Vague de chaleur: la pause «eau» en péril pour les travailleurs du Texas

Agence France-Presse
L'État du Texas s'apprête à adopter une loi qui remettrait en question le droit des ouvriers du bâtiment de villes comme Dallas ou Austin, en première ligne face à la chaleur, à faire une pause pour s'hydrater toutes les quatre heures.
La loi a été signée à la mi-juin par le républicain Greg Abbott, gouverneur de cet État du sud-ouest des États-Unis, alors que la température atteignait 40°C par endroits. La vague de chaleur qui a frappé le sud du pays a d'ailleurs fait 13 morts.
Les auteurs de ce texte devant entrer en vigueur en septembre avancent des arguments de droit: cette loi, qui n'évoque pas directement la «pause eau», ne ferait que rendre à l'État sa compétence, alors que plusieurs villes avaient adopté leurs propres normes sur ce sujet, différentes de celles de l'État, ce qui aurait créé de la confusion pour les entreprises.
Mais selon ses détracteurs, elle laisserait sans effets les dispositions imposant le «water break», la «pause eau» des ouvriers du bâtiment, qui permet à ces derniers de faire une halte à l'ombre de dix minutes toutes les quatre heures pour s'hydrater.
Cette loi «interdit aux villes et aux comtés d'adopter ou de faire respecter des protections basiques (...) alors que nous vivons des températures extrêmes et que des travailleurs du Texas sont morts de pathologies liées à la chaleur», s'est insurgée Ana Gonzalez, représentante au Texas de la confédération de syndicats AFL-CIO.
«Elle est inhumaine et dangereuse pour les travailleurs», a-t-elle déclaré à l'AFP.
Le Texas est l'État américain avec le plus grand nombre de victimes de la chaleur parmi les ouvriers du bâtiment: 42 entre 2011 et 2021, a-t-elle rappelé en citant des chiffres officiels.
Cette «pause hydratation» est en place à Austin, la capitale, depuis 2010, et depuis 2015 à Dallas, deux villes dirigées par des maires démocrates. San Antonio s'apprêtait à l'adopter, mais cette nouvelle loi l'en empêche, selon Ana Gonzalez.
La ville de Houston, dirigée par un démocrate, a d'ores et déjà contesté la validité de la loi devant la justice.
Si elle est adoptée, les employeurs pourraient encore instaurer volontairement ces pauses, mais rien ne les y obligerait.