dans le film et tu oublies tous tes problèmes. C’est comme un événement de venir ici. Ça me rappelle mon enfance», a confié l’homme qui a dit préférer que son nom ne soit pas publié.