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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Vacances à crédit? Une très mauvaise idée

La plage de North Miami Beach, en Floride.
La plage de North Miami Beach, en Floride. Photo d'archives, MARIE POUPART
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Photo portrait de Francis Gosselin

Francis Gosselin

2025-06-19T04:00:00Z
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Chaque été, 66% des Québécois prennent des vacances. Si plus de la moitié décide de rester au Québec pour profiter des attraits de la province, un tiers part à l’étranger.

Parmi ceux-ci, une famille sur cinq prend ses vacances à crédit. On part pour relaxer, et on revient avec une nouvelle charge de stress.

C’est le paradoxe du break stressant.

À long terme, ça ne sert à rien.

La facilité avec laquelle le crédit s’impose dans nos vies et dans nos vacances nous appauvrit, surtout lorsqu’il touche à des achats impulsifs comme lors d’un voyage.

Le Canada est d’ailleurs le pays où les ménages sont le plus endettés du G7. Le total de nos dettes s’élève, en moyenne, à près de 175% de notre salaire. Cela inclut la maison et la voiture, mais aussi beaucoup de mauvaises dettes, comme les cartes de crédit, les marges et les prêts personnels.

Parmi les endettés, 46% des détenteurs de cartes de crédit reportent un solde au moins deux mois consécutifs. Ce solde médian impayé est de 1150$.

Pour ces gens, les vacances deviennent des souvenirs à intérêt composé. Soudainement la margarita à Cancun payée à crédit finit par coûter 28$.

Les photos de voyage jaunissent; la dette, elle, s’accumule.

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Bien sûr, se dit-on, on a travaillé fort. On associe souvent les vacances au mérite. Mais la tranquillité d’esprit, les autres 50 semaines de l’année, ça se mérite aussi. Se récompenser avec de l’endettement, c’est comme célébrer sa perte de poids avec une douzaine de beignes.

C’est un peu absurde.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Sauter une année?

Prendre ses vacances à crédit, c’est refuser d’accepter les vraies priorités. Ça finit par nous coûter plus cher. Et donc, dans l’absolu, ça veut dire moins de vacances, à long terme.

Depuis quelques années, par exemple, Air Canada et Air Transat nous offrent la possibilité d’étaler le paiement de nos vacances sur plusieurs mois par l’entremise de l’entreprise torontoise Flex Pay. Le taux d’intérêt annuel peut friser les 32%!

Au Canada, le taux moyen des cartes de crédit est souvent supérieur à 20%. Ainsi, des vacances de 3000$ payées sur 12 mois auront coûté près de 500$ en frais d’intérêt.

Ce supplément est un long weekend de plus que vous ne ferez pas. C’est 10 bons repas au restaurant. C’est plusieurs sorties familiales au zoo, au musée, au cinéma, aux glissades d’eau.

Quand on ne peut pas se payer un luxe optionnel comme des vacances sans avoir recours au crédit, c’est peut-être qu’on devrait reporter à plus tard. Prendre une petite année au bord de la piscine.

On voyagera l’an prochain.

Le vrai luxe, c’est d’arriver en septembre, avec la rentrée scolaire, le rush du travail et les pneus d’hiver à changer, sans avoir accumulé des milliers de dollars de dettes.

Montrer l’exemple

On a tous un ami plus riche, qui prend de plus belles vacances, plus loin, dans de plus beaux hôtels. Or, les vacances, ça devrait être pensé en fonction de chaque famille.

Et pour les enfants, la frugalité estivale, c’est une belle leçon de vie aussi.

Je sais que vous le savez.

Et pourtant, cet été encore, des dizaines de milliers de vacanciers vont rentrer à la maison avec moins de capacité d’épargne, moins de coussins, plus de stress et plus de fragilité.

Des vacances reposantes, c’est bien.

Mais des vacances payées d’avance, c’est encore mieux.

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